Vous pensez que les rendez-vous amoureux sont compliqués ? Mettez-vous à la place de ces animaux.

Qu’il s’agisse d’asperger ses partenaires d’urine ou de changer de sexe, le royaume animal recèle une myriade de façons surprenantes de se faire la cour.

De Christine Peterson
Publication 15 févr. 2023, 17:00 CET
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Un paradisier grand-émeraude déploie ses plumes colorées devant une femelle.

 

PHOTOGRAPHIE DE PHOTOGRAPHIE DE TIM LAMAN, NAT GEO IMAGE COLLECTION, Nat Geo Image Collection

S’il y a bien un besoin universel dans le royaume animal, c’est le désir ardent de se reproduire. Toutefois, la plupart des espèces ont besoin d’un je-ne-sais-quoi de magique en plus pour y parvenir.

On sait que certains mâles ont recours à des danses sophistiquées pour attirer leur partenaire. Mais chez les capucins, on se couvre plutôt d’une urine fragrante. D’autres animaux offrent des « cadeaux nuptiaux » alléchants aux femelles. C’est le cas des mâles de l’espèce Lanius excubitor (pie-grièche grise), qui font don aux femelles d’une « brochette de souris » qu’ils viennent de tuer et d’embrocher sur un bâton. 

« Ce n’est pas que roses et chocolats », fait observer Jennifer Verdolin, professeure d’écologie de l’Université d’Arizona à Tucson. Tout a à voir avec leur environnement, avec leurs cycles biologiques, avec leurs rivalités particulières et avec les aubaines dont ils peuvent profiter. »

Voici certaines des parades nuptiales les plus intrigantes du monde animal.

 

 

QUI VEUT LA ROSE DOIT AUSSI VOULOIR LES ÉPINES

Chez les porcs-épics d’Amérique (Erethizon dorsata), les femelles sont en œstrus (la période pendant laquelle elles peuvent accepter un partenaire) huit à douze heures par an, explique Uldis Roze, professeur émérite de biologie de l’Université de la ville de New York et auteur d’un ouvrage intitulé The North American Porcupine.

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Chez les porcs-épics d’Amérique (ici un spécimen du zoo du Great Plains Zoo, dans le Dakota du Sud) ont des fenêtres de reproduction très courtes.

PHOTOGRAPHIE DE Joel Sartore, National Geographic Photo Ark, National Geographic Photo Ark

Afin d’annoncer cette brève fenêtre d’opportunité aux mâles qui passent par-là, la composition de l’urine des femelles change pour sembler plus attractive aux partenaires potentiels. Les porcs-épics mâles arrivent, prêts à se battre les uns contre les autres avec leur queue couverte de piquants. Le vainqueur a le droit de grimper dans l’arbre de la femelle et d’attendre.

Et d’attendre.

Ce n’est pas parce que la femelle a annoncé que sa période d’œstrus approchait qu’elle est prête pour autant à s’accoupler. Le mâle victorieux fait donc ce qu’il peut : selon Uldis Roze, il l’asperge d’un puissant jet d’urine qui peut contenir une molécule dont les composés chimiques ont pour effet de la hâter un peu.

Quelques heures plus tard, le couple descend de l’arbre et passe à l’acte. Le mâle scelle ensuite le vagin de la femelle en y formant un bouchon afin d’empêcher un autre mâle de s’accoupler avec elle et de faire en sorte que son sperme ne s’écoule pas. Puis il s’en va en se dandinant.

 

 

UN CADEAU AVEC CONTREPARTIES

Chez les araignées-patineuses (Pisauridae), espèce que l’on rencontre partout dans le monde, les mâles tentent de se reproduire à leurs risques et périls. En effet, les femelles ne se laissent pas séduire comme cela.

Les mâles doivent d’abord apporter un cadeau nuptial aux femelles, en général un insecte mort enveloppé de soie. Les femelles d’une espèce en particulier, Pisaura mirabilis, ne s’accouplent pas tant qu’elles n’en ont pas reçu un.

Chez d’autres espèces, les mâles se cramponnent à leur offrande alimentaire tout en feignant d’être morts et attendent que les femelles soient assez distraites par la nourriture qu’ils tiennent pour revenir à la vie et passer à l’acte.

Parfois, certains mâles parviennent à leurs fins en trompant la femelle avec des cadeaux sans valeur, en leur offrant un exosquelette par exemple. Cette stratégie a toutefois un coût : les femelles mettent plus rapidement fin à l’accouplement, entraînant ainsi un moindre transfert de sperme. Dans les cas les plus extrêmes, elles peuvent tout bonnement finir par les dévorer.

