Comment nourrir la Chine ?
Les besoins croissants de la Chine transforment son agriculture et celle du monde.
En juillet 2017, la Chine abritait 1 379 302 771 personnes, soit un cinquième de la population mondiale. Avec moins d’un dixième des terres arables, le géant asiatique doit donc relever un double défi : mettre sur pied une agriculture productive et respectueuse de l’environnement.
Aujourd’hui, plus de 90 % des fermes du pays mesurent moins de 1 ha, et leur superficie moyenne figure parmi les plus faibles du monde. Mais, au cours de ces quatre dernières décennies, la Chine a rattrapé son retard, arrivant au même niveau de développement agricole que le monde occidental avait mis cent cinquante ans à atteindre – tout en innovant.
Tous les types d’agriculture coexistent aujourd’hui sur son sol : des fermes familiales minuscules, des laiteries et des usines de production de viande rutilantes, des fermes high-tech respectueuses de l’environnement, et même des fermes urbaines biologiques.
Les Chinois mangent désormais trois fois plus de viande qu’en 1990. De 1995 à 2010, la consommation de produits laitiers a quadruplé chez les urbains, et quasi sextuplé chez les ruraux. Et la Chine achète beaucoup plus d’aliments transformés : + 65 % entre 2008 et 2016.
Du fait de la modestie de ses ressources agricoles, satisfaire ce nouveau régime alimentaire oblige la Chine à se tourner vers l’extérieur, ce qui a conduit le gouvernement à encourager – et à aider – les firmes nationales à acquérir des terres et des sociétés agroalimentaires aux États-Unis, en France, en Ukraine, en Tanzanie et au Chili, entre autres.
Mais, autant par idéologie qu’en réaction à son isolement politique, la Chine veille depuis longtemps à être autosuffisante en céréales de base. Ce choix a aussi des implications pour l’agriculture intérieure. En 2013, le président Xi Jinping, discutant de politique alimentaire avec des responsables ruraux, a déclaré : « Notre bol de riz doit être principalement rempli avec de la nourriture chinoise. » Cela soulève une question délicate : si les Chinois entendent se nourrir eux-mêmes et manger davantage comme des Occidentaux, quelles en seront les conséquences sur la façon dont ils cultivent leurs terres ?
Dans le numéro d’avril 2018 du magazine National Geographic, une grande enquête sur l’agriculture chinoise en pleine mutation.