Voyage au Maroc : découvrez deux itinéraires clés dans le nord et le sud du pays
Dunes du Sahara, villes côtières fortifiées, villes impériales… Les atouts naturels du Maroc sont tout aussi remarquables que son histoire.
La Zaouïa de Sidi Ahmed al-Tijani repose dans le quartier ancestral de la médina de Fès, l’une des villes impériales du Maroc.
Peu de pays peuvent se targuer d’avoir autant de facettes que le Maroc. Cette terre d'Islam, de minarets couronnant l’Afrique est le cœur du peuple montagnard amazigh, ou berbère, et a fait l’objet de luttes pendant des millénaires. Si les vastes ruines à colonnades de Volubilis témoignent de l’importance stratégique du Maroc pour les Romains, ce sont les souverains arabes médiévaux qui ont planté le décor du Maroc moderne en construisant des kasbahs, des ksars, et des médinas. Les Juifs exilés du sud de l’Europe y ont émigré en masse au cours du 15e siècle, ce qui a enrichi la culture marocaine, en particulier sa cuisine si particulière. Mais le pays a également été secoué par les vents cruels du colonialisme : au 15e siècle, le Portugal a conquis et fortifié des villes côtières telles qu’Essaouira et Asilah, avant que l’Espagne et la France n’exercent leur emprise sur le pays au cours des siècles suivants.
Malgré tout cela (ou peut-être à cause de cela), le Maroc affiche une identité distincte. Depuis que le pays a obtenu son indépendance de la France en 1956, l’industrie du tourisme y a connu un essor considérable. De nombreux touristes viennent visiter les villes impériales (Marrakech, Rabat, Meknès et Fès), et découvrir les vestiges d’une culture liée aux anciennes routes commerciales du désert dans des forteresses en briques crues comme Aït Ben Haddou.
Au fil des décennies, la popularité du pays a également été favorisée par la présence de quelques personnalités célèbres sur ses terres. Entre le début des années 1900 et les années 1960, les lettrés d’Europe et des États-Unis ont trouvé refuge dans l’insouciance de Tanger, aux côtés de stars du cinéma, d’artistes et de musiciens, tels Cary Gran, Matisse ou encore Jimi Hendrix. Tous les regards se sont tournés vers Marrakech lorsque le couturier Yves Saint Laurent et son associé Pierre Bergé ont élu domicile dans la villa art déco ayant appartenu à l’artiste français Jacques Majorelle, sauvant ainsi la bâtisse bleu vif de la destruction dans les années 1980. Réaménagé en musée du design et en jardin public après la mort d’Yves Saint Laurent en 2008, le Jardin Majorelle est devenu l’un des lieux les plus visités du Maroc. Aujourd’hui, la médina rose de Marrakech regorge de palais restaurés, de restaurants fusion et de boutiques de design, faisant de la ville un lieu de villégiature très prisé.
Les atouts naturels du Maroc sont tout aussi remarquables que ses atouts historiques. Les grandes plages d’Agadir sont très appréciées des familles, tandis que les petites localités aux alentours de la ville, bercées par la brise, sont prisées des surfeurs, des rêveurs et des ornithologues amateurs. La chaîne de montagnes du Haut Atlas, ornée de cascades et couronnée par le mont Toubkal (4167 m), le plus haut sommet d’Afrique du Nord, attire randonneurs et cyclistes. Mais le clou du spectacle de tout voyage au Maroc reste probablement le désert du Sahara, cette grande mer de sable orientale qui ne connaît ni maîtres ni frontières, où les Touaregs conduisent les voyageurs à dos de chameau jusqu’à des campements dans le désert, sous un ciel étoilé, pour dormir dans les plis des dunes. Nous vous proposons dans cet article deux itinéraires qui vous feront vivre pleinement le charme marocain.
ITINÉRAIRE 1 : LE SUD, DE MARRAKECH À ESSAOUIRA
Des millions de voyageurs se rendent chaque année à Marrakech, mais trop peu d’entre eux prennent le temps d’explorer le reste du pays. Ce circuit constitue une boucle classique des hauts lieux du sud du Maroc, qui vous fera traverser des médinas imprégnées de l’odeur de safran, des villages de montagne, des dunes de sable géantes et des villes de pêche fortifiées.
Depuis Marrakech, cet itinéraire grimpe dans le Haut Atlas par le col du Tizi n’Tichka. Le mont Toubkal, la plus haute montagne d’Afrique du Nord, est très prisé des amateurs de sommets, qui peuvent se reposer dans les hôtels en briques crues instalés dans les vallées des hauts plateaux. Prenez le temps d’y rester quelques jours pour accompagner les bergers et vous familiariser avec la culture amazighe.
