Nos conseils pour s'immerger dans la culture traditionnelle sud-coréenne
Environ 150 artisanats, coutumes et fêtes historiques sud-coréennes sont inscrits au patrimoine culturel immatériel national. Partez à leur découverte pour vous plonger dans la culture du pays, qui honore son passé en le mêlant à la modernité.
Une compétition de tir à la corde a lieu dans le village de Gijisi, en Corée du Sud. La corde en question mesure près de 200 mètres de long.
C’est dans les années 1960, seulement quelques années après la destruction engendrée par la guerre de Corée, que la Corée du Sud a commencé à protéger officiellement ses artisanats, coutumes et fêtes les plus précieux. Ils sont environ 150 à porter la désignation Patrimoine culturel immatériel national ; c’est notamment le cas des danses des masques et du tissage du chanvre. Ensemble, ils donnent aux visiteurs l’occasion d’en savoir plus sur un pays qui met toujours en valeur ses traditions, même s’il change et évolue.
UNE ARCHITECTURE SPECTACULAIRE
Dérivé de mokjang, qui signifie « charpentier » en vieux coréen, le terme daemokjang désigne une forme d’architecture en bois très élaborée et en particulier les maîtres artisans-architectures qui maîtrisent cette architecture. Cette technique d’assemblage, vieille de plusieurs siècles et qui consiste à couper le bois de charpente et à le façonner avant de l’enchâsser et de l’emboîter sans aucun clou, est particulièrement solide ; on dit qu’elle « dure un millénaire ».
Vous trouverez des exemples de daemokjang dans toute la Corée et pour toutes les classes sociales, allant des maisons traditionnelles hanok aux palais royaux dans la capitale ou encore les temples-montagnes monumentaux. Ces édifices ont tendance à être dépourvus de décoration, leur beauté résidant, comme la majorité de l’architecture coréenne, dans leur taille majestueuse, leur élégante simplicité et leur étonnante durabilité.
PLUS D’INFOS : le palais Changdeokgung à Séoul et le temple de Bulguksa, situé sur le mont Tohamsan, dans la province du Gyeongsang du Nord, sont de superbes exemples d’édifices de style daemokjang inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Tous deux sont ouverts aux visiteurs.
LA DANSE DES MASQUES
Au premier abord, elles ressemblent à une pantomime grivoise. Des personnages en costume paradent sur scène, affublés de masques en bois aux joues roses et affichant un large sourire. Ils ricanent, se moquent, flirtent et leurrent. Les danses traditionnelles de ce type sont monnaie courante en Corée du Sud. Et dans des lieux comme Hahoe, village du sud-est du pays inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, elles ne constituent pas seulement une source de divertissement.
Fondé au 14e siècle, le village de Hahoe se trouve sur un coude sinueux du fleuve Nakdong, au milieu des champs et des collines. Son cadre et ses traditions folkloriques, notamment ces danses vieilles de 800 ans, attirent chaque année plus d’un million de visiteurs.
Les danses des masques traditionnelles sont populaires en Corée du Sud et se moquent du système des classes coréen.
Elles combinent une force de divertissement populaire à la critique sociale, en se moquant du vieillot système des classes coréen. Sur les douze masques originaux utilisés dans les performances, trois ont été perdus au fil du temps, et il n’y a donc plus que neuf personnages récurrents. Ils représentent tous une personnalité de la société locale, comme une grand-mère cancanière, un commerçant curieux ou un moine lubrique. Le résultat est une comédie noire.
Alors qu’ailleurs, les masques sont traditionnellement brûlés à la fin de chaque performance, afin d’exorciser les démons qui les possèderaient, ils sont transmis de génération en génération à Hahoe. Certains sont même considérés comme des trésors nationaux.
D’après la légende, ces masques auraient été fabriqués par un artisan local après avoir reçu des instructions divines lors d’un rêve. Il lui aurait été demandé de les concevoir à l’abri des regards, si bien qu’il s’est isolé. Mais son labeur a tourné court lorsque son amante a jeté un coup d’œil dans son atelier, enfreignant ainsi les conditions requises par le dieu et provoquant sa mort sur-le-champ. C’est la raison pour laquelle le masque de l’idiot du village est à moitié terminé.
Chaque danse est généralement accompagnée par un taepyengso (un instrument à anche semblable à un petit hautbois) et un groupe de percussionnistes jouant du tambour et des gongs. Le résultat est un regard léger, mais très satirique, à la face cachée de la société coréenne.
PLUS D’INFOS : des performances ont régulièrement lieu à Hahoe. Vous pouvez aussi assister à d’autres danses des masques régionales à l’occasion du festival de danse des masques d’Andong, qui a lieu non loin de Hahoe pendant 10 jours à l’automne.
