Nouvelles découvertes sur le poisson-clown (et sa drôle de relation avec les anémones)
Dans l’imaginaire collectif, le poisson-clown est indissociable de ses zébrures blanches et de son foyer d’anémone, et à juste titre. Si on les observe de plus près, on s’aperçoit que cette relation est encore plus poussée qu’’il n’y paraît.
L’Amphiprion, plus communément appelé « poisson-clown », est un genre de poissons comprenant une trentaine d’espèces, qui toutes se distinguent par leur couleur et le nombre de bandes striant leur corps. Popularisé il y a 15 ans par le film d’animation Pixar Le monde de Nemo, ce petit poisson est une espèce pleine de ressources. Des études ont démontré que leur schéma social est très différent de celui qu’on peut trouver chez d’autres animaux, ce qui en fait une espèce fascinante à étudier et unique en son genre.
UNE VÉRITABLE COLLECTION
Si les premiers poissons-clowns étaient teintés d’orange et zébrés de 3 bandes blanches, la lignée s’est diversifiée avec le temps et différentes formes d’amphiprion ont vus le jour, comme le prouvent les récents travaux publiés sur le site du CNRS. Certains sont noirs striés de blanc, comme l’Amphiprion Poplymnus, quand d’autres ne présentent qu’une bande immaculée traversant leur corps de la tête à la queue, comme l’Amphiprion Sandaracinos.
En réalité, ces stries blanches ne sont pas réparties de façon aléatoire. Bien au contraire, elles sont génétiquement programmées dès la naissance des poissons-clowns et suivent un schéma bien précis selon les espèces : soit 1 strie sur la tête, soit 2 dont l’une située sur la tête et l’autre au niveau du tronc, ou alors 3 bandes, une dernière s’ajoutant au niveau de la queue. Elles apparaissent toujours au même endroit et parfois disparaissent même avec le temps comme chez l’Amphiprion Frenatus. Cette répartition est le résultat de l’évolution des hormones thyroïdiennes des poissons-clowns et montre la différenciation génétique des espèces au fil du temps. « Le fait que ces bandes apparaissent toujours au même endroit et que leur apparition et leur disparition se font toujours de manière séquentielle suggère que cette perte pourrait être engendrée par un mécanisme de développement complexe » observe Pauline Salis, chercheuse à l'Observatoire océanologique de Banyuls-Sur-Mer. Les chercheurs espèrent en apprendre davantage sur le gêne même qui influence cette répartition chez l’amphiprion.
AMPHIPRIONS ET ANÉMONES : UN MUTUALISME IDYLLIQUE
L’anémone constitue la principale structure sociale d’un poisson-clown. S’il a été prouvé par une étude publiée dans Nature que ce poisson a un rôle minime dans la sauvegarde des fonds-marins, il y a un organisme dont la survie dépend tout-de-même de lui : l’anémone. Leur relation est teintée d’une forme d'équilibre presque trop parfait pour être vrai : l’un ne peut survivre sans l’autre. Urticante, l’anémone offre un abri sûr pour les poissons-clowns et leur clan. En échange, l’amphiprion la nourrit grâce à ses déjections. Récemment, une étude a prouvé l’attachement de ce poisson pour son foyer. Le réchauffement climatique provoque un blanchissement des anémones. Stressé par ce phénomène, le poisson-clown ne se reproduit plus autant qu’avant, ce qui pourrait causer la perte de l'espèce.
Mais cette relation va plus loin encore. La vie entière d’un poisson-clown est régie par ces anémones. Trouver un foyer pour son (futur) clan est d’ailleurs la première tâche dans la vie de ces poissons. Une fois déniché, une hiérarchie s’installe entre les habitants. La femelle, généralement plus grosse, fait office de chef et défend l’anémone contre les petits prédateurs. S’en suit le mâle, plus petit. Puis, comme pour une file d’attente, les enfants de la colonie sont ensuite classés selon leur taille, les plus petits en bout de chaîne. Ils attendent leur tour. Si la femelle meurt, le mâle prend sa place et chaque maillon de la chaîne monte en grade. Certains attendent même plusieurs années avant de devenir l’élément fort du clan, l’espérance de vie d’un poisson-clown étant de 30 ans.
L’amphiprion est également hermaphrodite. Suivant la logique hiérarchique régissant la structure sociale d’un poisson-clown, si la femelle meurt, alors le mâle prend sa place. Le poissons suivant dans la chaîne, l’un des enfants donc, prend quant à lui la place du mâle et s’accouplera avec la nouvelle femelle du clan.