Un tiers des zones protégées seraient menacées par l'activité humaine

Alors que les zones protégées sont créées pour protéger la biodiversité, une nouvelle étude révèle qu'elles ne remplissent pas leurs objectifs.

De Sarah Gibbens
Publication 18 mai 2018, 14:24 CEST
Photographie du kilomètre 98 de la MKAD, une autoroute de Moscou qui traverse le parc national ...
Photographie du kilomètre 98 de la MKAD, une autoroute de Moscou qui traverse le parc national Lossiny Ostrov.
PHOTOGRAPHIE DE Maksim Blinov, Sputnik, Ap

Afin de protéger les ressources et la biodiversité, les écologistes ont créé des zones protégées. Dans ces parcs, réserves et sanctuaires où la présence humaine est presque nulle, les écosystèmes et les espèces s'épanouissent.

Une nouvelle étude publiée dans la revue Science révèle que l'activité humaine et notamment l'expansion urbaine menace un tiers de ces zones protégées.

Il existe 200 000 zones protégées de différentes tailles dans le monde. Aujourd'hui, six millions de km² sont menacés par l'agriculture, l'urbanisation, les infrastructures routières, ferroviaires et fluviales, ainsi que la pollution lumineuse.

Des chercheurs se sont penchés sur « l'empreinte humaine », une carte mondiale publiée pour la première fois en 2016 et qui montre les menaces qui pèsent sur la biodiversité. En comparant cette carte avec celle des zones protégées, ils ont pu découvrir quels étaient les lieux où les humains exerçaient des pressions. James Watson, l'un des auteurs de l'étude et membre de la Wildlife Conservation Society, une organisation de protection de la faune sauvage, a déclaré que les espèces et les ressources naturelles essentielles sont compromises par un empiétement humain toujours plus important.

« Il y a de grandes chances que la crise de la biodiversité empire », a indiqué James Watson dans un communiqué de presse. Les scientifiques nous avertissent du dangereux recul de la biodiversité mondiale, puisque la perte de biodiversité a d'importantes répercussions.

Aux États-Unis, les cas de maladie de Lyme ont augmenté et s'expliquent par le manque de protection envers les prédateurs comme les lynx. Des chercheurs ont découvert qu'avec la baisse du nombre de prédateurs, les populations de cerfs ont augmenté et les tiques avaient donc plus de facilité à trouver un hôte et de transmettre notamment la maladie de Lyme.

Les scientifiques ont tenté d'apporter des solutions à cette crise en demandant la création de zones protégées supplémentaires, où la faune et la flore pourra vivre paisiblement. C'est notamment le cas d'E.O. Wilson, célèbre biologiste, qui a proposé en octobre dernier de placer en zone protégée la moitié de la surface terrestre.

Pour les auteurs de l'étude, il est temps de tirer la sonnette d'alarme pour repenser la protection de la biodiversité, mais aussi mettre en place des solutions pour respecter les standards établis par la Convention sur la diversité biologique. Signé en 1992 par 196 pays, ce traité demande à ce que des mesures soient prises pour assurer la diversité biologique en préservant les ressources.

Mais ces objectifs seront-ils atteints par les signataires ?

Le mont Mikeno (à gauche) et le mont Karisimbi qui culmine à plus de 4 500 ...
Le mont Mikeno (à gauche) et le mont Karisimbi qui culmine à plus de 4 500 mètres d'altitude (à droite) se situent dans le parc national des Virunga, en République démocratique du Congo. L'étude a révélé que la région subit de plus en plus de pression à cause de l'empiètement humain.
PHOTOGRAPHIE DE Jad Davenport, National Geographic Creative

Pour Elizabeth O'Donoghue, directrice des infrastructures et de l'utilisation des terres pour Nature Conservancy, les résultats de l'étude ne sont pas surprenants au vu du taux de croissance démographique mondiale.

Avec ses collègues, elle a mis au point une « Green Print », une empreinte verte grâce à laquelle les communautés ou les promoteurs peuvent évaluer les problèmes environnementaux potentiels à San Francisco et ses alentours. Il s'agit d'une des régions à la plus forte croissance démographique des États-Unis, ce qui a conduit à une crise du logement. Elle a alors eu du mal à trouver l'équilibre entre la protection de la biodiversité et l'empiétement humain.

« 7 millions d'habitants vivent dans la baie de San Francisco. Elle devrait bientôt en accueillir 9. Sauf que de nombreuses espèces vivent également là-bas », a expliqué Elizabeth O’Donoghue. Bien qu'il n'en soit qu'à ses débuts, l'outil de la Nature Conservancy permet à l'information de se diffuser. Elizabeth O’Donoghue ajoute que  pour protéger la biodiversité sur le long terme, il est essentiel de bénéficier du support des citoyens et des politiques.

Si nous ne protégeons pas les ressources, à quelles conséquences nous exposons-nous ?

« Ce sont les plantes et les animaux qui vivent autour de la baie de Francisco qui ont fait son charme. Sans protection, leurs nombres diminueraient », a expliqué Elizabeth O’Donoghue. « Un grand nombre d'espèces ne pourrait plus traverser ces pâturages. La capacité naturelle de la nature à absorber l'eau de pluie et la stocker dans les nappes phréatiques serait amoindrie. La qualité de l'air et de l'eau potable seraient également touchées ».

Malgré cet avenir plutôt sombre, toutes les découvertes de l'étude ne sont pas négatives.

Dans les régions protégées de façon stricte, les scientifiques ont découvert que les Hommes empiétaient moins sur les zones protégées. Des lois plus sévères pourraient donc permettre à ces territoires de remplir leurs objectifs en terme de biodiversité.

Notons tout de même que les effets du changement climatique ou des conflits sur les zones protégées n'a pas été considéré par les chercheurs, alors que les scientifiques nous mettent en garde de leurs conséquences négatives sur le long terme.

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