La faune des marécages, aussi méconnue qu'indispensable

En nettoyant nos eaux, en assainissant notre air et en fournissant un abri à de nombreuses espèces, les animaux qui peuplent les zones humides de notre planète sont essentiels au bon fonctionnement de leurs écosystèmes.

De Liz Langley
Publication 5 août 2024, 09:26 CEST
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Ce castor a été observé au Schwabacher Landing, dans le parc national de Grand Teton.

PHOTOGRAPHIE DE Charlie Hamilton James, Nat Geo Image Collection

Contrairement à leur réputation d’environnements stagnants et indésirables, les marécages sont en réalité des écosystèmes extrêmement productifs et nécessaires au bon fonctionnement de notre planète. Les marécages du Moyen-Orient ont eu une importance primordiale dans le développement de l’agriculture et de la société humaine, c’est pourquoi la région est considérée comme le berceau de la civilisation.

Bien que les zones humides ne représentent que 5 % de la superficie continentale des États-Unis, « elles abritent près d’un tiers de toutes les espèces végétales » et plus d’un tiers des espèces végétales et animales rares et menacées du pays, révèle Mike Hardig, biologiste à l’Université de Montevallo, dans l’Alabama.

Quel rôle les zones marécageuses jouent-elles dans leur écosystème ? Quels types d’animaux abritent-elles, et pourquoi permettent-elles de faire de notre planète un monde plus habitable ?

 

QU’EST-CE QU’UN MARÉCAGE ?

Les marécages sont des zones humides « qui se caractérisent par leur végétation boisée abritant des arbres ou des arbustes », explique Elliot White Jr., doctorant au Watershed Ecology Lab de l’Université de Floride, qui étudie les marécages côtiers du nord du golfe du Mexique.

Les marécages les plus anciens, qui n’ont jamais été exploités ou convertis en terres cultivées, sont si imposants qu'ils rappellent parfois « l’allure d’une cathédrale, car les arbres sont très hauts » et séparés par de larges espaces « comme les colonnes d’une grande église ».

Dans le parc d’État de Manatee Springs en Floride, une permanente atmosphère de fraîcheur et d’obscurité inonde ces zones humides, et ce même les jours les plus ensoleillés, illustre White.

Probablement du fait de cette obscurité ambiante, des « petites bêtes » qu’ils abritent et de leur inaccessibilité, les marécages ne reçoivent pas la reconnaissance qu’ils méritent pour tous les bienfaits qu’ils apportent à notre planète et aux espèces qui la peuplent.

 

UN REFUGE POUR LES OURS

L’ours noir de Louisiane « comptait autrefois parmi les espèces menacées de la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature », selon White, mais depuis que les zones humides ont été restaurées dans la région, l’espèce a pu se rétablir.

Les marécages « leur ont offert un endroit où errer librement sans avoir à traverser une route ou à risquer des interactions dangereuses avec des humains. »

En outre, les chasseurs ne s’aventurant généralement pas dans ces zones naturelles, les cerfs et les canards, eux aussi, tendent à passer du temps près des marécages.

 

UN NETTOYANT NATUREL

« Les microbes qui peuplent les marécages améliorent la qualité de l’eau » en éliminant l’excès d’azote qu’elle contient, explique Christine Angelini, écologiste de la conservation à l’Université de Floride, dans un e-mail.

La mousse espagnole, très courante dans les zones humides américaines, permet quant à elle d’assainir l’air en éliminant les particules en suspension. Elle abrite également des animaux tels que des chauves-souris et des araignées, dont le rôle est de contrôler les populations d’insectes porteurs de maladies comme les moustiques et les cafards, révèle Angelini. 

Les marécages offrent aussi un abri à de nombreuses espèces de tortues qui se nourrissent de charognes, comme la tortue ponctuée en Amérique du Nord, et contribuent ainsi à nettoyer l'environnement.

De nombreux invertébrés filtreurs de grande taille, comme les moules, peuplent également le fond des marais et « débarrassent l’eau des restes organiques en suspension », explique Hardig.

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Jeune æschne bleue femelle (Aeshna cyanea) posée sur des roseaux, en Europe.

PHOTOGRAPHIE DE Cisca Castelijns, Minden Pictures, Nat Geo Image Collection

 

LE DUR LABEUR DES CASTORS

Le marais d’Ebenezer, en Alabama, dépend du travail des castors, « dont les barrages créent des zones stagnantes où de nombreux autres organismes peuvent prospérer », selon Hardig, qui dirige le programme de recherche et d’interprétation des zones humides de cette réserve protégée.

En construisant leurs barrages, les castors créent des étangs. Ces étendues d’eau sont particulièrement importantes dans des régions touchées par des sécheresses extrêmes régulières, comme le Texas, car elles « deviennent un lieu où toute la faune locale peut venir s’abreuver ».

Les insectes qui dépendent de zones d’eau pour pondre leurs œufs, comme les libellules et les moustiques, fournissent également une source de nourriture aux oiseaux, aux poissons, aux amphibiens, aux chauves-souris et à d’autres insectes.

Loin d’être laides ou menaçantes, les zones humides offrent ainsi, en plus d’un havre de paix pour de nombreuses espèces, « une abondance de beauté naturelle qui a le pouvoir d’apaiser les âmes tourmentées des humains modernes », affirme Hardig.

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    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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