Des ours à Disney World ? Il faudra désormais compter sur ces visiteurs inattendus

Un ours noir s’est mêlé à la foule du parc Disney World, en Floride. Ces situations, dues à l’augmentation de la population des ursidés, devraient devenir de plus en plus fréquentes.

De Robert Annis
Publication 28 sept. 2023, 17:39 CEST
Des oursons noirs jouent dans un jardin à Asheville, en Caroline du Nord (États-Unis). L’espèce, dont ...

Des oursons noirs jouent dans un jardin à Asheville, en Caroline du Nord (États-Unis). L’espèce, dont la population s’étend en Amérique du Nord, est de plus en plus présente en ville et en banlieue.

PHOTOGRAPHIE DE Corey Arnold

L’ourse noire qui est parvenue à accéder gratuitement au parc à thème Magic Kingdom de Disney World ne sera sans doute pas la seule de son espèce à faire une apparition surprise de la sorte.

La population d’ours noirs progresse rapidement en Amérique du Nord, si bien que les ursidés refont leur apparition dans des régions où ils n’avaient plus été observés depuis plus d’un siècle. En Floride par exemple, on dénombre environ 4 000 individus. Mais ils vivent entourés de lotissements et se retrouvent souvent à errer dans des zones habitées, indique Dave Garshelis, co-président du Groupe de spécialistes de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) sur les ours et ancien biologiste pour l’État du Minnesota.

L’ours qui s’est introduit dans le parc à thème a été capturé et relâché dans la forêt nationale d’Ocala, une réserve de 1 742 km² située à la croisée de deux grandes villes, Gainesville et Orlando. 

« La population d’ours noirs se porte à merveille dans quasiment chaque État américain où ils sont présents », c’est-à-dire au moins 40, explique le biologiste. « Ce sont des animaux très opportunistes, qui exploitent la moindre ressource alimentaire, même si cela veut dire se trouver à proximité d’un grand nombre d’humains ».

Face à la réduction de leur habitat et l’augmentation du développement humain, les ours noirs sont de plus en plus nombreux à s’aventurer dans les régions métropolitaines, comme celles de Minneapolis et de Washington D.C. Dave Garshelis se souvient d’un ours noir équipé d’un collier émetteur qui avait parcouru près de 1 300 km et traversé cinq États densément peuplés avant d’être percuté par une voiture en Louisiane. 

Contrairement à ce que la plupart d’entre nous peuvent penser, les ours (même les ours noirs) « sont très tolérants envers les humains », confie Daryl Dancer, guide spécialiste des ours en Colombie-Britannique. « C’est formidable de voir qu’il n’y a pas plus de mauvaises rencontres ».

En général, les ours noirs prennent la fuite à l’approche d’un humain. Les ours bruns (et les grizzlis qui en sont une sous-espèce) ont plutôt tendance à se cacher jusqu’à ce que les bipèdes que nous sommes s’éloignent.

« Dans la plupart des rencontres entre un ours brun et un humain, non seulement il n’y a pas d’attaque, mais en plus, l’humain n’a généralement aucune idée qu’un grizzli est présent à proximité », souligne Dave Garshelis.

Dans une vidéo récemment mise en ligne, on peut voir une ourse grizzli et son ourson qui semblent suivre un groupe de randonneurs dans le Parc national Banff, au Canada. Si, pour certains, la petite famille semble « traquer » les marcheurs, les spécialistes estiment plus probable que les ursidés empruntaient simplement le sentier pour parvenir à leur destination.

Réveil difficile des ours noirs après plusieurs mois d'hivernation

« Un ours mal intentionné serait tapi dans l’ombre et ne cesserait d’apparaître et de disparaître », précise Daryl Dancer.

Les rencontres ours-humains vont se multiplier à l’avenir, surtout dans les régions touristiques, c’est pourquoi il est essentiel de trouver des solutions pour vivre en harmonie, ajoute la guide.

 

DES ATTAQUES RARES

Environ 58 000 ours bruns vivent en Amérique du Nord, la plupart à l’ouest du Mississippi. Les États-Unis comptent 1 500 zones de présence dans l’Idaho, le Montana, l’État de Washington et le Wyoming. Dans le parc de Yellowstone et d’autres, la population de l’espèce augmente, sa chasse étant interdite.

