Parcourir la Terre à pied : les plus beaux sentiers du monde
Des sommets enneigés aux vertes vallées, des sentiers côtiers au cœur des forêts, partez à la découverte de quelques-unes des plus belles randonnées du monde.
![L’Alta Via delle Dolomiti no 1 offre une vue incomparable sur la chaîne des Dolomites, en Italie. L’Alta Via delle Dolomiti no 1 offre une vue incomparable sur la chaîne des Dolomites, en Italie.](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/gettyimages-821555082.png.webp?w=1600&h=900)
L’Alta Via delle Dolomiti no 1 offre une vue incomparable sur la chaîne des Dolomites, en Italie.
5 continents, 18 circuits. Que vous soyez expert ou amateur, repérez, d’un seul coup d’œil, notre sélection de randonnées à travers le monde selon leur niveau de difficulté.
![Notre sélection des 18 plus belles randonnées pédestres. Notre sélection des 18 plus belles randonnées pédestres.](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/planisphererando.png.webp?w=315&h=216)
Notre sélection des 18 plus belles randonnées pédestres.
SUÈDE : PARC NATIONAL DE SAREK
De la grande nature sauvage en Scandinavie • Très difficile • + 60 km • + 7 jours
L’Europe n’est a priori pas réputée pour ses espaces infinis et sa mégafaune ; c’est pourquoi le parc national de Sarek, un sanctuaire de 1 971 km2 dans le Grand Nord suédois, offre une si belle surprise à ses visiteurs. L’empreinte sur ces terres du peuple sami, présent depuis des temps reculés en Laponie, où il a développé une riche tradition culturelle autour de l’élevage du renne, n’a été que minime. Il en résulte un écosystème préservé de vallées tentaculaires et de sommets à 2 000 m (parmi lesquels figurent six des plus hautes montagnes du pays), de forêts somptueuses, de rivières tumultueuses, de lacs et d’une centaine de glaciers – une région sauvage que la main de l’homme semble avoir à peine effleurée.
Voyager dans de tels espaces demande de l’expérience. Il y a peu de sentiers tracés et, même au cœur de l’été, les écarts de température peuvent être importants. Dans les vastes étendues de toundra, les nuées de moustiques s’avèrent souvent redoutables, tout comme, dans un autre registre, les rivières glacées et les champs de neige difficiles à traverser.
Mais, pour qui sait lire une carte et utiliser une boussole – à défaut, mieux vaut faire appel à un guide chevronné –, les récompenses ne manquent pas. Dans ces immensités, l’une des dernières régions vierges d’Europe, vous profiterez, des jours durant, d’une solitude absolue. Vous verrez de grands troupeaux de rennes s’étirer dans le paysage, des élans brouter dans des marécages, et, peut-être, un glouton apparaître plus haut dans la montagne.
« C’est la nature à l’état pur, estime William Gilman, fondateur de True Nature Sweden, un service de guides montant des excursions dans le parc national de Sarek et dans celui, voisin, de Padjelanta. Il n’y a pas de téléphone ici, rien qui attende le touriste. C’est une authentique région sauvage. »
![Etendues vierges du parc national de Sarek, le premier d’Europe, créé en 1909 Etendues vierges du parc national de Sarek, le premier d’Europe, créé en 1909](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/p204-205nationalgeographic2309392.png.webp?w=760&h=496)
Etendues vierges du parc national de Sarek, le premier d’Europe, créé en 1909
Au fil des jours, votre rythme se calera petit à petit sur celui du soleil. La luminosité change constamment, inondant le paysage d’une multitude de couleurs. Même au sol, les petites plantes qui résistent à ce climat rigoureux sont source d’émerveillement. Vous ne croiserez probablement pas de Samis avec leurs troupeaux de rennes, mais vous tomberez sans doute sur des vestiges discrets de leur présence vieille de plus de 7 000 ans. Au sein de ces vastes horizons, ayez une pensée pour cette communauté qui a su laisser son territoire aussi somptueusement intact.
ITALIE : ALTA VIA DELLE DOLOMITI N° 1
Un itinéraire au coeur des Dolomites • Difficile • 125 km • 8-12 jours
L’Alta Via no 1 traverse sur une longue distance la chaîne des Dolomites, dans le nord de l’Italie. Ce chemin de randonnée commence par une vallée étroite couverte de conifères et par les eaux turquoise du lac de Braies, dans lesquelles se reflètent les hautes montagnes alentour, promesses des merveilles à venir.
L’Alta Via – littéralement, la «haute route» – désigne un ensemble de sentiers réunis pour la première fois dans un guide dans les années 1960 : Alta Via delle Dolomiti. De nombreuses variantes du parcours originel existent désormais, mais la plus courante sinue sur 125 km, du lac de Braies à Belluno, petite ville à la belle architecture Renaissance.
![L’Alta Via no 1 mène les randonneurs sur des sentiers ardus, entre lacs émeraude et sommets ... L’Alta Via no 1 mène les randonneurs sur des sentiers ardus, entre lacs émeraude et sommets ...](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/p174-511bphk0833.png.webp?w=760&h=496)
L’Alta Via no 1 mène les randonneurs sur des sentiers ardus, entre lacs émeraude et sommets dentelés. Sur certaines sections du parcours, le dénivelé peut atteindre 900 m.
Connue pour ses roches sédimentaires (dolomies), cette chaîne de montagnes foisonne de formations étranges, pitons rocheux, crêtes déchiquetées, gorges vertigineuses et hautes pentes couvertes d’éboulis. Dire que le terrain est accidenté est un euphémisme. Il faut savoir enchaîner montées abruptes et descentes escarpées. Le tout sous une météo changeante, voire sous de soudaines chutes de neige.
SUISSE : ROUTE DES VINS
À la découverte des vignobles de la Riviera vaudoise • Facile • 11,7 km • 3-4 h
Depuis le XIe siècle, voire depuis l’époque romaine, les vignerons cultivent le raisin sur les collines pentues de la rive sud du lac Léman. Ces paysages sont aujourd’hui prisés pour leurs milliers de terrasses pittoresques, où pousse un chasselas réputé, cépage blanc le plus répandu en Suisse.
