Un nouveau secret de l’intelligence des oiseaux dévoilé
Une étude met en lumière l’importance de la taille du groupe dans le développement cognitif des jeunes oiseaux.
Tout comme les chimpanzés et les éléphants, qui font preuve d’intelligence collective, certaines espèces d’oiseaux seraient dotées de plus grandes capacités intellectuelles lorsqu’elles vivent en groupe. C’est le résultat d’une étude, parue dans la revue Nature le 15 février 2018 et menée par une équipe de l’université d’Australie-Occidentale à Perth.
La vie en groupe a-t-elle été le moteur évolutif principal de l’intelligence animale ? La taille du groupe influence-t-elle celle du cerveau de ses membres ? Ce sont respectivement les hypothèses du psychologue Nicholas Humphrey, qui a notamment travaillé, dans les années 1970, sur l’intelligence sociale des gorilles de montagne avec Dian Fossey ; et du primatologue Robin Dunbar, qui a observé, en 1992, le lien positif chez les primates entre tailles du groupe et du cerveau. Deux approches scientifiques qui défendent la même idée — la complexité sociale est un moteur du développement de l’intelligence des animaux — tandis que d’autres spécialistes pensent que les aptitudes cognitives des animaux sont davantage liées à des facteurs évolutifs, tels que trouver de la nourriture, se défendre ou se repérer.
Des chercheurs australiens ont voulu vérifier l’hypothèse de l’intelligence collective chez une espèce de passereau noir et blanc, le cassican flûteur (Gymnorhina tibicen dorsalis ou Cracticus tibicen dorsalis). Ils ont étudié 56 jeunes individus (200 jours après le premier envol), provenant de 14 groupes différents, dont les tailles variaient de 3 à 12 oiseaux. Plutôt que de mesurer la taille du cerveau, les auteurs ont mené des tests cognitifs.
Le but ? Juger l’aptitude de ces oiseaux à résoudre des problèmes. À l’aide d’un socle en bois, contenant 20 puits recouverts de couvercles en plastique de différentes couleurs, ils ont élaboré quatre expériences visant à déterminer la mémoire spatiale, la capacité d'apprentissage par association, l’apprentissage inverse (aptitude à laisser de côté certaines informations) et le contrôle inhibiteur (capacité à contrôler ses pulsions naturelles pour atteindre un objectif, comme pour un régime par exemple). Pour chaque épreuve, les oiseaux qui piquaient les bons couvercles recevaient de la mozzarella.
Résultat : ce sont les oiseaux vivant dans les groupes les plus importants qui ont obtenu, en moyenne, les scores les plus élevés. Preuve que le nombre d’interactions sociales a favorisé le développement cognitif des jeunes oiseaux. Des exceptions à l’échelle individuelle ont toutefois été observées.
Mieux encore, en comptant les œufs éclos de l’année, les auteurs ont constaté que les oiseaux qui réussissaient le mieux aux tests avaient également un meilleur succès reproducteur.
Seul bémol souligné par les auteurs : les expériences n’ont pas jugé de la capacité des oiseaux à avoir des réponses créatives aux problèmes posés. Or, ce critère est considéré comme fondamental par certains spécialistes de l’intelligence animale. En attendant, leur étude apporte, pour la première fois, la preuve tangible de l’existence d’une intelligence collective chez les oiseaux.
Dans le magazine National Geographic de mars 2018, les nouvelles révélations de la science sur les oiseaux migrateurs.