Gravir l'Everest, pourquoi pas vous ?

Avant de se lancer dans l'ascension du plus haut sommet du monde, de nombreuses informations sont à prendre en compte. Voici les principaux points à connaître, des différentes voies jusqu'au sommet aux tarifs des expéditions commerciales.

De Freddie Wilkinson
Publication 22 mai 2024, 10:23 CEST
everest book talk

Des alpinistes approchent du sommet de l'Everest où le vent soulève un nuage de neige, signe de conditions dangereuses.

PHOTOGRAPHIE DE Stefen Chow, Aurora

Depuis les premiers pas de l'Homme sur le plus haut sommet du monde en 1953, l'ascension de l'Everest a radicalement changé. De nos jours, l'exploit est accompli chaque année par plusieurs centaines d'alpinistes qui peuvent compter sur l'amélioration des connaissances et de la technologie, mais aussi sur les infrastructures au service des expéditions commerciales qui offrent une véritable autoroute vers le sommet à tout aventurier prêt à accepter les risques insensés et les tarifs exorbitants.

 

OÙ SE SITUE L'EVEREST ET QUEL ÂGE A-T-IL ?

Connu sous le nom de Sagarmatha en népalais et de Chomolungma en tibétain, l'Everest est un sommet de la chaîne de l'Himalaya à cheval sur la frontière entre le Népal et le Tibet. Même si l'ascension du toit du monde constitue une entreprise ardue et potentiellement mortelle en raison de l'altitude extrême, des avalanches, des cascades de glace et de nombreux autres dangers, la montagne est relativement proche de l'équateur terrestre, à une latitude de 28 degrés environ, tout comme les îles Canaries.

D'après les scientifiques, l'Everest serait apparu il y a 50 à 60 millions d'années et ne serait donc qu'un enfant sur l'échelle des temps géologiques. C'est la force ascendante générée par la rencontre entre la plaque indienne et la plaque eurasienne qui a donné naissance au plus haut sommet du monde grâce à la remontée des roches du manteau. Cette force est toujours à l'œuvre de nos jours et la croissance de l'Everest se poursuit à raison de quelques millimètres par an.

 

QUELS SONT LES RISQUES ?

À 8 848 mètres, le sommet de l'Everest présente environ un tiers de la pression atmosphérique mesurée au niveau de la mer, ce qui réduit considérablement la capacité des alpinistes à respirer suffisamment d'oxygène. C'est l'une des raisons pour lesquelles il n'existe à notre connaissance aucun établissement humain permanent au-delà des 5 300 m. Par ailleurs, les scientifiques considèrent que le corps humain est incapable de s'acclimater à une altitude supérieure à 8 000 mètres, c'est la zone de la mort.

À mesure que les alpinistes progressent vers le sommet, l'apport en oxygène diminue et les risques pour leur santé se multiplient avec la menace des œdèmes ou des embolies. Les gelures sont également très fréquentes à une telle altitude alors que le cœur doit redoubler d'efforts pour assurer la circulation du sang et l'approvisionnement en oxygène. Les organes vitaux ont la priorité ; les doigts passent en dernier.

La grande majorité des alpinistes utilisent des bouteilles d'oxygène au cours de leur ascension afin de réduire les effets de l'altitude extrême. Néanmoins, cette stratégie présente elle aussi des risques et des inconvénients. Tout d'abord, les bouteilles sont onéreuses, difficiles à transporter et une fois vidées, elles viennent s'ajouter à la montagne de déchets qui jonchent le toit du monde. 

De plus, ce « gaz » permet uniquement d'amener le niveau d'oxygène à celui de l'air du camp de base ; si les réserves arrivent à épuisement lors d'une tentative de sommet, le corps pourrait ne pas s'adapter au manque soudain d'oxygène. Enfin, les respirateurs sont connus pour leur manque cruel de fiabilité, comme a pu le constater Adrian Ballinger en 2018 lorsque les systèmes de respiration de son équipe sont tous tombés en panne le jour du départ pour le sommet.

 

COMBIEN DE VOIES JUSQU'AU SOMMET ?

Au cours de l'histoire, les alpinistes ont ouvert 17 voies différentes pour atteindre le sommet de l'Everest, mais la plupart se concentrent sur deux d'entre elles. Depuis le Népal, la voie normale népalaise ouverte par Tenzing Norgay et Edmund Hilary en 1953 emprunte l'arête sud-est de la montagne. Depuis le Tibet, les alpinistes longent l'arête nord, où George Mallory a disparu en 1924 avant qu'une équipe chinoise ne termine l'ascension par cette voie des années plus tard, en 1960.

Même si, de l'avis des montagnards expérimentés, la difficulté globale de ces deux voies est comparable, elles présentent toutes deux des défis bien différents. Sur l'arête sud-est, les alpinistes doivent affronter le périlleux glacier du Khumbu, mais l'étape du sommet est légèrement plus courte et la descente plus rapide en cas d'urgence. Sur l'arête nord, il est possible de se rendre au camp de base en véhicule tout terrain, mais les alpinistes devront parcourir plusieurs kilomètres au-dessus des 8 000 mètres d'altitude pour atteindre le sommet.

 

L'EVEREST, UNE DESTINATION PRISÉE ?

La popularité de l'Everest a explosé dans les années 1990 lorsque des guides internationaux ont commencé à organiser des expéditions commerciales sur la montagne. Malgré les risques, l'Everest attire chaque année des centaines d'alpinistes venus du monde entier pour se mesurer à ses versants. En 2021, le ministère népalais du Tourisme a délivré 408 autorisations d'ascension de l'Everest, un record historique. 