Une autre activité y prend désormais racine : la randonnée. Un circuit charmant et tranquille longe les routes et permet de cheminer de Saint-Saphorin, village médiéval aux étroites rues pavées, à Lutry, autre cité médiévale au bord du lac, à découvrir notamment pour les façades colorées de sa Grande Rue.
Entre les deux, les randonneurs traversent de petits villages et des rangées de vignobles, le tout donnant sur les eaux bleues du lac, avec les Alpes à l’arrière-plan. En vous organisant à l’avance, vous pourrez visiter les chais ou vous arrêter dans des établissements comme le Lavaux Vinorama à Rivaz, qui renferme dans ses caves près de 300 vins de la région – et vous donnera l’occasion d’en apprécier quelques-uns dans sa salle de dégustation.
![La région de Lavaux compte près de 830 ha de vignobles en terrasses sur les collines ... La région de Lavaux compte près de 830 ha de vignobles en terrasses sur les collines ...](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295-suisse_hike_0.webp?w=760&h=507)
La région de Lavaux compte près de 830 ha de vignobles en terrasses sur les collines surplombant le lac Léman.
Après cette belle promenade et ces étapes gustatives, un petit train touristique – le « Train des vignes » – pourra vous conduire jusqu’à votre point d’étape nocturne.
GRÈCE : GORGES DE SAMARIA
Un canyon spectaculaire sur la côte crétoise • Modéré • 16 km • 4-6 h
Les montagnes Blanches de Crète sont creusées de nombreuses vallées profondes, mais aucune d’entre elles ne rivalise avec les gorges de Samaria. Ce canyon remarquable, le plus long d’Europe, serpente depuis les hauts plateaux intérieurs jusqu’au petit village d’Agia Roumeli, bâti sur la côte méridionale de la plus grande des îles grecques. La traversée des gorges, sur une distance de 16 km, est une activité extrêmement populaire, mais pas toujours facile. Les trois premiers kilomètres, particulièrement raides, sur un terrain parfois instable et glissant, exigent à la fois de la prudence et de bonnes chaussures.
La descente traverse d’épaisses forêts de pins et longe un cours d’eau chutant par endroits en cascades. Au fur et à mesure, les parois des gorges s’élèvent jusqu’à 300 m, tout en se resserrant, devenant distantes de quelques mètres seulement. Un peu partout, des rochers ou des ponts de bois permettent de franchir la rivière. Au fil du parcours, vous rencontrerez notamment une chapelle byzantine, des habitats en ruines, des piscines naturelles et peut-être des kri-kri, les chèvres sauvages crétoises. Arrivé à Agia Roumeli, une halte au café et un plongeon dans les eaux translucides de la mer de Libye seront votre plus belle récompense.
![Une randonnée d’environ quatre heures dans les plus longues gorges d’Europe, qui comptent aussi parmi les ... Une randonnée d’environ quatre heures dans les plus longues gorges d’Europe, qui comptent aussi parmi les ...](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295-grece_hike.webp?w=760&h=507)
Une randonnée d’environ quatre heures dans les plus longues gorges d’Europe, qui comptent aussi parmi les plus profondes.
IRLANDE : DINGLE WAY
Une immersion dans la vie irlandaise • Modéré • 179 km • 6-9 jours
Présent depuis au moins 6 000 ans sur les collines et la côte sauvage de la péninsule de Dingle, l’homme y a laissé derrière lui l’un des ensembles de vestiges archéologiques les plus riches du pays. Le Dingle Way, qui fait le tour de cette région rurale du comté de Kerry, offre un moyen idéal de le découvrir.
Le long d’un parcours balisé alternant routes et sentiers, les marcheurs remontent le temps, en visitant des sites fortifiés érigés sur des promontoires, où des communautés de l’âge du bronze se protégeaient des invasions, ainsi que des « forts circulaires », encore plus anciens, qui servaient aussi de lieux d’habitation. Des croix et des églises celtiques ponctuent l’itinéraire, tout comme des cabanes coniques (beehive huts en anglais, ou clocháin en gaélique) et des pierres oghamiques, des monolithes portant des inscriptions en ogham, un aphabet et un système de symboles antiques.
Cette terre d’histoire aligne aussi les panoramas exceptionnels. Au fil des chemins et des boreens, ces petits sentiers typiques de la campagne irlandaise, vous arpenterez ainsi certaines des plus vieilles montagnes du monde, comme le mont Brandon et ses pentes raides. Vous pourrez longer des plages sauvages, traverser des landes battues par les vents et fouler des terres à moutons, parsemées de cottages. Il n’est pas rare non plus, au cours du trajet, de croiser des troupeaux de vaches et de rencontrer des fermiers. D’aucuns n’hésiteront pas à renseigner les marcheurs tant sur leur itinéraire que sur les aléas du climat local, ou encore sur l’histoire unique du pays.
La nuit, il est possible de camper sur des aires spécifiques ou bien aussi de monter sa tente en pleine nature – à condition toutefois de demander l’autorisation aux fermiers, lesquels ne manquent pas de l’accorder la plupart du temps. Cependant, les conditions météorologiques très changeantes de la région, qui alternent entre pluies, brouillard, coups de vent et éphémères rayons de soleil, conduisent nombre de randonneurs à privilégier les auberges, les bed and breakfasts et les autres gîtes à la ferme. Faire halte dans les villages offre qui plus est l’occasion de passer la soirée dans un pub, cet incontournable pilier de la culture anglo-saxonne.
![Le long du Dingle Way. Le long du Dingle Way.](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295-irlande_hike.webp?w=760&h=571)
Le long du Dingle Way.
Fenêtre sur la vie rurale traditionnelle irlandaise, le Dingle Way se prête aussi à la contemplation. Linda Woods, guide de randonnée et fondatrice de l’Ireland Walk Hike Bike en 1994, incite souvent ses clients à prendre le temps de faire une pause, de s’asseoir et d’écouter le silence. « On a alors cette sensation merveilleuse du rien, souligne-t-elle. On n’entend pas d’autre chose que les bruits de la nature. »
Alors que les pâturages et les montagnes donnent à voir des centaines de nuances de vert, le sentier, longeant fréquemment des plages ou des falaises, offre le spectacle des eaux changeantes de l’océan, qui rythme la vie locale – de la météo à la gastronomie.