Au-delà des montagnes, les routes mènent à l’est vers le Sahara. En chemin, des kasbahs et des ksars en ruine, autrefois fiefs des seigneurs de guerre amazighs, jalonnent encore les anciennes routes commerciales africaines. Faites une halte dans les gorges ocre et les vallées discrètes propices à la randonnée, où des locaux en turbans bleu saphir surgissent comme par magie pour vous offrir un thé à la menthe sucré. Dormez au milieu des dunes dans un campement saharien avant d’entreprendre votre long voyage de retour vers l’ouest et la côte. De nombreux voyageurs se dirigent directement vers la ville de pêcheurs fortifiée d’Essaouira, mais d’autres choisissent de poursuivre leur route jusqu’aux camps de surf et de yoga bohèmes de Tagazout, ou jusqu’à la plage familiale d’Agadir.
1. Le Marrakech d’Yves Saint Laurent
L’impact du couturier franco-algérien sur Marrakech, et de la ville sur le couturier, a été considérable. Cette appréciation mutuelle se poursuit grâce au Jardin Majorelle et au Musée Yves Saint Laurent. Ce dernier, un musée saisissant, met en lumière la mode du créateur et la façon dont le Maroc l'a influencé. Les jardins abritent quant à eux un petit musée consacré à la mode amazighe.
L’opulente végétation du Jardin Majorelle a été plantée pour la première fois dans les années 1920.
2. La vallée de Ouirgane
Les genévriers, les oliviers et les noyers occupent les creux et les courbes de Ouirgane dans le Haut Atlas. Il s’agit de l’une des nombreuses vallées appréciées des randonneurs à la recherche d’un léger dénivelé sur les contreforts. Elle est cependant beaucoup moins fréquentée que la plupart des autres lieux du genre, car elle n'est pas comprise dans le circuit d’excursions à la journée au départ de Marrakech. Chez Momo II, un hôtel local en briques crues avec son style berbère et sa piscine, constitue un bon point de départ.
3. Aït Ben Haddou
Au début des années 1960, les repéreurs du film Lawrence d’Arabie ont été captivés par la magie de ce ksar en pisé. Le rôle vedette de Aït Ben Haddou dans le film, et dans de nombreux autres films pour le grand et le petit écran, y compris Game of Thrones, en a fait l’un des points forts des excursions vers le Sahara. Ces dernières années, les habitants ont invité des artistes à installer des galeries dans les maisons abandonnées du village fortifié, ont lancé la Maison de l’oralité, un centre culturel amazigh, et ont ouvert un salon de thé appelé Tawesna, une initiative sociale gérée par des femmes.
4. Erg Chebbi
Monter à dos de chameau à travers les sables du Sahara est une expérience unique. Les circuits les plus accessibles vont du village de Merzouga à Erg Chebbi, où les dunes s’élèvent à 160 mètres de haut et s’étendent sur 27 kilomètres, et revêtent une teinte ambrée au coucher du soleil. Comptez néanmoins environ neuf heures de voiture pour vous y rendre depuis Marrakech. La plupart des excursions s’achèvent dans un campement aux lits simples et au sol recouvert de coussins, avec un repas au coin du feu sur fond de musique amazighe, le tout sous un ciel d’encre illuminé par la Voie lactée.
5. Essaouira
Malgré sa large plage de sable, cette ville côtière fortifiée est balayée par de fortes brises atlantiques qui la rendent plus propice au kitesurf qu’aux bains de soleil. D’avril à août, on peut y observer des voiles colorées, qui cèdent ensuite la place aux planches de surfs de septembre à mars. Mais le port et ses nombreux petits bateaux de pêche reste, lui, constamment animé. Derrière les remparts côtiers de la ville se trouve une charmante médina bleue et blanche, qui regorge d’ateliers d’artistes. Elle est particulièrement animée à la fin du mois de juin, lorsqu’Essaouira accueille le Festival Gnaoua et Musiques du monde.
ITINÉRAIRE 2 : LE NORD, DE CASABLANCA À FÈS
Alors que les montagnes traversent le Maroc vers le nord, le Haut Atlas s’étiole pour laisser place au Moyen Atlas, puis aux montagnes du Rif avant d’atteindre la côte nord. Le climat, plus tempéré et les vallées plus fertiles que dans le sud donnent naissance à des vignobles et des forêts de cèdres odorantes. Cette région, qui accueille nettement moins de voyageurs, n’est pas pour autant dépourvue de sites touristiques.
Tanger, avec sa médina à l’atmosphère relaxante et coiffée d’une kasbah, constitue la porte d’entrée des voyageurs arrivant par ferry. Située à seulement 35 kilomètres de l’Espagne, la ville la plus septentrionale du pays célèbre depuis longtemps ses liens étroits avec l’Europe et ses fondements cosmopolites. Les trains à grande vitesse qui partent de Casablanca relient désormais Tanger en deux heures, mais louer une voiture offre plus de liberté pour explorer d’autres villes côtières moins visitées, comme la très artistique Asilah, ainsi que la ville romaine de Volubilis, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, et les vignobles autour de l’ancienne ville de Meknès.
