Ce nouveau sentier de 360 km explore les contrées les plus sauvages d'Europe
Sur 360 kilomètres, le High Scardus Trail permet aux amateurs de randonnée et de trekking de découvrir les montagnes et vallées saisissantes du Kosovo, de l'Albanie et de la Macédoine du Nord, qui sont pourtant les moins visitées du continent européen.
Un randonneur admire la vue depuis un tronçon du High Scardus Trail, un sentier qui traverse la Macédoine du Nord, le Kosovo et l'Albanie.
Pendant longtemps, les chaînes de montagnes des Balkans occidentaux ont été fermées au reste du monde. Aujourd’hui, un nouvel itinéraire de trekking permet aux voyageurs les plus curieux de découvrir l’héritage de ces magnifiques terres touchées par une série de conflits au 20e siècle.
Le High Scardus Trail s’étend sur 362 kilomètres, et longe les frontières du Kosovo, de l’Albanie et de la Macédoine du Nord jusqu’à l’un des lacs les plus profonds et les plus anciens du continent. À plus de 2 700 mètres d’altitude, ce royaume brumeux est parsemé de pics verts et de pâturages bordés de ruisseaux. Un bon nombre des chemins empruntés aujourd’hui sont l’œuvre du passage des caravanes romaines au 2e siècle avant notre ère.
En phase de développement depuis plusieurs années, le High Scardus Trail vient tout juste d’ouvrir son accès aux amateurs de randonnée et de trekking. Les étapes sont cartographiées, les balises peintes, les gîtes restaurés et les maisons transformées en chambres d’hôtes. Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce nouveau sentier qui explore les magnifiques contrées sauvages des Balkans occidentaux.
UN SENTIER NATUREL ET CULTUREL
Les crêtes des Balkans occidentaux constituaient des points d’observation militaires stratégiques pendant les conflits qui ont frappé la Yougoslavie à la fin du 20e siècle. La guerre du Kosovo (1998-1999) a vu des milliers de mines envahir les terres alpines qui constituaient la frontière du pays avec l’Albanie. En 2001, l’annonce a été faite : grâce aux nombreux programmes de déminage mis en place après la fin de la guerre, le Kosovo était désormais exempt de mines. Mais la situation n’était pas pour autant revenue à la normale dans les montagnes, qui étaient encore loin de pouvoir accueillir des touristes.
Le High Scardus Trail s'achève au lac d'Ohrid, en Macédoine du Nord, où les voyageuses et les voyageurs peuvent découvrir l'église Saint-Jean de Kaneo, photographiée ici, le long de la rive.
Désormais, vingt ans plus tard, la situation a évolué. « Nous voulons que tout le monde sache que, oui, même si le Kosovo a connu un passé trouble, nous travaillons dur pour devenir une destination de voyage et pour faire découvrir notre nature et notre culture magnifiques au reste du monde », affirme Taulant Hoxha, qui était enfant pendant la guerre du Kosovo et vivait dans la ville de Prizren. Il est aujourd’hui copropriétaire du service de guides de montagne SuperXplorers et a participé à la création du High Scardus Trail.
Le sentier traverse certaines des montagnes les moins visitées d’Europe, et passe par six parcs nationaux : deux en Macédoine du Nord, un au Kosovo et trois en Albanie.
« L’objectif était de créer ce qui pouvait devenir le meilleur sentier au monde qui réunirait plusieurs pays et environnements », confie Ekrem Hyseni, chef de projet pour GIZ, un organisme de développement international du gouvernement allemand qui a contribué à l’élaboration de l’itinéraire.
Bien qu’il soit recommandé de parcourir les vingt étapes avec des guides, l’aventure s’étendrait sur vingt jours. En outre, chaque pays n’autorisant que les citoyens locaux à travailler sur leur partie du sentier, les voyageurs devraient engager plusieurs guides pour réaliser le parcours en entier.
Celle-ci commence en Macédoine du Nord, à Mountain Hut Ljuboten, un refuge des années 1930 récemment restauré, situé dans le petit village de Staro Selo. De là, l’itinéraire suit la frontière entre le Kosovo et la Macédoine du Nord dans les monts Šar, et mène jusqu’à Brezovica, une station de ski qui offre un aperçu de l’époque socialiste du Kosovo. Les randonneurs suivent les petits sentiers, souvent décorés par les tourbières qui longent les flancs nord des montagnes.