« L’extrémité ouest de la péninsule est simplement magnifique, souligne Linda Woods. Là, on bascule dans l’Atlantique. On voit au loin les îles Blasket, puis rien d’autre que les flots. La prochaine terre, c’est l’Amérique. »
ALASKA • ÉTATS-UNIS : BROOKS RANGE TRAVERSE
À travers les étendues sauvages arctiques • Très difficile • Variable • + 7 jours
C’est au moment où le bourdonnement de l’avion de tourisme s’évanouit dans le lointain que le randonneur réalise vraiment l’immensité de la chaîne de Brooks. Considérée comme la partie la plus septentrionale des montagnes Rocheuses, elle s’étend sur près de 1 000 km de long et parfois sur 300 km de large, depuis la mer des Tchouktches jusqu’au territoire canadien du Yukon. Ici, vous ne trouverez aucun sentier balisé pour vous guider.
« C’est certainement le meilleur endroit d’Amérique du Nord où s’aventurer dans une nature authentique », estime Andrew Skurka, randonneur professionnel et nommé en 2007 par National Geographic Explorateur de l’année. « Cette chaîne de montagnes est tellement belle, avec ses reliefs spectaculaires, entre cimes et vallées. Il n’y a ni pistes, ni ponts, ni campings, ni boutiques de souvenirs… Et n’espérez pas rencontrer quelqu’un. »
Il est donc essentiel de savoir se repérer avec une carte et une boussole, ou un GPS. Mais il faut aussi être prêt à affronter la nature sauvage de l’Arctique et ses nombreux obstacles : franchir des rivières glacées, traverser d’épaisses forêts de saules, ou encore progresser tant bien que mal parmi les hautes touffes d’herbes.
![Feuillages d’automne flamboyants. Feuillages d’automne flamboyants.](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295-etats-unis_hike.webp?w=760&h=589)
Feuillages d’automne flamboyants.
Il peut être impressionnant de s’imaginer arpenter de tels paysages, vastes et déserts. Mais plonger dans cet environnement presque totalement préservé procure surtout des émotions incroyables. Les sommets, qui s’élèvent jusqu’à 2 700 m d’altitude, semblent avoir été jetés là par la main d’un géant. L’automne, les vallées revêtent des couleurs éclatantes, telles celles des épilobes en épi aux fleurs rose vif. Les dépôts de moraines laissent entrevoir l’ancienne activité des glaciers. C’est aussi ici que les arbres les plus septentrionaux du continent – épinettes noires, bouleaux, peupliers faux-trembles et peupliers baumiers – disparaissent pour laisser place à la toundra, où seules subsistent les végétaux les plus résistants.
Les hommes se sont aussi adaptés à ces terres extrêmes. Depuis 11 000 ans, des peuples les ont sillonnées, que ce soit les Paléo-Inuits ou, plus récemment, les Nunamiuts. Souvent, les randonneurs choisissent de commencer ou d’achever leur périple dans les villages de ces Alaskiens. Au cours de leur expédition, ils découvrent parfois des témoignages de la présence passée de ces habitants, comme du chert (roche sédimentaire) utilisé pour la fabrication des outils ou de grosses pierres qui servaient à maintenir la toile des tentes en peau.
La faune sauvage n’est pas non plus en reste. Les sternes arctiques – détentrices du record de la plus longue migration – arrivent de l’Antarctique pour se nourrir des insectes qui pullulent dans la région durant le bref été. Des troupeaux de caribous traversent aussi en nombre la toundra. Avec un peu de chance, vous pourrez même entendre le hurlement d’un loup ou apercevoir les traces d’un grizzli.
Mais les merveilles de la chaîne de Brooks ne sont pas que terrestres. En été, le soleil ne plonge jamais sous la ligne d’horizon et, avec le retour du froid, les aurores boréales font leur majestueuse apparition et viennent illuminer de leurs arabesques la voûte céleste.
![Les aurores boréales comptent parmi les surprises que réserve la chaîne de Brooks. Les aurores boréales comptent parmi les surprises que réserve la chaîne de Brooks.](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295-etats-unis_aurores-boreales_hike.webp?w=760&h=571)
Les aurores boréales comptent parmi les surprises que réserve la chaîne de Brooks.
NEWHAMPSHIRE • ÉTATS-UNIS : PRESIDENTIALTRAVERSE
Un circuit aux panoramas saisissants • Difficile • 32 km • 1-4 jours
Prenez garde à ne pas sous-estimer les montagnes Blanches ! Longue de 140 km, cette portion des Appalaches située dans l’État du New Hampshire a beau n’être qu’à une journée de voiture des principaux centres urbains des États-Unis comme Boston et New York, elle fait le bonheur des amateurs de challenges au grand air. D’abord, cette chaîne de montagnes est connue pour sa météo imprévisible – tempêtes de neige, orages ou vents violents peuvent survenir à tout moment dans l’année. Mais elle offre surtout 1 600 km de sentiers, sinuant entre formations rocheuses spectaculaires et forêts paisibles. Des centaines de milliers d’aventuriers viennent chaque année y marcher, courir, pratiquer l’escalade, nager ou skier.
La Presidential Traverse fait partie des itinéraires les plus prisés des randonneurs, totalisant 32 km avec 2 600 m de dénivelé. Elle relie neufs sommets des montagnes Blanches, lesquels portent le nom de présidents américains ou d’autres personnalités. Certains passionnés parviennent à boucler le circuit en seulement une journée, mais, pour en apprécier le panorama et les écosystèmes, mieux vaut y consacrer de deux à quatre jours. À ce rythme, vous pourrez faire halte dans les refuges bien entretenus de l’Appalachian Mountain Club. Situés à une journée de marche les uns des autres, ces établissements proposent des dortoirs et offrent la possibilité de se restaurer – repas chauds et collations – aux trois moments principaux de la journée. Ces lieux d’étapes étant très convoités, mieux vaut réserver votre place plusieurs mois à l’avance.
