Rares images d'une panthère des neiges en train de chasser
Alors qu’il faisait une randonnée à travers le plateau tibétain, dans l’Ouest de la Chine, qu’un photographe a eu la surprise de sa vie : devant lui se tenait l’un des félins les plus rares et les plus mystérieux au monde.
Sur ce cliché pris en novembre 2017, une panthère des neiges dévore un grand bharal. L’animal a patienté plusieurs heures que le soleil se couche avant de se nourrir.
Le mouvement, soudain, a attiré l’attention de Jed Weingarten.
Une tache brune, parfaitement dissimulée dans l’environnement, se détache du plateau tibétain de la province du Sichuan, en Chine, où le photographe américain faisait une randonnée à la recherche de cervidés et de caprins.
Il ne s’attendait pas à voir une panthère des neiges. Et pourtant, voilà que se tenait devant lui l’un des félins les plus rares et les plus mystérieux au monde.
Plus étonnant encore, le prédateur dévalait une falaise abrupte et rocailleuse avec un grand bharal. Une stratégie de chasse risquée, mais payante, le félin ayant finalement obtenu un repas bien mérité.
« J’étais totalement surexcité. C’est si rare d’en voir », raconte Jed Weingarten, le premier photographe à avoir immortalisé une panthère des neiges tuant un grand bharal.
UN CLICHÉ QUI SE MÉRITE
Jed Weingarten se rend fréquemment dans l’Himalaya et le plateau tibétain, où il a passé plusieurs mois de sa vie à en ratisser le terrain accidenté à la recherche de la panthère des neiges, en vain.
Ce qui n’est pas étonnant, estime Peter Zahler, responsable du programme pour la panthère des neiges chez Wildlife Conservation Society, une organisation à but non lucratif, puisque ces félins se fondent parfaitement bien dans le paysage et ont tendance à passer leur temps dans des zones inaccessibles.
Jed Weingarten filmait une série documentaire sur le rut du cerf de Thorold lors de son expédition en novembre 2017.
Un oiseau tente de se nourrir des restes de la chasse de la panthère des neiges.
Alors qu’il cherchait des cerfs avec sa longue-vue, le photographe a aperçu une panthère des neiges qui traquait un troupeau de grands bharals. Il s’est alors immédiatement dirigé vers une falaise depuis laquelle le prédateur pourrait pourchasser sa proie.
« Nous avancions lentement, pour ne pas l’effrayer. De toute façon, avec vingt kilos de matériel dans le dos à plus de 4 500 mètres d’altitude, on ne peut pas aller très vite », raconte l’Américain en riant.
UN FÉLIN TRÈS AGILE
La chasse ne fut pas bonne ce jour-là. Mais avec de nombreuses proies à proximité, le photographe savait que la panthère n’aurait pas à aller loin pour trouver de quoi se mettre sous la dent.
Le lendemain, son équipe est retournée au même endroit avant l’aurore et a attendu. Elle n’a pas eu à patienter bien longtemps avant que la panthère s’en prenne à nouveau au troupeau de grands bharals.
« Le mode Rafale était activé », se souvient Jed Weingarten.
Au début, il pensait que la panthère et le grand bharal dévalaient ensemble la pente, mais le photographe a constaté en regardant ses clichés et ses vidéos que le félin poussait le caprin, sautant dans tous les sens pour désorienter sa proie avant de pouvoir la tuer.
« C’était une incroyable démonstration d’agilité et d’athlétisme », raconte-t-il.
Cet aperçu inédit des techniques de chasse des panthères des neiges est l’une des raisons pour lesquelles Peter Zahler trouve la rencontre de Jed Weingarten si passionnante.
« Ses photos sont formidables et la moindre information sur ces animaux est précieuse », explique Peter Zahler, avant d’ajouter que des scientifiques pourraient retourner sur place pour étudier les prédateurs.
DES FÉLINS MENACÉS
Grâce à la pose de pièges photographiques, les chercheurs ont pu obtenir certaines informations sur les panthères des neiges, mais ils ignorent toujours le nombre total d’animaux vivant à l’état sauvage.
Selon Peter Zahler, la population sauvage du félin est estimée entre 4 000 et 10 000 individus.
En 2017, en raison d’estimations de population plus élevées, l’Union internationale pour la conservation de la nature a mis à jour le statut de l’espèce, qui est passé de « En danger » à « Vulnérable ».
Pour Peter Zahler, il s’agit là d’un signe positif, même si l’avenir de ces félins très discrets est loin d’être assuré.
« Leur population continue de diminuer, mais à un rythme plus lent qu’auparavant », déclare-t-il.
Le grand félin erre dans les montagnes de la province chinoise du Sichuan. Voir les yeux de la panthère des neiges pour la première fois est "un spectacle qui restera gravé dans ma mémoire pour toujours", déclare Weingarten.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.