Un guide de voyage local alimente le poêle à bois d'un refuge de montagne abandonné, où des randonneurs se sont arrêtés pour sécher leurs vêtements mouillés et attendre le passage d'un orage.
Un berger albanais qui abrite des randonneurs sur le chemin du retour au Kosovo pose ici pour un portrait.
La marche continue dans les plaines et les plateaux jusqu’au sommet du mont Korab qui, avec ses 2 752 mètres d’altitude, est le plus haut sommet d’Albanie et de Macédoine du Nord. Des bergers semi-nomades, qui y gardent leur bétail afin de les protéger des ours et des loups, offrent des refuges aux randonneurs.
Le long de la route, des maisons d’hôtes comme Sabriu et Korabi en Albanie proposent de découvrir les coutumes locales et de déguster, après un copieux dîner, des tranches de fromage de brebis et du raki, une eau-de-vie sucrée.
La dernière étape permet d’explorer le parc national de Galičica, en Macédoine du Nord, jusqu’au Sveti Naum, un monastère construit sur les rives du lac d’Ohrid. La région d’Ohrid est l’un des vingt-huit lieux du monde à avoir été inscrits au patrimoine mondial naturel et culturel de l’UNESCO pour son lac vieux de 1,36 million d’années et sa vieille ville, qui est « l’un des plus anciens établissements humains d’Europe ».
Le sentier abrite d’autres vestiges de l’histoire des Balkans occidentaux au 20e siècle, tels que les bunkers « nucléaires » de l’ancien dictateur Enver Hoxha en Albanie, un porte-mitrailleuse en Macédoine du Nord et des structures abandonnées de l’ère soviétique au Kosovo.
POUR UNE ÉCONOMIE DURABLE
Si l’objectif du High Scardus Trail est de mettre en valeur les nombreuses merveilles des Balkans occidentaux, ce dernier constitue également un projet de développement durable. L’espoir est que grâce à lui, un écosystème d’entreprises pourra voir le jour et ainsi améliorer la qualité de vie des habitants et leur donner des raisons de rester.
« Nous espérons surtout que les jeunes verront leur pays sous un nouveau jour, et qu’ils pourront en être fiers », explique Stefan Lieb-Lind, concepteur principal de sentiers pour Trail Angels, consultant pour le High Scardus Trail.
Un randonneur traverse le feuillage automnal d'une section du sentier High Scardus Train dans les Balkans occidentaux.
Bien que susciter l’enthousiasme au niveau gouvernemental soit un processus de longue haleine, des programmes de formation et des subventions ont permis de développer les hébergements le long du parcours, et ont permis d’appeler les acteurs locaux à investir dans les zones rurales environnantes.
« Après des années de planification, de sélection des pistes, d’élaboration des itinéraires et de discussions avec les propriétaires de maisons et de terrains pour les encourager à se tourner vers le tourisme, nous avons enfin l’impression que notre travail devient réalité », se réjouit M. Lieb-Lind. « Le High Scardus Trail n’est plus une simple idée ; le train est bel et bien en marche. »
CE QU’IL FAUT SAVOIR
Comment s’y rendre : Le point de départ du parcours se trouve à Staro Selo, à une heure de voiture de Skopje, la capitale de la Macédoine du Nord. Le point d’arrivée est le monastère de Sveti Naum (ou Saint-Naum), au bord du lac d’Ohrid, à 40 minutes de bus ou de bateau de la ville d’Ohrid.
Quand y aller : La meilleure période est de mi-juin à mi-octobre. En dehors de celle-ci, les champs de neige peuvent bloquer l’accès au sentier (sauf au début du mois de juin dans les étapes de basse altitude).
Tours guidés : Plusieurs compagnies touristiques, telles que Shar Outdoors, Elite Travel Albania et SuperXplorers, proposent des expéditions guidées pour des trekkings de plusieurs jours.
Siobhan Warwicker est une rédactrice voyage établie au Royaume-Uni qui se spécialise dans le trekking et l'écotourisme. Suivez-la sur Instagram.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.