Voici comment votre chat voit le monde
Tout comme les humains, les chats ont cinq sens. Ils voient pourtant le monde différemment, et les comprendre pourrait améliorer nos relations avec eux.
Du museau à la queue, les chats ont une façon d’expérimenter le monde complètement différente de la nôtre. Bien qu’ils utilisent les mêmes cinq sens que nous, à savoir la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher, certains des leurs sont plus développés et précis, ce qui leur permet de vivre dans un monde crépusculaire.
L’expérience qu’ont les chats du monde est très différente de la nôtre. Pour se mettre dans leur peau, il faut d’abord comprendre comment ils voient les choses. Bien qu’ils utilisent les mêmes cinq sens que nous, à savoir la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher, ils ne se servent pas des informations qu’ils reçoivent de la même manière.
Pourtant, l’idée que nos sens et les leurs soient si similaires peut nous aider à vivre en harmonie avec nos amis poilus.
LA VUE
Comme les humains, les chats utilisent leur vision pour observer le monde qui les entoure et chasser leur prochain casse-croûte. Néanmoins, certaines différences entre des yeux humains et des yeux de chats modifient largement nos expériences de vie.
Les chats ont besoin d’un peu de lumière pour bondir, mais ce chaton sauterait aussi très bien dans le noir.
Ce chaton est atteint d’une condition génétique appelée hétérochromie. La différence entre son œil vert et son œil bleu n’affecte pas sa vision.
La précision avec laquelle les chats sautent même la nuit peut nous faire penser qu’ils possèdent des lunettes de vision nocturne intégrées. En réalité, ils ont besoin d’un peu de lumière. Pourtant, si les capacités de vision des humains la nuit sont au mieux nébuleuses, pour les chats, l'obscurité est l'occasion de briller. Des millions d'années d'évolution ont permis aux chats d'être actifs et de chasser au crépuscule et à l'aube.
La lumière pénètre dans l'œil par la cornée, la surface ronde et transparente de l'œil du chat. La cornée concentre la lumière sur la rétine, qui tapisse l'arrière de l'intérieur de l’oeil. La cornée des yeux du chat est large et en forme de dôme, ce qui leur permet de capter un maximum de photons, essentiels pour s’adapter à des lueurs plus faibles. Les pupilles des chats sont longues et verticales, elles se réduisent à une fente en plein jour, mais se dilatent jusqu'à 300 fois lorsqu'il fait plus sombre, tandis que les pupilles humaines ne peuvent grossir que jusqu'à quinze fois.
Les chats verraient le monde de manière moins vibrante et avec moins de nuances de couleurs que les humains, bien qu'ils puissent clairement voir leurs ombres, comme c'est le cas de ce chaton.
Le fond des yeux du chat est recouvert d'une couche appelée tapetum lucidum, qui réfléchit la lumière non absorbée vers la rétine, ce qui aide le chat à voir dans la pénombre et provoque une brillance de l'œil, la lueur que l'on peut voir lorsque la lumière se réfléchit sur eux dans l'obscurité. Leur vision périphérique est également meilleure que la nôtre.
D'autres aspects de la vision féline ne sont pas aussi efficaces. Leur rétine contient moins de cônes, photorécepteurs qui perçoivent les couleurs, et on pense donc que les chats voient le monde de façon moins vibrante et dans moins de nuances de couleurs que les humains. Ces cônes sont également responsables de la netteté de la vision, de sorte que la vue du chat est plus floue, malgré sa vision supérieure en cas de faible luminosité. Ce que les chats peuvent voir à une distance de soixante mètres, nous pouvons le voir à 300 mètres.
Toutefois, ces aspects ne les freinent pas. Les chats réagissent plus facilement au mouvement qu'aux détails complexes et aux couleurs d'une image, ils ne sont donc pas gênés par leur perception limitée des couleurs.
