Écosse : un bébé phoque retrouvé mort étouffé par du plastique

Le blanchon, malade, avait les intestins bouchés par un film plastique. Ce dernier aurait accéléré sa mort.

De Elaina Zachos
Un bébé phoque du Groenland se repose sur la banquise dans le golfe du Saint-Laurent.
Un bébé phoque du Groenland se repose sur la banquise dans le golfe du Saint-Laurent.
PHOTOGRAPHIE DE David Doubilet, National Geographic Creative
Cet article a été écrit dans le cadre de notre campagne Planète ou plastique ?, destinée à sensibiliser le public à la crise mondiale des déchets plastiques. Vous aussi, réduisez votre consommation d'objets en plastique jetables et engagez-vous à nos côtés.

Un petit bout de plastique, voilà qui suffit à tuer cet animal.

En juin dernier, un bébé phoque du Groenland a été retrouvé mort sur l'île de Skye, en Écosse. Son corps a été ramené au Scottish Marine Animal Stranding Scheme (SMASS), une organisation gouvernementale chargée d'enquêter sur la mortalité des mammifères marins. L'autopsie a été réalisée par le pathologiste vétérinaire Andrew Brownlow, qui a retiré un bout de plastique de l'estomac du petit animal. Mercredi, le vétérinaire a publié un post sur la page Facebook de la SMASS.

Le phoque avait entre 8 mois et 1 an. D'après Andrew Brownlow, il est plutôt rare de découvrir des déchets plastique dans l'estomac des phoques et qu'ils en succombent. D'ordinaire, ils sont plutôt victimes des filets et des lignes de pêche, dans lesquels ils sont pris au piège et finissent par mourir.

« Il est très rare que des phoques ou des cétacés ingèrent du plastique », a déclaré Andrew Brownlow, qui dirige aussi la SMASS. « Ces animaux sont intelligents et sont capables de faire la différence entre une proie et du plastique ».

La mort de ce bébé phoque montre l'ampleur de la pollution plastique dans les océans. Même les animaux marins les plus intelligents sont victimes de ce fléau mortel.

 

UN PHOQUE PERDU ?

La SMASS a l'habitude d'être appelée lorsque des phoques gris et des veaux marins, nombreux en Écosse, se sont échoués. Mais les phoques du Groenland vivent normalement en Arctique et en découvrir un au Royaume-Uni est plutôt rare.

« Il ne ressemblait pas à un phoque gris », se souvient Andrew Brownlow. « Grâce à l'autopsie, nous avons pu déterminer à quelle espèce il appartenait et aussi tenter d'en savoir plus sur sa vie ».

D'après les spécialistes, le film plastique découvert dans l'estomac du bébé phoque serait un emballage.
D'après les spécialistes, le film plastique découvert dans l'estomac du bébé phoque serait un emballage.
PHOTOGRAPHIE DE Scottish Marine Animal Strandings Scheme

Les phoques du Groenland ne sont pas menacés d'extinction. Ils passent la majeure partie de leur temps à nager dans les eaux glacées du nord de l'Atlantique et de l'océan Arctique et se nourrissent de poissons et de crustacés. Chaque année, ils migrent vers leurs aires de reproduction de Terre-Neuve, de la mer du Groenland et de la mer Blanche.

Bien qu'il ne soit pas impossible de trouver un phoque du Groenland en Écosse, cela est plutôt rare. Le vétérinaire pense que le blanchon est né dans le nord de la Norvège et qu'il s'est dirigé vers le sud, sans que l'on sache pourquoi. Il est possible qu'il se soit perdu ou qu'il ait suivi d'autres phoques ou une proie. Dans sa publication Facebook, Andrew Brownlow révèle que le changement climatique a peut-être joué un rôle sur le déplacement de l'animal.

Au cours de l'autopsie, Andrew Brownlow et ses collègues ont découvert un morceau de plastique léger de 5 cm froissé dans l'estomac du bébé phoque. De légères ulcérations ont été observées, ce qui laisse penser que le plastique était coincé dans l'estomac depuis un moment. Il se peut qu'il ait bloqué le pylore, une région de l'estomac reliée aux intestins. Le bout de plastique aurait donc empêché à l'estomac du phoque de se vider. L'intestin présentait aussi des traces d'inflamations.

Mais comme le précise Andrew Brownlow, le plastique n'est pas directement responsable de la mort du phoque. En effet, l'animal présentait des signes d'autolyse, de déshydratation et était émacié : il était donc déjà malade et ne semble pas avoir mangé récemment avant sa mort. Des parasites et des signes d'infections ont été retrouvés sur son corps, mais aucun traumatisme n'est à déplorer.

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    Andrew Brownlow estime que le morceau de plastique a endommagé le tissu de l'estomac, permettant aux bactéries de l'intestin de se retrouver dans le sang de l'animal. Malade, ce dernier n'aurait pas vécu vieux, mais le plastique a pu accélérer sa mort.

    Une fois dans l'estomac, le plastique ne se morcelle plus. Un animal en bonne santé serait peut-être toujours en vie. Il aurait ressenti une gêne, mais le film plastique ne l'aurait probablement pas tué.

     

    « Ce décès n'est pas une tragédie pour l'espèce puisqu'elle se porte bien, mais elle l'est pour ce phoque », a déclaré le vétérinaire. « [La pollution par le plastique] est la dernière chose dont les animaux marins avaient besoin ».

     

    LE PLASTIQUE, UN VÉRITABLE FLÉAU

    Le plastique affecte aussi d'autres espèces que les phoques du Groenland. Des lions de mer ainsi que d'autres espèces de phoque sont souvent prises au piège par du matériel de pêche, des sacs et des liens autobloquants en plastique.

    Environ 700 espèces marines prennent le plastique pour de la nourriture. Les déchets plastique peuvent percer la paroi de l'estomac, laissant donc l'animal mourir de faim. Les oiseaux marins ainsi que les tortues de mer menacées d'extinction ingèrent ces déchets, tandis que les poissons, les baleines et tous les autres animaux marins à branchies sont de plus en plus exposés au risque de consommer des microplastiques.

    Les humains ne sont pas non plus à l'abri de cette pollution : en mangeant du poisson, nous pourrions bien ingérer de tout petits morceaux de pailles, de bouchons et d'emballages plastique. Le plastique fait donc partie de notre chaîne alimentaire, sans que nous le voulions.

    Si une partie de la pollution par le plastique est visible, 90 % des déchets plastique mesurent à peine plus d'un centimètre. À peine détectable à l'œil nu, ces petits bouts de plastique peuvent condamner à mort les animaux qui ignorent que ce ne sont pas des proies.

    « C'est pour cette raison que ces minuscules morceaux [de plastique] sont aussi problématiques que les plaques de déchets plastique », a indiqué Andrew Brownlow.

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