LE PANSORI, UNE TRADITION MUSICALE AUTHENTIQUE
Si la K-pop est un peu trop mielleuse à votre goût, peut-être que cette forme d’art plus sérieuse vous plaira davantage. Le pansori est un type de récit chanté habituellement narré par un chanteur seulement accompagné d’un buk (tambour). Il se produit sur une scène vide, avec pour seul accessoire un éventail en bois, pendant une durée pouvant aller jusqu’à huit heures.
Le pansori a trouvé public pour la première fois dans le sud-ouest du pays, au 17e siècle. Il ciblait à l’origine les travailleurs, dont la majorité ne pouvait pas lire, avant d’adopter une approche plus littéraire et de devenir populaire auprès des élites.
Aujourd’hui, comme à l’époque, les chanteurs, qui doivent mémoriser de grands volumes de paroles et les chanter, suivent un entraînement intensif. Et bien qu’ils n’ajoutent plus leur patte personnelle dans le but de préserver les récits originels, l’émotion est toujours au rendez-vous. La gestuelle et les expressions renforcent l’effet dramatique, tandis que le tambour crée une tension. Les récits, qu’ils soient tristes ou palpitants, ont toujours une fin heureuse.
PLUS D’INFOS : vous pouvez assister à des représentations dans les centres d’arts de tout le pays. Elles ne durent pas toutes huit heures, la moyenne se situe généralement entre trois et quatre heures. En savoir plus : globalinterpark.com
LE MIRYANG BAEKJUNG NORI
La fête bouddhiste de Baekjung est l’occasion de se souvenir et de célébrer les morts. Elle est observée de diverses manières à travers le pays et en dehors de celui-ci, mais c’est dans la ville du sud-est de la Corée du Sud, Miryang, qu’elle est la plus impressionnante.
Dans cette ancienne communauté paysanne, la fête fait référence à l’agriculture et mêle des fêtes carnavalesques à des pratiques chamaniques. Les participants entièrement vêtus de blanc (autrefois les servants à qui l’on avait donné un jour de repos) entreprennent une série de prières et d’offrandes rituelles en vue d’une récolte abondante au son des tambours. Les célébrations se transforment ensuite en réjouissances, et la journée prend fin avec un type de danse paysanne traditionnel.
PLUS D’INFOS : la fête a lieu de 15e jour du septième mois lunaire (6 septembre 2025 et 27 août 2026).
LE GEUMBAKJANG, OU L’IMPRESSION DE FEUILLES D’OR
« Minutieux », voilà le terme qui nous vient à l’esprit après avoir vu du guembakjang, l’art coréen d’impression de feuilles d’or. La noblesse du pays a commencé à signaler son statut avec l’or dès le début de la dynastie Joseon, une période qui a débuté en 1392. Et quelle manière d’exhiber son statut que d’orner les vêtements que l’on porte ?
Cette technique, qui exige une concentration et des compétences importantes, consiste à presser des motifs d’or sur toute sorte d’habits, qu’il s’agisse de coiffes en soie ou encore de tenues de cérémonie. Plusieurs couches d’une feuille d’or ultra mince sont appliquées sur le tissu à l’aide de blocs en bois spécialement taillés, qui ne doivent comporter aucune ridule. Les motifs de fleur de lotus sont populaires, tout comme les vers de poèmes. Le résultat final est brillant à souhait, la définition même d’une richesse éblouissante.
PLUS D’INFOS : cette technique d’impression est toujours pratiquée dans l’atelier Kum Bak Yeon, dans le village Bukchon, un quartier de Séoul, par la cinquième génération d’artisans d’une même famille. L’atelier est ouvert aux visiteurs.
LE YUGIJANG
Même la vaisselle la plus précieuse ne fait pas le poids face au yugilang (aussi connu sous le nom de bangjia), l’art ancien de la bronzerie forgée à la main. Cette technique consiste à faire chauffer un alliage de bronze (contenant une proportion bien plus élevée d’étain que la normale) sur le feu, puis de le marteler pour lui donner forme et ainsi créer un produit étincelant, fin et solide. Le bronze conserve bien mieux la chaleur que d’autres matériaux et il brunit à l’utilisation plutôt que de se décolorer.
Datant sans surprise de l’âge du Bronze, le yugilang est devenu la technique favorite de fabrication de vaisselle (bols, plats, cuillères et baguettes) pour la haute société coréenne. La gastronomie de la cour royale coréenne, qui vient souvent en menus de 12 services et est inscrite au patrimoine culturel immatériel national, est souvent servie dans des bols et des plats de type bangjia. Le respect accordé à cette forme d’art est tel que certaines pièces sont désormais accrochées aux murs comme objets décoratifs.
PLUS D’INFOS : le musée Daegu Bangjia Yugi possède une collection de près de 1 500 bronzes bangjia, dans laquelle les instruments de musique et les objets religieux sont exposés aux côtés d’articles de la table d’une incroyable finesse. Il abrite également une reconstitution d’un atelier de la fin du 14e siècle.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.