Dans le désert d’Atacama, chauves-souris et manchots se livrent une guerre sans merci

Au Pérou, des chauves-souris vampires s’en prennent parfois aux poussins des manchots. Mais les adultes se rebiffent, leur envoyant de la terre, voire des excréments.

De Tatyana Woodall
Publication 23 oct. 2024, 10:36 CEST
La chauve-souris vampire (Desmodus rotundus) en vol. Cette espèce est présente partout au Mexique, en Amérique ...

La chauve-souris vampire (Desmodus rotundus) en vol. Cette espèce est présente partout au Mexique, en Amérique Centrale et du Sud. Son habitat chevauche celui des manchots d’Humboldt du désert d’Atacama.

PHOTOGRAPHIE DE Barry Mansell, NPL, Minden Pictures

Dans la nature, les manchots ne sont pas connus pour être d’affreux malfrats, mais ce sont de féroces protecteurs qui savent résister aux chauves-souris lorsque cela est nécessaire.

Dans le désert d’Atacama, dans le sud du Pérou, les manchots de Humboldt (Spheniscus humboldti) peuvent être la cible de chauves-souris vampires (Desmodus rotundus), dont la principale source alimentaire est le sang d’autres animaux.

Bien que les chauves-souris vampires de la région choisissent généralement de s’en prendre aux lions de mer (Otarinés) des environs, elles chassent parfois les poussins de manchots, qui montrent moins de résistance que d’autres proies et sont, par rapport à leurs aînés, bien moins conscients des dangers qu’elles représentent.

Des cormorans chargent des manchots

« Les chauves-souris vampires font preuve d’une grande prudence lorsqu’elles se nourrissent, car elles doivent se nourrir sur un animal bien plus gros qu’elles quasiment chaque soir de leur vie », explique Gerald Carter, maître de conférences en écologie et biologie de l’évolution à l’Université Princeton.

Chauves-souris et manchots habitent généralement des régions bien différentes du monde. Ces premières n’aiment généralement pas les basses températures et préfèrent vivre dans des endroits arides et humides, comme les forêts tropicales ou les déserts. Cependant, elles sont suffisamment à l’aise sur le littoral occidental aride de l’Amérique du Sud, où les manchots de Humboldt résident également. Cela fait peut-être un moment que ces deux espèces ont maille à partir ; selon certains spécialistes, il est possible que les manchots aient été à un moment donné la principale source alimentaire de ces chauves-souris.

« Les chauves-souris vampires se nourrissent probablement depuis longtemps de groupes d’oiseaux marins en train de se reproduire et d’autres animaux du littoral de l’Amérique latine, ce depuis bien avant que l’on y introduise du bétail », poursuit Gerald Carter.

Étant donné que les populations de manchots de Humboldt déclinent, les défenseurs de l’environnement considèrent que l’espèce est particulièrement exposée à un risque d’extinction. Les populations de chauves-souris vampires de la région sont quant à elles considérées comme stables par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Les attaques de chauves-souris vampires sur des manchots vulnérables peuvent conduire à des pertes de sang et à la propagation de maladies telles que la rage, deux facteurs susceptibles d’affaiblir les poussins ou de mettre en danger d’autres membres d’une colonie de manchots. Mais cela ne signifie pas pour autant que ces derniers n’ont pas de moyens de se défendre.

Les manchots de Humboldt adultes disposent de plusieurs façons de repousser ces vieilles ennemies : en exprimant vocalement leur mécontentement directement pour effrayer les chauves-souris et les faire fuir, en envoyant de la terre au visage des chauves-souris avec le pied, voire dans certains cas en transformant leurs excréments en armes par destination. C’est une tactique pour laquelle les manchots de Humboldt sont bien connus, mais elle est aléatoire.

En effet, si le fait d’être la cible d’un jet plus ou moins solide d’excréments ferait s’arrêter n’importe quel prédateur têtu, le plus souvent, cette saleté retombe sur les poussins, qui filent alors se rincer en se dandinant dans les eaux froides.

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    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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