La plupart des randonneurs effectuent le parcours de la Presidential Traverse du nord au sud depuis son point de départ, le sentier des Appalaches – qui inclut la difficile ascension du mont Madison. La piste progresse ensuite le long d’une étroite ligne de crête jusqu’aux monts Adams, Jefferson et Clay, avec une vue sur le Great Gulf, vaste cirque glaciaire au coeur de la zone de nature sauvage du même nom. À mi-parcours se dresse le mont Washington, sommet le plus élevé du nord-est des États-Unis, sur la cime duquel une cafétéria et un centre pour les visiteurs accueillent chaque année environ 250 000 personnes. Nombre d’entre elles arrivent jusque-là par le Cog Railway, petit train à crémaillère du xixe siècle gravissant la montagne – dont la pente atteint 37 % ! Le sommet est souvent enveloppé de nuages, mais, par beau temps, il offre une vue sur cinq États, sur le Canada, et même sur l’océan Atlantique.
![Un panneau indiquant le mont Washington. Un panneau indiquant le mont Washington.](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295-etats-unis-newhampshire-hike.webp?w=760&h=507)
Un panneau indiquant le mont Washington.
Si certains randonneurs passent la nuit dans le refuge de Lakes of the Clouds, d’autres préfèrent franchir les monts Monroe, Eisenhower et Pierce pour faire halte à Mizpah Springs. Vient ensuite la descente du Crawford Path – le plus ancien sentier de l’État, créé au début du XIXe siècle pour le bétail.
Les défis de la Presidential Traverse ont leurs adeptes. Mais les lacs miroitant entre les sommets, les parterres fleuris d’azalées naines, colorant de rose les alpages, ou encore le scintillement des étoiles baignant la Nouvelle-Angleterre, à la nuit tombée, font aussi tout le charme de cet itinéraire mythique.
MEXIQUE : BARRANCAS DEL COBRE
Un canyon grandiose • Difficile • 56 km • 6-8 jours
Sur le continent américain, le Grand Canyon, en Arizona, bénéficie d’une réputation exceptionnelle. Mais les six canyons de plus de 1 800 m de profondeur des Barrancas del Cobre, dans le nord du Mexique, le surpassent à bien des égards. Un étonnant petit train, El Chepe, gravit plus de 2 100 m de dénivelé pour en atteindre les hauts plateaux, situés dans l’État de Chihuahua, depuis la côte Pacifique. Des excursions sont souvent organisées à partir de la voie ferrée pour admirer des chutes d’eau de plusieurs dizaines de mètres de haut et aller à la rencontre des Tarahumaras. Ce peuple amérindien pratique depuis des siècles dans la région élevage et agriculture, entretenant de verdoyants vergers au coeur de paysages arides à la beauté saisissante.
Pour découvrir au mieux ces lieux, le meilleur moyen reste d’emprunter l’itinéraire créé par le voyagiste Copper Canyon Trails. En sept jours, les randonneurs peuvent suivre la totalité de ce chemin de 56 km et ses 6 000 m de dénivelé. Les pentes, nombreuses et couvertes d’éboulis, se révèlent souvent plus abruptes que celles du Grand Canyon. Pour les marcheurs, le trajet s’effectue dans un environnement sec et chaud, sur des chemins bordés de plantes épineuses et succulentes, et où il est fréquent de croiser des chèvres.
![La « Cathédrale perdue » est l’un des nombreux édifices abandonnés de la petite ville de ... La « Cathédrale perdue » est l’un des nombreux édifices abandonnés de la petite ville de ...](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295-mexique_hike.webp?w=760&h=760)
La « Cathédrale perdue » est l’un des nombreux édifices abandonnés de la petite ville de Satevo, au Mexique.
Le spectacle des immenses parois du canyon zébrées de chutes d’eau, où s’accroche la végétation, est exceptionnel. Les conifères laissent progressivement place aux chênaies, puis aux manguiers, papayers et avocatiers. Tout en bas du canyon, la rivière Urique annonce des lieux pleins de vie : il n’est pas rare de rencontrer sur ses rives des femmes tarahumaras cueillant des plantes pour le tressage de paniers ou des hommes travaillant aux champs. Le soir, vous pourrez camper au bord de la rivière. Vous vous endormirez alors au son de celle qui est à la fois la force créatrice et la ligne de vie du canyon.
ÉQUATEUR : VOLCANS SIERRA NEGRA ETCHICO
Merveilles cachées des îles Galápagos • Modéré • 16 km • 4-6 heures
La faune unique des îles Galápagos attire depuis longtemps les feux des projecteurs – depuis les tortues géantes, oublieuses des humains qui les observent, aux fous à pieds bleus, en passant par les iguanes marins ou encore les otaries, pour ne citer que quelques-unes des espèces endémiques et emblématiques de l’archipel. Mais ces îles de roche noire méritent à elles seules le déplacement.
D’origine volcanique, les Galápagos se dressent dans l’océan Pacifique, à environ 1 000 km à l’ouest de l’Équateur continental. Volcans boucliers et cratères géants, pitons rocheux et falaises sont autant de témoignages des forces tectoniques à l’origine de leur formation. Isabela, la plus grande île de l’archipel, offre la possibilité aux randonneurs d’approcher l’impressionnant Sierra Negra, volcan bouclier dont la caldeira, large d’environ 10 km, est l’une des plus étendues du monde.
Celui-ci est d’ailleurs toujours actif. En juin 2018, à la suite d’un tremblement de terre, des fissures éruptives se sont ouvertes sur ses flancs, projetant des panaches de cendres et de gaz et d’abondantes coulées de lave. Une cinquantaine de personnes ont dû être évacuées, et l’accès aux touristes a été interdit par les autorités locales au vu des risques liés à l’éruption. L’activité volcanique s’est poursuivie jusqu’au mois d’août suivant. Au total, les coulées de lave ont couvert une zone de 30,6 km2. Aujourd’hui, même si des portions du sentier ont été rouvertes, les autorités continuent de surveiller de près la montagne ardente.