 

 

SOUPIRANTS TAPE-À-L’ŒIL

Dans le monde animal, conserver ses couleurs nécessite beaucoup d’énergie. Comme l’explique Jennifer Verdolin, autrice de What Animal Courtship and Mating Tell Us About Human Relationships, chez la trentaine d’espèces connues sous le nom d’oiseaux de paradis, la présence de plumes flamboyantes et de parades plus flamboyantes encore indique que l’on a affaire à un partenaire en bonne santé, probablement doué pour trouver de la nourriture.

« Il s’agit en somme d’une publicité à destination de la femelle qui signifie : ‘Je suis fabuleux. Tu as envie de t’accoupler avec moi.’ », explique-t-elle. (À lire pour en savoir plus sur les oiseaux de paradis.)

Chez les oiseaux de paradis, originaires de Nouvelle-Guinée et des îles environnantes, les mâles déblaient en plus la scène où ils vont effectuer leur parade. Ils s’assurent que celle-ci soit plate et dépourvue de débris afin de créer un lieu où donner à voir pendant des heures le meilleur spectacle possible.

En outre, cette virilité signe d’absence de maladies est importante, car après l’accouplement, l’époustouflant mâle met les bouts. Il ne participe pas à la construction du nid, ni à la couvaison des œufs ou à l’alimentation des petits.

 

 

« UNE MER DE SPAGHETTIS MOUVANTS »

Nichés dans des tanières durant les frigides hivers du Manitoba, des dizaines de milliers de serpents-jarretière à raies rouges (Thamnophis sirtalis infernalis) attendent un peu de chaleur. Le printemps venu, les mâles émergent en premier, réchauffés et prêts à trouver une partenaire. Lorsqu’une femelle rampe jusqu’à la surface, couverte de phéromones sexuelles, les mâles se jettent sur elle par dizaines.

« Placez vos doigts en stries devant vos yeux, et voilà ce que voit une femelle », indique Robert Mason, professeur de biologie des systèmes à l’Université de l’Oregon. « C’est une mer de spaghettis mouvants. »

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    Toutefois, le cloaque de la femelle encore ensommeillée est fermé, et les mâles qui s’agitent doivent prendre leur mal en patience. Cet orifice multifonctionnel qui sert aussi à la reproduction finit par s’ouvrir un peu, vraisemblablement à cause du stress, puis le mâle le plus proche y dépose sa semence ainsi qu’un bouchon afin d’empêcher tout coït ultérieur.

    Certaines femelles, souvent plus imposantes, vont attendre que le bouchon se dissolve avant de recommencer, cette fois-ci avec un mâle qu’elles auront choisi. Cela pourrait être une façon pour les femelles de faire en sorte que leurs ovules soient fertilisés par les mâles les plus imposants et les plus forts.

     

     

    UN SACRIFICE SEXUEL

    La limace-banane (Ariolimax) peut non seulement être mâle ou femelle, mais elle est à la fois mâle et femelle durant l’accouplement, du moins selon les espèces. Les limaces-bananes du Pacifique (Ariolimax colombianus) commencent par annoncer leur disponibilité en libérant des phéromones dans leur bave qui sont ensuite détectées par d’autres limaces-bananes.

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    Un couple de limaces-bananes du Pacifique au Parc naturel Northwest Trek, à Eatonville, dans l’État de Washington.

    PHOTOGRAPHIE DE Joël Sartore, National Geographic Photo Ark

    Selon Janet Leonard, assistante de recherche à l’Institut des sciences marines de l’Université de Californie, lorsqu’elles se rencontrent, les limaces-bananes passent d’abord une petite heure à se mordre et à se frapper à coups de tête.

    Chez certaines espèces, les deux limaces se pénètrent simultanément l’une l’autre avec leur pénis respectif afin de se fertiliser simultanément. D’autres espèces le font chacun leur tour en échangeant le rôle de mâle et de femelle toutes les vingt minutes environ. Dans de rares cas, un des deux pénis (voire les deux) se bloque. Alors, une des deux limaces doit se l’arracher avec les dents. Cette absence de pénis n’est pas fatale, mais il ne leur en repousse pas un.

    Les relations amoureuses entre humains peuvent être particulièrement complexes, certes. Mais vous pouvez vous estimer heureux de ne pas être une limace-banane.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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