La ville exceptionnellement photogénique de Chefchaouen, perchée dans les montagnes du Rif, baignée de bleu et entourée de collines d’épicéas, est une attraction majeure entre Fès et Tanger. Malheureusement, la zone est en proie au surtourisme à cause des visiteurs d’un jour. Restez-y une nuit pour découvrir la ville à des heures plus calmes ou envisagez d’autres avant-postes ruraux tels que la charmante ville de pèlerinage de Moulay Driss Zerhoun, avant de revenir à la ville voisine de Fès, cœur spirituel, culturel et gastronomique pour de nombreux Marocains, et plus grande zone urbaine sans voiture au monde.
1. La mosquée Hassan II, à Casablanca
Ce monument situé en bord de mer est l’une des deux seules mosquées du Maroc que les non-musulmans peuvent visiter. Les visites qui y sont organisées sont l’occasion exceptionnelle d’en apprendre davantage sur la foi du pays. Construite par le roi Hassan II au début des années 1990, il s’agit de la plus grande mosquée du Maroc et de l’une des plus grandes d’Afrique, car elle peut accueillir plus de 100 000 fidèles à la fois. Descendez au sous-sol pour admirer les fontaines d’ablution en marbre, avant de visiter la salle de prière de cinq hectares, véritable chef-d’œuvre de l’artisanat marocain traditionnel. Rejoignez ensuite les habitants qui flânent le long de la corniche.
Entre ses bâtiments blanchis à la chaux et son afflux moins important de visiteurs, Asilah conserve une atmosphère plus traditionnelle.
2. Asilah
Alter ego d’Essaouira, cette ville côtière fortifiée présente une esthétique bleue et blanche similaire à celle de sa cousine située plus au sud. Asilah a toutefois conservé une atmosphère plus traditionnelle et est loin d’être aussi fréquentée. Elle est célèbre pour son art de la rue : chaque année, les bâtiments blanchis à la chaux de la médina sont repeints par de nouveaux artistes résidents, transformant ainsi la ville en une galerie extérieure en constante évolution. Les murs défensifs de la médina ont été construits par les Portugais, qui se sont brièvement emparés du port au 15e siècle avant l’arrivée des Espagnols. Au-delà de la médina s’étend une série de plages très prisées des Marocains lors des vacances d’été.
3. Les salons de thé de Tanger
Au fil des décennies, Jimi Hendrix, Mick Jagger et les écrivains de la Beat generation, dont Jack Kerouac, ont tous fréquenté les célèbres cafés de Tanger. La ville la plus septentrionale du Maroc a développé une personnalité cosmopolite entre 1912 et 1956, lorsqu’elle était encore une zone internationale avant que le pays n'obtienne son indépendance vis-à-vis de la France et de l’Espagne. Aujourd’hui, Tanger est un vivier de créateurs et de boutiques chics, mais les échos de son passé louche se font encore sentir sur les terrasses avec vue sur la mer du Café Hafa des années 1920, à l’intérieur du café branché du Cinéma Rif art déco, ou encore à travers les fenêtres arabesques du vieux Café Baba, où le hip-hop se mêle au thé à la menthe.
4. Moulay Driss Zerhoun
Moulay Driss Zerhoun, qui porte le nom du premier souverain islamique du Maroc, un sultan du 8e siècle, censé descendre du prophète Mahomet, est une ville de pèlerinage blanchie à la chaux qui s’étale sur deux collines à proximité des ruines romaines de Volubilis. Ouverte aux non-musulmans en 1912 seulement, la ville ne compte encore qu’une poignée de riads mais conserve son charme traditionnel. Pour atteindre Volubilis, les voyageurs peuvent descendre à pied sur cinq kilomètres à travers la campagne, ou louer des ânes depuis la maison d’hôtes Dar Zerhoune.
On trouve souvent des artisans en train de peindre des poteries traditionnelles en céramique, de marteler du métal ou de sculpter du bois sur les places cachées de Fès.
5. Fès el Bali
Impossible de ne pas se perdre dans l’immense médina de Fès. Mais une fois que vous l'aurez accepté, vous verrez qu’il s’agit d’un endroit fascinant où se promener. Là-bas, des ânes transportent encore les peaux de cuir vers les tanneries ; les habitants apportent leur pain au ferran, un four à bois traditionnel, tandis que les artisans martèlent le métal, teignent les tissus et sculptent le bois dans des places cachées et des fondouks, ces auberges servant également d’entrepôts pour les marchands. Fondé au 8e siècle, Fès el Bali, quartier le plus ancien de la ville, abrite des médersas (écoles religieuses), des villas, des musées et des minarets qui, tout au long de la journée, lancent en crescendo des appels mélodieux à la prière.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.