Ce rhinocéros blanc est le dernier représentant mâle de son espèce
Il ne reste plus que trois rhinocéros blancs du nord dans le monde et l'un d'entre eux pourrait succomber à une infection qui ne fait qu'empirer.
Au printemps 2017, les gardes du dernier rhinocéros blanc du nord mâle ont inscrit ce dernier sur une application de rencontre dans le but de sensibiliser le grand public aux efforts de préservation de l'espèce. Aujourd'hui, l'état de santé de ce rhinocéros se dégrade et cette sous-espèce rare se rapproche un peu plus de l'extinction.
Sudan, un rhinocéros blanc du nord âgé de 45 ans, souffre d'une sévère infection au niveau de la patte arrière droite. Celle-ci est apparue à la suite d'une maladie qu'il avait développé l'année dernière en raison de son âge. Le traitement prescrit n'agit pas sur l'infection et ses gardes envisagent l'euthanasie si la douleur devient trop forte pour Sudan.
« C'est un combat », a déclaré Kaddu Sebunya, président de l'African Wildlife Foundation. « Nous sommes vraiment inquiets maintenant que le mâle est malade. Nous risquons de le perdre. Notre situation est désespérée ».
Sudan est le dernier représentant mâle de sa sous-espèce. Il vit avec deux femelles âgées, Fatu et Najin, dans l'Ol Pejeta Conservancy, situé au Kenya, où ils sont surveillés 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Les rhinocéros ont une espérance de vie de 40 à 50 ans et les trois derniers individus de l'espèce ne sont plus en âge de se reproduire.
La sous-espèce du rhinocéros blanc du nord était présente sur un territoire allant du Tchad jusqu'à la République démocratique du Congo, mais sa population a chuté. En 1960, on comptait plus de 2 000 rhinocéros blancs du nord, il n'était plus que 15 en 1984. Aujourd'hui, il ne reste que trois représentants de la sous-espèce.
Depuis des décennies, les populations de rhinocéros en Afrique et en Asie sont victimes de la réduction de leur habitat et du braconnage. Les cornes de ces mammifères, constituées de kératine, sont utilisées en médecine traditionnelle asiatique. Pourtant, bon nombre de scientifiques estiment que ces remèdes sont inefficaces.
« C'est un très bon exemple de la perte d'héritage en Afrique », a souligné M. Sebunya, qui vit à Nairobi au Kenya mais est originaire de l'Ouganda. « Comment allons-nous expliquer cela à la prochaine génération d'Africains ? Nous ne pouvons pas continuer d'être si arrogants et négliger les autres espèces du continent ».
UN FUTUR TRÈS INCERTAIN
La population de rhinocéros blancs du nord, bien que très réduite, continue de diminuer. En novembre 2015, Nola, une femelle âgée de 41 ans a dû être euthanasiée au Zoo de San Diego (États-Unis) après avoir souffert de multiples maladies douloureuses. Quelques mois plus tôt, en juillet, c'est Nabiré, une autre femelle de 31 ans, qui est décédée dans un zoo de République Tchèque à la suite de complications survenues après la rupture d'un kyste.
La reproduction naturelle n'est pas une option envisageable à ce stade et est pratiquement impossible à mettre en oeuvre, à moins de trouver un mâle dans la nature. Cette situation étant très peu probable, les scientifiques ont donc investi les laboratoires pour tenter de sauver cette espèce en voie de disparition. Ils ont prélevé des cellules sexuelles sur des rhinocéros vivants et considèrent la fécondation in-vitro à l'aide de femelles de la sous-espèce du rhinocéros blanc du sud comme une piste possible. Mais cette solution pourrait mettre plus d'une décennie pour être au point.
QU'EN EST-IL DES RHINOCÉROS BLANCS DU SUD ?
Les rhinocéros blancs sont l'une des cinq espèces de rhinocéros, qui est divisée en deux sous-espèces : les rhinocéros blancs du nord et ceux du sud. Les rhinocéros blancs du nord sont plus petits que ceux du sud, leur dos est droit, leur tête est plate, on note une absence de sillons entre leurs côtes, leurs oreilles et leur queue sont pourvues de poils et leur corne avant est petite.
Les rhinocéros blancs du sud sont quant à eux plus gros, leur tête ainsi que leur dos ont une forme concave et leurs épaules sont très prononcées, leur corps entier est pourvu de poils, des sillons entre leurs côtes sont visibles et leur corne avant est plus longue.
Tout comme leurs cousins du nord, la population des rhinocéros blancs du sud a également chuté. Originaires du sud de l'Afrique, il ne restait que quelques individus au début du siècle. Les efforts de conservation du gouvernement ont porté leurs fruits puisque la population de rhinocéros blancs du sud compte désormais plus de 20 000 représentants. Cela a été rendu possible par les programmes de reproduction et de réintroduction, et aussi grâce à la très controversée, mais contrôlée, chasse au trophée.
Toutefois, l'épée de Damoclès est toujours présente : le commerce de la corne de rhinocéros a récemment été ré-autorisé en Afrique du Sud et les rhinocéros blancs du sud sont toujours considérés comme quasi menacés par l'Union internationale pour la conservation de la nature.
« Si nous ne faisons pas attention à cela en tant qu'Africains, d'autres espèces connaîtront le même sort », a déclaré Kaddu Sebunya. « Cela se produit sous notre surveillance, mais nous pouvons agir à ce sujet pour toutes les autres espèces ».