"Jane, un message d'espoir" adressé aux jeunes générations

National Geographic diffuse mercredi 22 avril un documentaire inédit retraçant la vie et le combat de la primatologue Jane Goodall.

De Romy Roynard
Publication 9 avr. 2020, 16:56 CEST
Image tirée du documentaire "Jane, un message d'espoir", diffusé le 22 avril à 21h sur National ...

Image tirée du documentaire "Jane, un message d'espoir", diffusé le 22 avril à 21h sur National Geographic.

PHOTOGRAPHIE DE National Geographic

Lorsque j’ai rencontré Jane Goodall à Paris il y a quelques années à l’occasion de la sortie du documentaire Jane, j’avais été marquée par la sérénité de cette icône malgré elle. Cette sérénité de ceux, rares, qui mènent avec éthique et intégrité une vie tournée vers les autres. 

Le film réunissait les images d’Hugo van Lawick, d’une beauté et d’une sincérité bouleversantes, que National Geographic avait retrouvées dans ses archives quelques temps auparavant. On y voyait Jane, vingt-trois ans, hésitante, inexpérimentée, mais patiente et passionnée. Ses jeunes années ont été documentées par celui qui l’aimait et qui s’était fait le témoin de son extraordinaire lien avec la nature.

Pendant la conférence de presse, Jane Goodall parlait d’elle, consciemment ou non, à la troisième personne, comme pour se distancer de cet idéal façonné par d’autres.

Lorsque je lui en fis la remarque, après une courte pause, elle me répondit : « C'est une manière pour moi de distinguer mes différentes vies. Ça n'a pas été conscient... En 1986, il y a eu une grande conférence sur les études menées sur les chimpanzés dans sept pays africains. Il y a eu des vidéos montrant à quel point les singes étaient menacés, qui m'ont vraiment choquée. Je suis allée à la conférence en tant que scientifique, j'en suis ressortie activiste. Je n'ai pas vraiment pris cette décision, elle s'est imposée à moi. »

Cette conférence, point final de Jane, est le point de départ d’un nouveau documentaire consacré à la célèbre primatologue, Jane, un message d'espoir.

 

JANE, L’ACTIVISTE

Ce documentaire inédit, produit par National Geographic, déconstruit la manière dont la primatologue, qui avait accepté dans les années 1960 de faire de sa vie un roman-photo pour étudier les chimpanzés en Tanzanie, est devenue une telle icône pour les environnementalistes.

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Jane Goodall et Jou Jou, un chimpanzé au zoo de Brazzaville. République du Congo, 1990.
PHOTOGRAPHIE DE Michael Nichols, National Geographic Creative

Ses recherches ont été financées par la fondation de l'anthropologue et primatologue Louis Leakey, elle-même financée par la National Geographic Society. C'est ce primatologue qui envoya à l'étude des grands singes dans leur milieu naturel, les « Trimates », un groupe de trois passionnées d'animaux, sans expérience ni éducation mais dotées d'une sensibilité et d'une patience hors du commun : Dian Fossey sur les gorilles, Jane Goodall sur les chimpanzés, et Biruté Galdikas sur les orangs-outangs.

Aujourd’hui encore, Jane Goodall explique son extraordinaire popularité par l'exposition médiatique que [lui] a offert National Geographic, « je suis devenue une sorte d'icône », glisse-t-elle avec une humilité désarmante. Peu de temps après la fameuse conférence qui fit d’elle une activiste, Jane Goodall a en effet été invitée par National Geographic à prendre la parole devant 5 000 personnes. Une véritable épreuve pour la jeune femme timide qu’elle était alors. « C'était très déstabilisant », m’avait-elle confié. « Je ne savais pas comment gérer cela. C'était affreux. C'est là que j'ai réalisé qu'il y avait deux Jane. Celle qui vous parle aujourd'hui, en toute simplicité. Et puis il y avait l'icône, qui devait aider l'autre à accomplir la mission pour laquelle elle était faite. »

Comme le rappelle le documentaire Jane, un message d'espoir, Jane Goodall ne se sent véritablement bien qu’en forêt, lorsqu’elle est en contact direct avec la nature, avec les chimpanzés qu’elle trouve volontiers moins cruels que les Hommes. Mais pour protéger ce fragile éden auquel elle est tant attachée, elle a dû se faire ambassadrice d’une cause plus grande qu’elle, plus grande que nous tous. Devenir une activiste défendant le sort de la faune, de l’environnement dans son ensemble, en choisissant pour arme l’éducation, plus grand vecteur de changement, plus belle promesse d’avenir.

 

JANE, LA DIPLOMATE

Plus diplomate que Dian Fossey, Jane Goodall a très tôt compris la nécessité de travailler avec les populations locales. De financer des programmes de protection des animaux et des programmes d’éducation. Et ce même si cela signifiait faire des compromis et, chose qui lui a souvent été reprochée, de « pactiser avec l’ennemi » et de faire appel aux grandes entreprises polluantes pour financer la protection de la faune dans les sept pays abritant des populations de chimpanzés.

Quand les réalisatrices de Jane, un message d'espoir abordent ce sujet, elle sourit avant de répondre « Mais si vous ne parlez pas aux gens, comment pouvez-vous espérer qu’ils changent ? ». On suit alors Jane parcourant le monde, ce qu’elle continue de faire 300 jours par an à l’âge de 86 ans, rencontrant des politiciens, des hauts dignitaires, des hommes et femmes d’affaires. Entre deux rencontres et de rares moments passés avec ses trois petits-enfants, elle parle à l’envi des missions du Jane Goodall Institute.

Le Jane Goodall Institute, créé en 1977, est aujourd’hui implanté dans vingt-trois pays et repose sur trois piliers : la recherche, l’éducation et la conservation de la faune. Plusieurs missions de protection de la faune ont ainsi permis la création et la gestion de réserves naturelles. Les primates enlevés à leur mère à l’état sauvage qui ont pu être libérés sont soignés avant d’être réintroduits dans la forêt. Les populations de grands singes sont surveillées et soignées par des vétérinaires et des gestionnaires locaux, des abris et des centres de conservation de la faune ont agrémenté le décor naturel de la savane et la brousse ouest-africaines.

Profondément optimiste, Jane Goodall par ailleurs fondé Root and Shoots, le programme d'éducation du Jane Goodall Institute, qui s'adresse aux maternelles jusqu'aux étudiants, pour que les enfants apprennent à leurs parents et à leurs grands-parents comment prendre soin de notre planète.

La plupart des scientifiques ne parlent pas d’espoir. Mais Jane Goodall s’y attache, apportant à la nécessaire prise de conscience l’humanité qu’elle requiert. C’est ce message qui, en filigrane, nous est transmis dans le très beau portrait réalisé par Kim Woodard et Elizabeth Leiter, qui sera diffusé le 22 avril 2020 à 21h sur National Geographic.

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