Même s'ils vous paraissent très mignons, ne nourrissez pas les ratons laveurs
Vous avez peut-être l'impression de les aider, mais selon les experts, nourrir des ratons laveurs sauvages peut leur assurer une mort prématurée.
Des ratons laveurs mangent des croquettes pour chiens disposées sur le sol dans le parc du Golden Gate, à San Francisco. L'accoutumance à la nourriture humaine, rend les ratons plus susceptibles de propager des maladies, de se faire renverser par des voitures et de mourir lorsqu'ils n'en reçoivent plus.
En passant du temps sur TikTok, Instagram ou Facebook, vous avez probablement vu des vidéos virales de personnes qui donnaient à manger à des ratons laveurs sauvages, leur tendant de la guimauve ou des hot-dogs en passant par des gâteaux industriels et des lasagnes maison.
Si ces mammifères masqués semblent doux et mignons, les experts avertissent que de telles vidéos sont en réalité dangereuses.
« C'est super que les gens veuillent créer du lien avec les ratons laveurs, je le comprends parfaitement. Mais il faut faire attention » déclare Jeannine Fleegle, biologiste de la faune et de la flore à la Pennsylvania Game Commisison (commission de la chasse de Pennsylvanie).
Tout d'abord, nourrir les animaux sauvages peut rapidement entraîner une accoutumance et ils pourraient devenir un peu trop proches de l'Homme, expliquent les scientifiques. Si les personnes qui nourrissent les animaux peuvent interpréter leur comportement apprivoisé comme de l'affection, celle-ci peut rapidement se transformer en violence.
« Vous aimez sûrement beaucoup ce raton laveur, mais votre voisin ne l’appréciera peut-être pas, et les ratons laveurs ne font pas la différence. Ils associent les gens à la nourriture, ce qui peut créer des problèmes », explique Fleegle. « Ils pourraient devenir agressifs, en particulier à l'égard d'une personne de petite taille ou d'un enfant. Ils peuvent aussi l’être avec des animaux domestiques. »
Ce n'est qu'une raison parmi d’autres pour lesquelles Fleegle considère que nourrir des ratons laveurs sauvages est « l'une des dix pires idées que l'on puisse avoir. »
Au moins vingt ratons laveurs se rassemblent chaque soir dans cette zone proche de North Lake, dans le parc du Golden Gate de San Francisco. Les visiteurs leur donnent régulièrement des croquettes, de la crème, des chips et d’autres en-cas.
ENTRE MALADIES, RIVALITÉ ET EUTHANASIE
Les dents acérées et la force d’une morsure d'un raton laveur sur le doigt ou la main suffiront largement à vous blesser. Certaines vidéos de ces morsures sont d’ailleurs devenues virales.
Selon une étude menée entre 2001 et 2004, les morsures de ratons laveurs ont conduit plus de 1 300 Américains aux urgences.
Ce qui est, de loin, le plus préoccupant, et cela vaut pour toute morsure de mammifère sauvage, ce sont les agents pathogènes qui peuvent être transférés lors d'un tel incident.
« Les ratons laveurs sont porteurs de nombreuses maladies que nos animaux domestiques et nous-mêmes pouvons contracter », explique Fleegle. « La plus importante est bien sûr la rage, qui est mortelle, mais il y a également le parvovirus, la maladie de Carré, la baylisascariase, la leptospirose… Je pourrais en citer bien d’autres encore. »
Les humains et leurs animaux de compagnie ne sont pas les seuls à courir le risque. En nourrissant des animaux sauvages, ils les incitent à se rassembler en plus grand nombre qu'ils ne le feraient dans la nature et, par conséquent, à se transmettre des maladies infectieuses entre eux plus facilement.
« La compétition et les agressions entre animaux constituent un autre problème », déclare Fleegle, après avoir regardé une série de vidéos de ratons laveurs sur TikTok.
« Les bagarres peuvent entraîner des blessures. Ces situations sont stressantes pour les animaux et on ne s’en rend pas forcément compte. Or le stress inhibe le système immunitaire et ouvre la porte à des maladies qui n’auraient peut-être pas été un problème autrement. »
PLUS DE MAL QUE DE BIEN
Vous avez peut-être déjà pris en compte tous ces risques avant de décider de nourrir des animaux sauvages que vous ne pouvez pas vous résoudre à laisser souffrir de la faim ou du froid. Cependant, ce que vous ne réalisez peut-être pas, c'est qu'en voulant aider, vous risquez de faire plus de mal que de bien.
Erik Misael Flores Serrano, employé d'un service de capture des animaux sauvages qui ne les tue pas, tient un jeune raton laveur qu'il a retiré d'un vide sanitaire sous une maison à Woodacre, en Californie. Partout en Amérique du Nord, les ratons laveurs partagent de plus en plus l'espace avec les humains.
« Les ratons laveurs et les autres animaux sauvages ont naturellement les outils pour survivre et résister à tout ce que Mère Nature peut leur faire subir », explique Fleegle. « Ils y travaillent depuis des millénaires et n'ont pas besoin de notre aide. »
En outre, lorsque le pire se produit et qu'un raton laveur griffe ou mord une personne, le seul moyen pour les gestionnaires de la faune sauvage ou les forces de l'ordre de déterminer si l'animal est atteint de la rage est de l'euthanasier et d'examiner son cerveau.
« Alors à long terme, est-ce que vous les aidez vraiment ? », questionne Fleegle. « S’il se passe quelque chose, vous aurez tué l’animal. »
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.