 

QUI SONT LES GUIDES DE L'EVEREST ?

Pour les entreprises locales et le gouvernement népalais, l'Everest est une très belle affaire. En général, une place dans une expédition commerciale coûte entre 40 000 et 100 000 dollars (38 500 € et 96 000 €) selon le niveau de service et d'expertise de l'organisateur. D'après le ministère du Tourisme, les permis auraient rapporté près de 5,2 millions de dollars au gouvernement népalais en 2018.

Le secteur repose sur les épaules d'un petit groupe de guides professionnels népalais qui œuvre chaque printemps pour installer sur l'itinéraire des cordes fixes et des échelles, déposer sur les différents camps les équipements essentiels comme les tentes, les réchauds, les bouteilles d'oxygène et la nourriture avant d'accompagner patiemment leurs clients étrangers jusqu'au sommet. 

Historiquement, les expéditions recrutaient des Sherpas, un peuple tibétain établi à proximité de la montagne, pour transporter les équipements et les provisions nécessaires à l'ascension. De nos jours différents groupes ethniques mettent leurs compétences au service des expéditions ; ils sont désignés par le titre moins accrocheur de « travailleur de haute altitude ». 

Pour une ascension typique de l'Everest de trois à quatre mois, la plupart gagnent entre 2 500 $ et 5 000 $ (2 400 et 4 800 €). Ces dernières années, grâce aux opportunités offertes par certains organismes, comme le Khumbu Climbing Center, les guides népalais ont commencé à recevoir une formation et une certification fondées sur les normes internationales.

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    COMBIEN DE TEMPS DURE UNE EXPÉDITION ?

    Les conditions idéales pour atteindre le sommet de l'Everest arrivent généralement à la mi-mai, mais les préparatifs pour une ascension réussie commencent bien plus tôt. La plupart des équipes se rassemblent à Katmandou à la fin du mois de mars pour s'acclimater. Alors qu'ils progressent vers le camp de base, les travailleurs de haute altitude s'affairent déjà sur la montagne, ils transportent les paquetages et préparent la voie jusqu'au sommet. 

    En avril, les alpinistes se lancent dans une série d'allers-retours entre les camps successifs afin de s'acclimater, c'est la phase dite des rotations. Pendant ce temps, les premières équipes de guides népalais atteignent le sommet. Si tout va bien, les équipes commerciales pourront profiter de la voie ouverte par les guides et des kilomètres de cordes fixes installées du camp de base au sommet dès la deuxième semaine de mai, avec plusieurs camps disposant de réserves solides en cours de route.

    Après un dernier repos, certaines équipes quittent même la montagne pour passer quelques nuits à une altitude inférieure afin de maximiser la récupération, la tentative de sommet se déroulant généralement sur une boucle de quatre à cinq jours depuis le camp de base. S'il n'y a pas de problème, la plupart des alpinistes font leurs adieux à la montagne et regagnent leur foyer dès le début du mois de juin.

     

    QUELLES SONT VOS CHANCES ?

    Selon les données de l'Himalayan Database, plus de 300 personnes auraient trouvé la mort en tentant de gravir l'Everest. Le taux de mortalité obtenu en divisant le nombre de décès par le nombre total de personnes qui ont tenté leur chance sur la montagne est d'environ 1,2 %. En vous lançant dans l'ascension de l'Everest, vous avez donc une chance sur cent de ne jamais revenir.

    « Statistiquement, l'Everest devient plus sûr, notamment en raison des améliorations en matière d'équipement et de prévision météo, mais aussi parce que de plus en plus de personnes se joignent à des expéditions commerciales, » déclare Alan Arnette, alpiniste et historien renommé de l'Everest. « Entre 1923 et 1999 : 170 personnes sont mortes sur l'Everest pour 1 169 sommets, soit 14,5 %. Le nombre de décès a considérablement diminué entre 2000 et 2018 avec 123 disparitions pour 7 999 sommets, soit 1,5 %. »

    Everest : ascension mortelle (vidéo)

    À QUOI RESSEMBLE LE SOMMET ?

    Le sommet de la montagne est un petit dôme de neige de la taille d'une table de salle à manger. Il y a suffisamment de place pour accueillir une demi-douzaine d'alpinistes debout face à la vue resplendissante. Certains jours, les explorateurs doivent attendre leur tour pour se tenir réellement sur le toit du monde.

     

    L'EVEREST CACHE-T-IL ENCORE DES SECRETS ?

    La dernière voie vers le sommet de l'Everest a été ouverte en 2004 par une vaillante équipe d'alpinistes russes. Bien que chacune des trois faces majeures et des crêtes de la montagne ait été gravie, plusieurs défis fascinants attendent encore les futurs montagnards, notamment la Fantasy Ridge encore vierge de toute tentative ou la « traversée du fer à cheval », l'enchaînement audacieux de l'Everest et des deux sommets voisins, le Lhotse et le Nuptse.

    « On peut toujours considérer l'Everest comme une page blanche, » déclare Cory Richards, alpiniste et photographe National Geographic. « Il est aussi haut, glacial et formidable qu'il l'a toujours été. Choisir comment aborder son ascension est une réflexion qui mêle créativité et compétences. Une nouvelle approche est toujours possible et l'Everest ne fait pas exception. »

     

    Note de la rédaction : cet article a initialement paru le 22 janvier 2019 en langue anglaise. Il a été mis à jour.

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