Le parcours jusqu’au bord de la caldeira commence par un sentier de roche volcanique en pente douce. La végétation, rase, est parsemée de quelques arbres, de cactus et, par endroits, de nombreuses fougères. S’il est parfois possible d’y observer des oiseaux, la faune, en général, s’y fait assez rare. L’intérêt de l’excursion réside avant tout dans le site lui-même. Au bout de quelques kilomètres, le cratère géant fait enfin son apparition. À l’intérieur, des étendues de roche volcanique sombres et nues s’étirent à perte de vue, dans un paysage qui semble tout droit sorti des pages du Seigneur des anneaux.
![Autour du volcan Sierra Negra s’étend un paysage aux allures lunaires. Autour du volcan Sierra Negra s’étend un paysage aux allures lunaires.](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295-equateur-hike.webp?w=760&h=506)
Autour du volcan Sierra Negra s’étend un paysage aux allures lunaires.
La majorité des randonneurs poursuivent leur chemin sur le bord de la caldeira en direction du volcan voisin, le Chico. La végétation cède alors la place à un paysage lunaire constitué de roches crème, pourpres et ocre. Prenez le temps d’arpenter ce lieu désolé, ponctué de fumerolles, de petites collines et de rochers escarpés et profitez, depuis le sommet du Chico, de la vue sur l’île Isabela, avant de revenir par le même chemin à votre point de départ.
GÉORGIE DU SUD : ROUTE SHACKLETON
Sur les traces d’un grand explorateur • Modéré • 6 km • 3-4 heures
Située à l’extrême sud de l’océan Atlantique, à près de 2 100 km au large de la Terre de Feu, en Argentine, la Géorgie du Sud est une terre de montagnes, de glaciers et de côtes rocheuses. Ce petit morceau des Andes, qui s’est détaché du continent il y a quelque 50 millions d’années, forme désormais une île imposante avec son propre régime climatique, aux conditions aussi hostiles que changeantes : l’été, les températures négatives ne sont pas rares, ainsi que les violents coups de vent.
Mais, pour l’Anglo-Irlandais Ernest Shackleton, un des pionniers de l’exploration en Antarctique, elle n’en fut pas moins une terre promise. C’est là que, en mai 1916, il trouva enfin de l’aide pour sauver son équipage. Après le naufrage de l’Endurance, broyé par les glaces, il avait passé plus d’un an avec ses hommes sur la banquise, avant de trouver refuge sur l’île de l’Éléphant. L’explorateur et cinq de ses compagnons d’infortune décidèrent alors de tenter de gagner la Géorgie du Sud, seul point habité à des centaines de milles marins de distance.
Après une traversée dantesque de 1 300 km en canot sur une mer glaciale et démontée, ils atteignirent l’île, mais une ultime épreuve les attendait : la traversée à pied de cette terre montagneuse, couverte de pics enneigés, jusqu’à la station baleinière de Stromness. Avec deux de ses hommes, Shackleton parvint à parcourir les 42 km qui les en séparaient en à peine trente-six heures – un véritable exploit. Une mission de secours fut alors envoyée sur l’île de l’Éléphant et tout l’équipage sauvé.
Aujourd’hui encore, la Géorgie du Sud reste l’une des terres les plus sauvages du monde. Les rares touristes qui la visitent ne peuvent s’y rendre qu’en bateau, via une traversée de plusieurs jours, souvent par gros temps. Mais s’aventurer sur les traces d’un des plus grands sauvetages de tous les temps a quelque chose d’épique. En général, seuls les alpinistes chevronnés se lancent dans la traversée complète de l’île, mais il est possible de parcourir en une journée l’ultime tronçon du calvaire de Shackleton entre la baie Fortuna et Stromness.
![Dans les pas de l’explorateur Ernest Shackleton. Dans les pas de l’explorateur Ernest Shackleton.](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295-routes-shackleton_hike.webp?w=380&h=254)
![En marchant dans les pas de l’explorateur Ernest Shackleton, enterré sur l’île, vous pourrez observer la ... En marchant dans les pas de l’explorateur Ernest Shackleton, enterré sur l’île, vous pourrez observer la ...](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295_routes-shackleton_otaries_hike.webp?w=380&h=254)
Dans les pas de l’explorateur Ernest Shackleton.
En marchant dans les pas de l’explorateur Ernest Shackleton, enterré sur l’île, vous pourrez observer la faune emblématique de l’Antarctique, telles ces otaries à fourrure.
En débarquant à Fortuna, vous serez probablement accueilli par un groupe de manchots qui, n’ayant ici aucun prédateur terrestre, font montre d’une intrépidité et d’une confiance touchantes. Vous verrez aussi des otaries à fourrure australes et des éléphants de mer paresser dans les hautes herbes le long de la côte, comme des nuées d’oiseaux sillonner les airs. Après avoir gravi les collines herbeuses et les pentes pierreuses, vous dépasserez le lac Crean et quelques autres petits lacs de montagne, avant d’atteindre un col situé à 300 m d’altitude. En redescendant, vous pourrez distinguer, en contrebas, les vestiges de la station baleinière d’où Ernest Shackleton entendit le son d’un sifflet à vapeur et comprit qu’il atteignait, enfin, les secours tant attendus.
En gagnant la vallée qui mène jusqu’au rivage, essayez un instant d’imaginer l’émotion de l’explorateur et de ses compagnons lorsqu’ils ont pu se trouver face à d’autres êtres humains à l’issue de tant d’épreuves, dans l’une des régions les plus impitoyables du monde.
