Comment cette impressionnante photo de requin est devenue virale

Le photographe Tom Peschak arrivait au bout de sa pellicule lorsqu'il a capturé l'image qu'il attendait : "Ce n'était plus le scientifique qui traquait le requin mais le requin qui traquait le scientifique", se souvient-il.

De Alexa Keefe
Publication 16 juin 2021, 11:57 CEST
Thomas Peschak a pris cette image qui a lancé sa carrière. Une photo qui a continué ...

Thomas Peschak a pris cette image qui a lancé sa carrière. Une photo qui a continué à vivre sans lui. 

PHOTOGRAPHIE DE Thomas P Peschak

Thomas Peschak, photographe National Geographic, connaît bien ce grand requin blanc. Il l'a photographié il y a 15 ans quand il accompagnait la scientifique Trey Snow dans un kayak jaune vif au large des côtes sud-africaines. Depuis, nombre d'internautes se sont amusés à détourer et détourner le terrifiant prédateur pour simuler des scènes tout droit sorties d'un film hollywoodien.

Comme beaucoup de photographies qui attirent notre attention, la photo originale de Peschak est une combinaison d'ingéniosité et de patience. 

En 2003, le scientifique marin Michael Scholl du White Shark Trust avait alerté Peschak sur le nombre inhabituel de requins naviguant sur le littoral sud de l'Afrique du Sud.

Les deux hommes ont essayé de suivre les requins à bord d'un bateau de recherche, mais ont découvert que le bruit du moteur modifiait le comportement des requins. Peschak a alors eu une idée. Il avait récemment acheté un kayak de mer, ce qui perturberait moins ces grands poissons. Pourquoi ne pas essayer de les suivre de cette façon ?

« Parce que c'était moi qui avait eu cette idée stupide, je me devais de m'y essayer en premier », se souvient-il.

 

AU BON ENDROIT, AU BON MOMENT

Et ça a marché. « Avec un GPS monté sur le kayak, nous avons pu suivre le requin dans des eaux peu profondes et observer son comportement naturel », explique Peschak. « Et puis le photographe que je suis a repris le dessus. »

Les négatifs de la pellicule originale montrent la scène image par image.
Les négatifs de la pellicule originale montrent la scène image par image.
PHOTOGRAPHIE DE Thomas P Peschak

Il a passé plusieurs mois sur le bateau de recherche, attendant que le temps soit calme pour partir en kayak une fois de plus. 

Peschak était fin prêt quand le jour est enfin arrivé. Attelé au pont volant du bateau, il a patiemment observé Michael Scholl traquer les requins autour de la Haaibaai, mot Afrikans désignant la « baie des requins ».

« Et soudain, nous avons vu ce requin audacieux qui remontait rapidement derrière le kayak dans la colonne d’eau », dit-il. « Je n'ai plus que les cinq ou six dernières images de ma pellicule. Alors que la nageoire dorsale fend l'eau, le scientifique dans le kayak se retourne. »

« Ce n'était plus le scientifique qui traquait le requin, mais le requin qui traquait le scientifique, ce qui était beaucoup plus logique. Parfois, les meilleures images ne sont pas celles que nous avions en tête. »

 

UN REQUIN DEVENU VIRAL

La photographie, publiée d'abord dans des journaux et magazines sud-africains, a immédiatement attiré l'attention du public.

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    Nager avec des requins-tigres

    « J'ai eu 100 000 visiteurs sur mon site web au cours des premières 24 heures, ce qui en 2003 était viral », dit-il en riant. « Je ne m'attendais pas à ce que tout le monde doute de sa véracité. »

    Les théories du complot ont fleuri dans les forums de discussion en ligne, les commentateurs analysant tout, de l'angle des ombres à la comparaison des ondulations de part et d'autre du requin pour déterminer s'il avait été ajouté en post-production ou non.

    « Pendant un moment, je venais rencontrer les journalistes avec les négatifs photo dans ma poche », dit-il.

    L'ironie ne lui a pas échappé lorsque, quelques années plus tard, le requin a commencé à apparaître à divers endroits sur Internet. Il a été emporté dans les rues d'une ville portoricaine après la tempête tropicale Irene de 2011, nageant dans un centre commercial au Koweït après l'éclatement d'un aquarium. 

    Dans le cas de l'ouragan Harvey, c'est la communauté de fans de Peschak qui l'a alerté. Chaque fois qu'ils découvrent une nouvelle photo fictive, « ils sont plus outrés que moi », sourit-il.

     

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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