Mort de Koko, le gorille qui parlait la langue des signes

Elle a fait deux fois la couverture de National Geographic. Portrait de celle qui a permis des révélations majeures sur l'empathie et la communication des animaux.

De Douglas Main
Publication 22 juin 2018, 12:31 CEST
Francine Patterson et Koko conversent grâce à la langue des signes américaine. Koko utilisait plus de ...
Francine Patterson et Koko conversent grâce à la langue des signes américaine. Koko utilisait plus de 500 signes régulièrement et en connaissait 500 autres. Pour dire à Patterson qu'elle voulait un chat, elle lui passa deux doigts sur les joues pour figurer les moustaches.
PHOTOGRAPHIE DE Ronald Cohn, National Geographic Creative

Koko, le gorille femelle des plaines de l'Ouest le plus célèbre du monde, est morte dans son sommeil mardi 19 juin à l'âge de 46 ans. Elle s'est tout au long de sa vie distinguée par sa profondeur émotionnelle et sa capacité à communiquer en langue des signes américaine.

Véritable célébrité internationale, elle avait un vocabulaire de plus de 1 000 signes et pouvait comprendre 2 000 mots d'anglais parlé, comme le rapporte la Fondation Gorilla.

National Geographic a mis Koko en une de son magazine à deux reprises : d'abord en octobre 1978, avec une photo qu'elle a prise d'elle-même dans un miroir (sans doute l'un des premiers selfies animaliers de l'histoire). Elle est également apparue une deuxième fois en couverture en janvier 1985, dans un reportage la montrant avec un chaton pour lequel elle s'était prise d'affection.

Koko est devenue le membre le plus visible de son espèce, celle des gorilles des plaines de l'Ouest (Gorilla gorilla gorilla), considérée comme étant gravement menacée d'extinction par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

« Parce qu'elle était assez intelligente pour comprendre et utiliser des aspects de notre langue, Koko a pu nous montrer ce dont tous les grands singes sont capables : raisonner, aimer et pleurer les êtres qui leur sont chers », explique par email Barbara King, professeur émérite d'anthropologie au William & Mary College.

« Et autre point fondamental, elle nous a permis de comprendre quel prix payaient les êtres sensibles comme les animaux pour satisfaire notre curiosité scientifique » poursuit l'auteur de How Animals Grieve (Comment les animaux font leur deuil).

 

REPOUSSER LES LIMITES

Née le 4 juillet 1971 au zoo de San Francisco, Koko est née Hanabi-ko, terme japonais désignant l'« enfant des feux d'artifice ». La chercheuse Francine Patterson a commencé à lui enseigner la langue des signes américaine en 1972.

Elle a ensuite été déplacée à Stanford, et peu de temps après, Francine Patterson et son collaborateur Ronald Cohn ont fondé la Fondation Gorilla. En 1979, Koko a suivi le groupe de chercheurs dans les montagnes de Santa Cruz.

La recherche et le travail avec Koko et d'autres gorilles ont révélé que les grands singes avaient des compétences linguistiques similaires à celles des jeunes enfants. Anne Russon, chercheuse à l'Université York, a déclaré que l'enseignement du langage des signes à Koko et à d'autres animaux, par opposition à la simple tentative de communication verbale, était un « grand bond en avant ». 

En plus de la langue, le comportement de Koko a également révélé des émotions similaires à celles des humains. 

Parmi les nombreux traits humains qui rendaient Koko si singulière, elle semblait avoir le sens de l'humour, et même une forme d'espièglerie mutine.

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    Photo de couverture du National Geographic réalisée par Ronald Cohn.
    Photo de couverture du National Geographic réalisée par Ronald Cohn.
    PHOTOGRAPHIE DE National Geographic

    Cynthia Gorney, une collaboratrice de National Geographic, a interviewé Koko en 1985. Au début, Koko ne semblait pas apprécier la journaliste, la désignant par le terme « toilette » en langue des signes. Francine Patterson l'a alors réprimandée en disant : « Koko ! Ce n'est pas gentil. »

    Mais Koko s'est rapidement détendue, et quand Cynthia Gorney a demandé à Koko où les gorilles vont quand ils meurent, elle a signé : « Dans un trou confortable - au-revoir ».

    En plus des couvertures National Geographic, Koko est apparue dans plusieurs documentaires, et a notamment eu une interaction célèbre avec l'acteur Robin Williams dans une vidéo datant de 2001, dans laquelle elle jouait avec Williams et essayait ses lunettes.

    La Fondation Gorilla a déclaré qu'elle « continuera à honorer l'héritage de Koko et à faire progresser notre mission » en enseignant la langue des signes aux grands singes et en continuant de mener des projets de conservation en Afrique et ailleurs.

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