ÉTHIOPIE : MONTS SIMIEN
Des sommets surnaturels en Éthiopie • Modéré • 23 km • 3 jours
Le bouquetin d’Abyssinie, le gélada et le renard du Simien (également connu sous le nom de loup d’Abyssinie) ont une chose en commun : tous ces animaux sont des espèces endémiques, qui hantent les montagnes mystérieuses du parc national du Simien, un site classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Situé dans le nord de l’Éthiopie, celui-ci abrite un ensemble inhabituel de merveilles géologiques façonnées par l’érosion : des sommets déchiquetés, dont le plus haut du pays – le Ras Dachan (4 553 m) – , ainsi que des vallées profondes, aux parois abruptes plongeant sur plus de 1 500 m en contrebas. À ces paysages grandioses et cette faune rare s’ajoute une flore unique et surprenante, dont des lobélies géantes de quelque 6 m de haut et des lichens de plus de 1 m, qui pendent aux arbres en de longues barbes dites « de Jupiter ». « Lorsque j’accompagne les visiteurs, certains restent là pendant une demi-heure, à essayer d’appréhender ce qu’ils sont en train de voir, mais c’est impossible », raconte Sam Walker, archéologue et guide pour Ethio Travel and Tours. « Les falaises, la hauteur des montagnes et des précipices, tout est vertigineux. »
Les chemins de randonnée longent le bord des reliefs jusqu’au Ras Dachan, avant de s’enfoncer vers les plaines. Un circuit de trois jours part ainsi du camp installé à Sankaber pour rejoindre ceux de Geech et de Chennek. Pour regagner l’entrée du parc, il est ensuite possible de rallier la route ou de revenir sur ses pas. En prévision des soirées glaciales, prévoyez plusieurs couches de vêtements chauds. Mais si hostiles que soient ces hautes terres d’altitude, vous ne serez pas les seuls humains sur place : des communautés y vivent de l’agriculture et de l’élevage depuis des temps immémoriaux.
![Les hauts plateaux du parc national du Simien abritent des lobélies géantes qui peuvent atteindre 10 ... Les hauts plateaux du parc national du Simien abritent des lobélies géantes qui peuvent atteindre 10 ...](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295_ethiopie_lobelies-geantes_-hike_.webp?w=760&h=506)
Les hauts plateaux du parc national du Simien abritent des lobélies géantes qui peuvent atteindre 10 m et ne fleurir qu’au bout de vingt ans.
Sans surprise, la piste que vous suivrez sur ces massifs imposants déroulera une succession ardue de montées et de descentes. Autour de vous, des cascades chuteront des falaises, des vautours et autres rapaces tournoieront dans les airs, tandis que, des hauteurs des gorges, l’horizon s’étendra à perte de vue. Avec un peu de chance, vous pourrez croiser un groupe de géladas. Ces primates proches du babouin, aux belles fourrures ondoyant au vent, sont des herbivores et d’excellents grimpeurs, qui parfois n’hésitent pas à s’élancer du haut d’une falaise. Chacals dorés, babouins et oréotragues – de petites antilopes – habitent également ces hautes terres. Ne quittez pas les lieux sans prendre le temps de vous imprégner de l’atmosphère très particulière des forêts afro-alpines, dont l’étrange flore semble appartenir à un autre monde, vous donnant parfois l’impression d’avoir remonté le temps jusqu’à l’époque des dinosaures.
KENYA : RÉSERVE DU MASAI MARA
Marcher avec les Masais • Facile • 1,5-8 km • 1 jour
Dans la brousse, mieux vaut rester à au moins 30 m de tout gros animal. Mais, pour peu que le vent soit de face, il est possible que vous croisiez un rhinocéros ou un éléphant ruminant tranquillement et n’ayant pas conscience de votre présence. Un conseil : ne faites pas un bruit et profitez de ce moment mémorable.
« Pour moi, c’est le vrai safari », estime Kent Redding, fondateur de Africa Adventure Consultants, un organisme qui propose des safaris pédestres au coeur de la réserve nationale du Masai Mara, loin des campements et des lodges. « On n’aperçoit pas autant d’animaux [qu’en voiture], mais c’est beaucoup plus excitant et plus proche de la nature. La vue, les bruits et les odeurs sont exacerbés. »
Peuple de pasteurs nomades, les Masais vivent au Kenya et en Tanzanie sur des terres désormais morcelées. Beaucoup travaillent comme guides et ne manquent pas de partager leurs connaissances de leur terre. En traversant avec eux les hautes herbes de la savane, vous observerez de près zèbres, gazelles et gnous. Vous apprendrez aussi à déchiffrer sur le sol les innombrables histoires que racontent les traces laissées par la faune.
![Gardiens de leur terre préservée, les Masais travaillent souvent comme guides pour faire découvrir la réserve. Gardiens de leur terre préservée, les Masais travaillent souvent comme guides pour faire découvrir la réserve.](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295-kenya-hike.webp?w=760&h=503)
Gardiens de leur terre préservée, les Masais travaillent souvent comme guides pour faire découvrir la réserve.
AFRIQUE DU SUD : CHUTES DE LA TUGELA, DRAKENSBERG
Un panaroma spectaculaire • Modéré • 14 km • 4-6 heures
Le Drakensberg, la plus haute chaîne de montagnes d’Afrique du Sud, se distingue notamment par ses conditions météorologiques imprévisibles et par ses falaises vertigineuses. Celle de l’Amphithéâtre, longue de 6,5 km, offre ainsi un incroyable point de vue sur la région.
Le circuit démarre du parking Sentinel, chemine jusqu’à un point d’observation, puis se faufile entre des parois escarpées. Le brouillard, fréquent, laisse entrevoir falaises noires, versants rouille et vallées émeraude. L’étroit sentier impose la vigilance. Il conduit jusqu’au sommet d’un grand escarpement d’où vous verrez serpenter le fleuve Tugela qui, à la saison des pluies, se jette du rebord du plateau dans une chute de près de 1 000 m.
Pour Zimle “Zee” Ndaba, guide du Witsieshoek Mountain Lodge, « la récompense est immédiate. Et il n’est pas si dur d’atteindre cet endroit parmi les plus beaux du monde ».
![La Tugela est la deuxième plus haute chute d’eau du monde. Cette cascade de 948 m ... La Tugela est la deuxième plus haute chute d’eau du monde. Cette cascade de 948 m ...](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295-afrique-du-sud_hike.webp?w=760&h=502)
La Tugela est la deuxième plus haute chute d’eau du monde. Cette cascade de 948 m dévale la chaîne montagneuse du Drakensberg.