On estime que 600 000 ours noirs vivraient dans la majeure partie de l’Amérique du Nord, notamment au Canada, en Nouvelle-Angleterre, dans les Appalaches, dans de nombreux États de l’Ouest des États-Unis, et même au Mexique.

Malgré l’augmentation de la population d’ursidés, les attaques sont rares. Selon l’U.S. National Park Service, moins de trois personnes meurent chaque année en Amérique du Nord à la suite d’une mauvaise rencontre avec un ours brun ou noir. La plupart des incidents se produisent lorsque l’animal a été pris au dépourvu, par exemple s’il mangeait ou s’il était accompagné de ses petits. « Les ours bruns se montrent agressifs lorsqu’ils sont surpris ; pour eux, [l’humain] est l’agresseur », explique Dave Garshelis.

D’après l’U.S. National Park Service, une personne vivant en Amérique du Nord a une chance sur 2 millions d’être attaquée et tuée par un ours. À titre de comparaison, la probabilité de mourir après avoir été piqué par une abeille est d’une sur 54 516. 

La plupart des interactions entre les ours et les humains peuvent être évitées en prenant quelques précautions, comme ne pas laisser de nourriture dehors, garder les animaux de compagnie dans la maison ou les tenir en laisse, et disposer de poubelles « anti-ours ». Lentement mais sûrement, leur adoption se généralise dans de nombreuses régions du continent.

« Avant, les gens pensaient systématiquement que si un ours fouillait les poubelles, c’était de sa faute. Ils sont davantage sensibilisés maintenant. Il est de notre responsabilité de mettre fin à ces habitudes ».

 

RESTER EN SÉCURITÉ EN TERRITOIRE OURS

Si nous apprécions pour beaucoup le silence de la forêt, il s’avère judicieux de faire du bruit lorsque vous randonnez pour éviter de surprendre un ours. Daryl Dancer vous recommande de crier « Salut l’ours ! » de temps en temps lorsque vous vous baladez en territoire ours.

Si vous tombez sur un grizzli situé à une centaine de mètres de vous, faites calmement demi-tour. Si l’animal est sur le sentier, restez calme, ne le regardez pas dans les yeux, reculez ou quittez le sentier pour le laisser passer.

Dans une vidéo filmée dans le parc national Banff, l’ourson semble faire des charges d’intimidation, mais pour Dave Garshelis, celui-ci était plutôt en train de jouer ou de s’entraîner à charger. « L’ourson était accompagné de sa mère, qui est capable de terrasser n’importe quelle personne [susceptible de lui faire du mal]. Je pense donc qu’il était simplement curieux et qu’il voulait voir comment les randonneurs allaient réagir ».

Ne courez jamais, au risque de réveiller l’instinct prédateur de l’animal. Dans le cas peu probable où vous seriez attaqué par un ours brun, faites le mort, le visage contre terre, les mains sur la nuque, les jambes écartées pour que l’ursidé ait plus de difficultés à vous retourner.

Pour faire fuir un ours noir se montrant agressif, il suffit généralement d’agiter les bras et de crier. N’hésitez pas non plus à emporter avec vous du répulsif à ours si vous faites une randonnée dans une zone où vivent des ursidés, ajoute Dave Garshelis.

En 16 ans de métier, Daryl Dancer, qui organise des sorties d’observation d'ours, n’a pas encore eu à utiliser de répulsif. Selon elle, c’est parce qu’elle connaît les ursidés et leur comportement.

« Tout est une question de coexistence », explique-t-elle. « Plus vous connaissez votre voisin, mieux vous vous entendez ».

les plus populaires

    voir plus

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise. The Walt Disney Company est l'actionnaire majoritaire de National Geographic Partners.

    les plus populaires

      voir plus
      loading

      Découvrez National Geographic

      • Animaux
      • Environnement
      • Histoire
      • Sciences
      • Voyage® & Adventure
      • Photographie
      • Espace

      À propos de National Geographic

      S'Abonner

      • Magazines
      • Livres
      • Disney+

      Nous suivre

      Copyright © 1996-2015 National Geographic Society. Copyright © 2015-2024 National Geographic Partners, LLC. Tous droits réservés.