Biodiversité : 68 % des populations de vertébrés ont disparu en moins de 50 ans
Cette année encore, le rapport Planète Vivante 2020 du WWF annonce des pertes de biodiversité alarmantes. En moins d’un demi-siècle, la planète a perdu près des deux tiers des populations de vertébrés qu'elle abritait.
« Nous ne sommes pas dans la bonne direction, il est temps de réagir et de réellement prendre les choses en main » déclare Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France à l’occasion de la sortie du Rapport Planète Vivante 2020. Depuis 1998, l’ONG WWF publie tous les deux ans un rapport qui mesure l’état de la biodiversité planétaire et cette année, le bilan n’a jamais été aussi mauvais.
Selon l’Indice Planète Vivante, calculé par la Société zoologique de Londres, la taille moyenne des populations de vertébrés sauvages a décliné de 68 %. Autrement dit, en moins d’un demi-siècle, les effectifs de plus de 20 811 populations de 4 392 espèces de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons ont chuté des deux tiers.
Courbe montrant l’Indice Planète Vivante mondial entre 1970 et 2016. L’abondance moyenne de 20 811 populations représentant 4 392 espèces suivies dans le monde a diminué de 68 %. La ligne blanche indique les valeurs de l’indice, et les zones colorées l’intervalle de confiance entourant la tendance.
De fait, les différentes régions du globe ne sont pas impactées de la même manière, « la baisse de 94% de l’Indice Planète Vivante pour les sous-régions tropicales des Amériques est le déclin le plus important jamais observé » pouvons-nous lire dans le rapport. Les causes ? Nous les connaissons, la destruction des milieux naturels qui laisse place à des modèles d’élevage industriels intensifs et une production agricole qui engendrent 80 % de la déforestation mondiale. La surexploitation des milieux marins qui entraîne la destruction des écosystèmes, les pollutions plastiques ou chimiques, l’introduction accidentelle d’espèces… Les causes sont trop nombreuses.
La directrice générale du WWF garde malgré tout espoir, « quand on fait des efforts en termes de conservation, ça marche ! » se réjouit-elle.
En effet, il arrive que les chercheurs observent chez quelques espèces que le nombre d’individus augmente, c’est le cas de la loutre (Lutra lutra), du lynx (Lynx lynx) ou encore du saumon (Oncorhychus kisutch) en France. « La loutre avait quasiment disparu en France à la fin des années 1980, mais grâce à un plan d’action national loutre, les populations de loutres augmentent et maintenant cette espèce est présente dans la moitié des départements français ! C’est une très bonne nouvelle pour cette espèce qui est un très bon bio-indicateur » poursuit-elle. « Quand on parle de biodiversité, on parle aussi de l’humain, et protéger la nature c’est donc protéger l’Homme ! »
WWF rappelle dans son rapport que la destruction des écosystèmes et la perte de biodiversité font porter un risque considérable sur la sécurité alimentaire mondiale et l’accès à l’eau qui reposent sur un grand nombre d’espèces sauvages et cultivées.
Pendant le confinement, WWF a lancé une consultation citoyenne. Au vu des résultats, la prise de conscience est notable chez les citoyens, « il y a un vrai virage en matière de citoyenneté active pour inverser les tendances » affirme Véronique Andrieux, « nous l’entendons fréquemment mais le changement passe aussi par le consommateur. Privilégier des aliments d’origine végétale, diminuer sa consommation de viande, et privilégier des aliments issus de l’alimentation biologie en circuit court, de nombreuses solutions existent ». (À lire : Manger de la viande aurait de "graves" conséquences pour la planète)
La COP15 de la Convention sur la diversité biologique se tiendra à Kunming en Chine du 17 au 30 mai 2021. Cette convention, très attendue, fixera les enjeux majeurs de la conservation de la biodiversité à l'horizon 2030. Elle sera donc d'une importance vitale pour de nombreuses espèces.