KIRGHIZISTAN : AK-SUU TRAVERSE
Dans les hautes montagnes d’Asie centrale • Difficile • 115 km • 7-8 jours
Longtemps, le Kirghizistan est resté une terra incognita pour nombre d’entre nous. Mais, à la faveur d’un changement dans la politique des visas au début des années 2010, ce pays aux riches paysages et traditions se dévoile enfin.
Parmi les plus belles randonnées figure l’Ak-Suu Traverse, un parcours de 115 km, dont le point de départ se situe à Jyrgalan, une ancienne ville minière du district d’Ak-Suu, dans la région de l’Issyk-Koul. Durant une semaine environ, vous traverserez les paysages du coeur du Kirghizistan, ses grandes vallées rocailleuses et ses neuf cols aux descentes ardues, peuplés de marmottes.
Les points de vue les plus élevés vous révèleront d’immenses glaciers descendant dans de profondes vallées et des rangées sans fin de sommets, se perdant dans l’horizon. Vous rencontrerez aussi les pasteurs nomades de la région, en train de veiller sur leurs chevaux et leurs troupeaux de moutons, de chèvres et de vaches. Sans doute vous inviteront-ils à venir partager avec eux le kumis, une boisson à base de lait de jument fermenté qu’ils ont coutume d’offrir en signe d’hospitalité.
À la nuit tombée, campant près d’un lac à la couleur d’émeraude, vous vous endormirez sous des myriades d’étoiles.
![L’Ak-Suu Traverse chemine à travers de majestueuses vallées au coeur des hautes terres du Kirghizistan. L’Ak-Suu Traverse chemine à travers de majestueuses vallées au coeur des hautes terres du Kirghizistan.](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295_kirghizistan-hikejpg.webp?w=760&h=507)
L’Ak-Suu Traverse chemine à travers de majestueuses vallées au coeur des hautes terres du Kirghizistan.
CORÉE DU SUD : PARC NATIONAL DU JIRISAN
Sur la crête d’un sommet majestueux • Modéré • 60 km • 2-4 jours
Aux yeux de nombreux Sud-Coréens, les montagnes du parc national du Jirisan, dans le sud de la péninsule, sont sacrées. La légende dit que la beauté des lieux suffit à rendre sages les fous qui s’y rendent. Beaucoup d’entre eux viennent ainsi s’immerger dans ses forêts illuminées par les floraisons du printemps ou les couleurs flamboyantes de l’automne. De multiples sentiers de randonnée sillonnent le massif, reliant ses cascades et ses sommets, à l’image de celui du mont Jirisan.
Plusieurs circuits permettent de le parcourir dans toute sa longueur, mais la plupart des randonneurs optent pour l’itinéraire de 59 km reliant les temples Hwaeom, à l’est, et Daewon, à l’ouest. Cinq refuges accueillent dans leurs (petits) dortoirs ceux qui auront pensé à réserver longtemps à l’avance. Des en-cas rapides (ramen) sont proposés, mais il est conseillé d’apporter en plus ses propres provisions et son matériel de cuisine.
Les chemins de terre et de cailloux sinuent sous de magnifiques voûtes d’arbres, puis débouchent sur une vue imprenable de montagnes aux doux reliefs. Fixez-vous l’objectif d’atteindre le pic Cheonwangbong à l’aube, afin d’admirer la magie du soleil levant baignant de lumière ce havre de paix du bout du monde.
![Une passerelle encadrée par des couleurs automnales mène à la vallée de Baemsagol, dans le parc ... Une passerelle encadrée par des couleurs automnales mène à la vallée de Baemsagol, dans le parc ...](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295-coree-du-sud_hike.webp?w=760&h=1014)
Une passerelle encadrée par des couleurs automnales mène à la vallée de Baemsagol, dans le parc national du Jirisan.
INDONÉSIE : MONT RINJANI
Aux abords d’un volcan sacré • Difficile • 27 km • 2-4 jours
De l’autre côté du détroit qui la sépare de Bali, l’île indonésienne de Lombok est un trésor caché abritant plages et montagnes luxuriantes. Son volcan, le Rinjani, s’élève si haut qu’il a son propre microclimat – à l’origine d’un sol fertile profitant à la végétation. Ce volcan sacré accueille aussi la cérémonie hindoue de Mulang Pakelem, au cours de laquelle les participants, vêtus de blanc, prient et jettent or, argent et autres objets de valeur dans le lac de la caldeira, le Segara Anak.
Rejoindre ce sommet situé à 3 730 m d’altitude n’est techniquement pas compliqué, mais le parcours exige une excellente condition physique. Deux points de départ possibles : les villages de Senaru et de Sembalun. La plupart des randonneurs effectuent le trajet de l’un à l’autre en passant par le lac en trois à quatre jours.
L’itinéraire le plus emprunté part de Senaru car la première portion du parcours, totalisant plus de 2 000 m de dénivelé, peut se faire à l’ombre de la forêt. Le terrain change au rythme des biomes traversés, passant des forêts tropicales humides peuplées de singes et d’oiseaux à des prairies. Vous pourrez camper sur le bord de la caldeira, avec vue sur les eaux aigue-marine du lac et sur un petit cône volcanique toujours actif, apparu dans les années 1990.
![À la tombée du jour, sur l’île de Lombok, un panache de fumée jaillit du mont ... À la tombée du jour, sur l’île de Lombok, un panache de fumée jaillit du mont ...](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295-indonesie_hike.webp?w=760&h=507)
À la tombée du jour, sur l’île de Lombok, un panache de fumée jaillit du mont Rinjani, un des nombreux volcans actifs de l’archipel indonésien.
Le lendemain, lancez-vous avant l’aube dans l’ascension du sommet (plus de 1 500 m de dénivelé) pour assister au spectacle du lever du soleil. Par temps clair, la vue s’étend jusqu’au mont Agung – un volcan sacré balinais lui aussi en activité – et jusqu’aux îles Gili.