L'OUÏE
Les oreilles triangulaires du chat sont semblables à de petites antennes paraboliques recouvertes de fourrure. Les pavillons auriculaires peuvent pivoter indépendamment vers l'avant, l'arrière et les côtés pour déterminer l'emplacement d'un son. Ils peuvent tourner jusqu’à 180 degrés, permettant aux chats de localiser, à quelques centimètres près, un son provenant de jusqu’à un mètre en seulement six centièmes de seconde, soit plus vite qu'un clignement d'œil.
Les chatons nouveau-nés ont un odorat parfaitement développé et peuvent trouver le mamelon le plus proche pour téter.
Les oreilles des chats sont conçues pour les aider à localiser, à quelques centimètres près, les sons à une distance de près d'un mètre.
Les chats peuvent également distinguer des différences sonores extrêmement subtiles, même de l'ordre d'un dixième de ton. Leur audition ultrasonique, bien supérieure à celle des humains et même à celle des chiens, ne signifie cependant pas qu’ils sont capables de se forger un avis musical sur Beyoncé ou Beethoven. En 2015, une équipe de chercheurs de deux universités américaines a testé des mélodies incorporant des sons familiers aux félins, notamment des ronronnements et une pulsation rappelant la tétée. Les résultats ont montré que les chats préféraient les chansons pour chats (intitulées « Cozmo's Air » et « Rusty's Ballad ») à la musique composée pour les humains.
L'ODORAT
Chez le chat, l'odorat, contrairement aux quatre autres sens, est déjà pleinement développé dès la sortie du ventre de sa mère. Le chaton nouveau-né utilise rapidement son nez pour se diriger vers le mamelon le plus proche et prendre sa première gorgée de colostrum nourrissant et de lait.
Ce chat du Bengale inhale une odeur inconnue avec la bouche ouverte, un exemple de flehmen où il utilise son organe de Jacobson.
Les experts estiment que l'odorat du chat est environ quatorze fois supérieur au nôtre. L'épithélium olfactif du chat domestique, le tissu spécialisé du nez contenant les récepteurs qui détectent les odeurs, est cinq à dix fois plus grand que celui de l’humain. Par conséquent, les chats possèdent jusqu'à 200 millions de cellules spécialisées dans la détection des odeurs, contre seulement cinq millions chez l’humain.
Nos amis félins disposent d'un autre outil : l'organe de Jacobson. Situées au-dessus de la bouche, les cellules réceptrices de l'organe de Jacobson sont reliées à la partie du cerveau associée aux comportements sexuels, alimentaires et sociaux. Si les chats sentent quelque chose qui les intéresse, ils ouvrent légèrement la bouche et retroussent les babines supérieures, une expression faciale appelée le flehmen. Les molécules d'air sont ainsi dirigées vers l'organe de Jacobson. L'air inhalé est piégé sur l'épithélium olfactif ou l'organe de Jacobson, ce qui permet à nouveau au chat de détecter les molécules odorantes.
LE TOUCHER
Les moustaches des chatons sont peut-être ce que nous préférons chez eux, mais les chats en sont véritablement dépendants.
Les vibrisses, autre nom donné à ces moustaches, sont plus longues et plus épaisses que les poils normaux d'un chat. Chacune des moustaches d'un félin pousse à partir d'un follicule rempli de nerfs et de vaisseaux sanguins, ce qui les rend aussi sensibles que le bout des doigts d'un humain. Ces vibrisses compensent la vision de près du chat, qui est loin d'être excellente. Elles servent à détecter les mouvements d'air subtils qui peuvent indiquer la présence d'une proie et aider les chats à contourner les obstacles.
Maintenant que vous en savez plus sur la façon dont les chats perçoivent notre monde, vous comprendrez peut-être un peu mieux votre ami félin.
Des parties de cet article sont extraites de Secret Life of Cats de Carrie Arnold. Copyright © 2023 National Geographic Partners, LLC. Disponible ici.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.