Les raies mantas, extraordinaires géantes des mers
Il existe plus de 500 espèces de raies. Mais voici les reines incontestées : les raies mantas. Aussi intelligentes que menacées, elles battent tous les records.
Deux raies mantas mangent le plancton que la marée montante apporte jusqu’à un récif des Palaos. Les aires marines protégées du pays abritent deux fois plus de poissons que les zones proches non protégées, et cinq fois plus de carnassiers.
Les raies mantas sont les plus grandes raies du monde. Ces créatures marines vivent dans les eaux océaniques tropicales, subtropicales et tempérées du monde entier. Manta signifie « couverture » ou « manteau » en espagnol, et cela décrit assez bien l'aspect du corps de ces animaux, large et plat qui fend l'eau avec une grâce sans pareille.
Pendant des décennies, les scientifiques ont pensé qu'il n'existait qu'une seule espèce de raie manta. En 2008, des chercheurs ont découvert qu'il existait en fait deux espèces distinctes : la raie manta de récif (Mobula alfredi), qui a tendance à vivre le long des côtes du bassin Indo-Pacifique, et la raie manta océanique (Mobula birostris), qui vit dans tous les grands océans du monde et passe la majeure partie de sa vie loin des côtes.
Alors que la petite raie manta de récif a une envergure impressionnante d'environ 3 mètres de large en moyenne, la raie manta océanique - la plus grande espèce de raie - peut avoir une envergure allant jusqu'à 7 à 9 mètres et peser jusqu'à 1,8 tonne.
Les deux espèces de raies mantas se nourrissent par filtration : elles nagent la bouche grande ouverte, aspirant le zooplancton et le krill, qu'elles tamisent à travers les rangées de minuscules râteaux qui bordent leur bouche, appelées plaques branchiales. Elles utilisent des techniques créatives pour se nourrir : elles font souvent des sauts périlleux répétés pour rester à un même endroit rempli de krill, ou elles se nourrissent en chaîne : elles se suivent en cercle, bouche ouverte, pour créer un effet cyclonique et piéger la nourriture dans une spirale.
Les raies mantas océaniques vivent seules ou en petits groupes, et se rassemblent généralement pour se nourrir. Elles sont considérées comme des prédateurs et chassent dans les profondeurs, très en dessous de la surface de la mer.
UNE INTELLIGENCE HORS-NORME
Les raies mantas ont le plus grand rapport taille-cerveau de tous les poissons à sang froid. Des études ont montré que les raies mantas peuvent se reconnaître dans le miroir, une capacité indiquant une fonction cognitive élevée, également démontrée par les dauphins, les primates et les éléphants.
Des études ont également montré que les raies mantas sont capables de créer des cartes mentales de leur environnement, grâce à des indices olfactifs et visuels, ce qui indique une mémoire à long terme très développée.
Les raies mantas femelles atteignent la maturité sexuelle vers l'âge de huit à dix ans et donnent naissance une fois tous les deux ans, généralement à un petit, parfois à deux. La gestation dure environ douze à treize mois ; les juvéniles ressemblent à une version plus petite des raies mantas adultes lorsqu'ils naissent et peuvent immédiatement survivre sans l'aide de leurs parents.
Les raies mantas peuvent vivre jusqu'à cinquante ans. Pourtant, les deux espèces de raies mantas sont classées comme vulnérables par l'UICN. La plus grande menace qui pèse sur ces espèces est la surpêche. Parce qu'elles vivent longtemps et se reproduisent lentement, les populations localisées ont du mal à se reconstituer lorsqu'elles sont pêchées. Les raies mantas sont pêchées pour leur chair et, de plus en plus, pour leurs branchies. La médecine chinoise leur prête des vertus qui vont de l'amélioration de la circulation sanguine à la guérison de la varicelle, malgré l'absence de preuves scientifiques. D'aucuns les considèrent comme un mets de choix. Des milliers de raies mantas seraient tuées chaque année pour leurs plaques branchiales, dans le cadre d'un commerce estimé à 30 millions de dollars (environ 28 millions d'euros).
Depuis 2011, les raies mantas sont protégées dans les eaux internationales par la Convention sur les espèces migratrices, un traité international qui protège les animaux sauvages migrateurs. En outre, plusieurs pays, dont l'Équateur, le Pérou, le Mexique, les Philippines et la Nouvelle-Zélande, ont mis en place des interdictions de pêche.
En 2014, l'Indonésie, qui abrite la plus grande pêcherie de raies mantas au monde, a interdit la pêche et le commerce de ces créatures, soulignant qu'il existe une raison bien plus lucrative de les maintenir en vie : le tourisme. Selon une étude, nager avec des raies génère tellement de revenus pour les économies locales qu'une seule raie dans un lieu touristique peut générer jusqu'à un million de dollars au cours de sa vie, alors qu'elle ne vaut que 500 dollars morte.
Ces informations de référence ont initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.