« Ce que je préfère, c’est m’installer au bord du cratère pour admirer les nuages envahir la vallée et remplir la caldeira, confie Angus Lawrence, fondateur de l’agence de randonnée Rinjani Dawn Adventures. Et, quand le jour cède la place à la nuit, contempler la Voie lactée. Faire l’ascension du mont Rinjani, c’est se reconnecter avec une planète vivante. »
CHINE : GORGES DU SAUT DU TIGRE
Un canyon légendaire • Difficile • 26 km • 2-3 jours
Un jour, un chasseur qui poursuivait un tigre dans des gorges en Chine occidentale réussit à acculer l’animal. Pour s’échapper, celui-ci franchit d’un bond audacieux le canyon à son point le plus étroit – 24 m. Telle est la légende qui donna son nom aux gorges du Saut du tigre.
Aujourd’hui, les voyageurs viennent admirer ce profond canyon, sculpté par le fleuve Jinsha. La plupart des randonneurs s’attaquent en deux jours aux 26 km du « sentier haut », au départ de Qiaotou, avec une halte dans l’un des hébergements du trajet. Le chemin pierreux réserve de nombreuses surprises, à l’image des vingt-huit redoutables lacets qui permettent de grimper, en partant de la Naxi Family Guesthouse, jusqu’aux parois abruptes, ponctuées de chutes d’eau.
En route, il n’est pas rare de rencontrer des membres de l’ethnie naxie avec leurs chevaux et leurs troupeaux de chèvres et de vaches qui dévalent le chemin à bonne allure. Plus haut se dressent les cimes dentelées des monts du Dragon de jade et Haba.
À travers ces paysages grandioses et pittoresques, vous verrez peut-être, si vous avez de la chance, scintiller des arcs-en-ciel, et les nuages s’accrocher, telle de la dentelle, aux impressionnantes parois rocheuses.
![L’eau serpente entre les falaises rocheuses de la gorge du Saut du tigre, l’une des plus ... L’eau serpente entre les falaises rocheuses de la gorge du Saut du tigre, l’une des plus ...](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295-chine_hike.webp?w=760&h=508)
L’eau serpente entre les falaises rocheuses de la gorge du Saut du tigre, l’une des plus profondes du monde.
AUSTRALIE : LARAPINTA TRAIL
Dans les étendues du désert rouge • Modéré • 223 km • 15–20 jours
Pendant environ 40 000 ans, les Arrernte ont vécu dans la région d’Alice Springs à la lisière de l’arrière-pays (l’Outback) australien. Dans ces paysages riches de significations culturelles et spirituelles, ce n’est qu’avec l’autorisation des populations autochtones que les visiteurs peuvent parcourir le Larapinta Trail. Cette longue traversée d’un territoire ancestral est un voyage complexe et captivant dans de vastes étendues désertiques.
L’endroit, loin d’être une morne étendue de sable, regorge de curiosités. Regardez le spectacle des formations de roche rouge, des montagnes, des gorges, des crêtes, ne donnant à voir que de rares points d’eau, plantes et bosquets. Observez les wallabies des rochers et les milans, les faucons et les colombines plumifères, coiffées d’une étonnante crête.
Si le Larapinta Trail est l’un des plus récents chemins de grande randonnée d’Australie, il a su conquérir bon nombre de visiteurs, séduits par ces immensités entre terre et ciel. Au départ d’Alice Springs, mettez le cap à l’ouest. Vous traverserez des plaines dominées par d’imposantes roches rouges et parsemées de bosquets d’eucalyptus, avant d’atteindre les monts MacDonnell. Le segment le plus mémorable de la première partie de ce circuit est la traversée de la Razorback Ridge, une crête étroite au terrain instable, mais ouvrant sur des panoramas incroyables.
« Il faut vraiment marcher lentement par ici. La roche étant instable, chacun doit garder une distance de sécurité de quelques mètres, prévient Alice Homan, guide de l’Australian Walking Holidays, qui organise des excursions et gère des écocampements. « Mais c’est assez incroyable. On a l’impression que l’on peut voir jusqu’aux confins de l’Australie. »
![Parmi les découvertes que vous réserve le Larapinta Trail, au centre de l’Australie, figurent cycas luxuriants, ... Parmi les découvertes que vous réserve le Larapinta Trail, au centre de l’Australie, figurent cycas luxuriants, ...](https://static.nationalgeographic.fr/files/styles/image_3200/public/ng295-australie_hike.webp?w=760&h=505)
Parmi les découvertes que vous réserve le Larapinta Trail, au centre de l’Australie, figurent cycas luxuriants, wallabies des rochers et cours d’eau rafraîchissants.
Après la traversée de la vallée, il faut se préparer pour une nouvelle ascension. Ellery Creek, un des rares points d’eau de la région, est une apparition bienvenue. Nombre de randonneurs se laissent tenter par un plongeon dans ses eaux glacées ! La piste s’achève au mont Sonder, qui culmine à 1 380 m d’altitude dans le désert et dont le panorama au lever du soleil est toujours spectaculaire.
Même si le Larapinta Trail ne présente pas de grande complexité technique, il abonde en défis. L’eau est rare et en général seulement accessible au départ des étapes. La chaleur, elle, peut être accablante. Sans parler du risque (heureusement infime) de tomber sur des reptiles venimeux, comme le redoutable serpent de la Mulga. Pour autant, traverser cette âpre nature sauvage, au caractère sacré pour de nombreuses communautés depuis des millénaires, offre une expérience bouleversante.
Sachez apprécier les moments les plus tranquilles de votre périple : boire une gorgée d’eau de pluie en respirant le parfum frais de la terre mouillée, écouter le hurlement des dingos à la tombée de la nuit, regarder les nappes de brouillard se détacher de la roche… « On éprouve vraiment un sentiment d’isolement ici, ce qui attire beaucoup de monde, remarque Alice Homan. Il est difficile de s’imaginer à quel point l’espace est vaste sur ces terres… L’horizon semble s’étirer à l’infini. »
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