Prêts à abandonner la fast fashion ? Donnez sa chance à la "slow fashion"

Bien lire les étiquettes, comprendre la composition de vos vêtements et leur prix : voici quelques clefs pour consommer autrement.

De Lauren Potts
Publication 10 juin 2024, 16:14 CEST
Le renouvellement moderne des vêtements engendre un coût environnemental et humain considérable. Savoir ce que l'on ...

Le renouvellement moderne des vêtements engendre un coût environnemental et humain considérable. Savoir ce que l'on garde dans son armoire et prendre le temps de réfléchir à l'endroit où l'on peut ajouter une pièce polyvalente et de qualité permet de réduire l'empreinte écologique de chacun.

PHOTOGRAPHIE DE Elliot Ross, Nat Geo Image Collection

Nous sommes nombreux à avoir acheté une robe ou une chemise bon marché sur un coup de tête, pour ne la porter qu'une fois (voire pas du tout) et la reléguer au fond du placard. Il vous est peut-être même arrivé d'acheter une paire de chaussures pour vous rendre compte que vous en aviez déjà une paire très similaire à la maison. Pis encore, il arrive que l'article se désagrège après un seul lavage et qu'il finisse à la poubelle.

Ces expériences communes avec ce que l'on appelle la « fast fashion » s'accompagnent souvent d'un sentiment de culpabilité, non seulement pour l'argent dépensé, mais aussi parce qu'elle encourage le traitement non éthique des travailleurs et aggrave l'impact écologique des vêtements dont on ne veut plus sur notre planète.

« La fast fashion, ce sont des prix très bas, des matériaux très bon marché, des ouvriers qui ne touchent pas le salaire minimum légal du pays ou de la région, et une stratégie de marketing lourde qui consiste à "si vous n'achetez pas maintenant, vous le regretterez" », explique JennIfer Walderdorff, consultante en mode durable et autrice de Look @ the Labels (Regardez les étiquettes). À l'inverse, la « slow fashion » se caractérise par des tissus de meilleure qualité, une rémunération équitable des ouvriers et l'absence de transport aérien d'un point à un autre. Tout est plus réfléchi que la « fast fashion », qui est plus éphémère et axée sur les micro-tendances.

Malgré une prise de conscience croissante des coûts humains et environnementaux de la fast fashion, tout le monde n'a pas la possibilité de faire des achats plus durables. Avec la hausse de l'inflation, le coût de la vie qui augmente et le choix limité en tailles dans la mode durable pour des questions d'économie d'échelle, beaucoup se demandent s'ils peuvent s'offrir des vêtements éthiques et durables qui leur conviennent.

Les experts affirment qu'il n'est pas nécessaire de se ruiner pour acheter de la slow fashion, de manière durable et éthique. Voici par où commencer.

 

VOUS CONNAISSEZ LA CHANSON : RÉDUIRE, RÉUTILISER, RECYCLER

La première étape consiste à faire l'inventaire de ce que vous possédez déjà. Roberta Lee, styliste et experte en mode durable, recommande de faire un inventaire de sa garde-robe au moins une fois par an pour passer en revue chaque article et décider s'il faut le garder, le donner ou le vendre. Tenez compte de facteurs tels que la coupe, l'état et la polyvalence, puis classez les articles par catégories pour repérer les manques ou les doublons.

Les articles qui sont passent ce test mais qui sont un peu abîmés peuvent être réparés ou même entièrement remodelés avec l'aide d'un tailleur. JennIfer Walderdorff préconise de faire réparer ses vêtements, ce qui, selon elle, peut prolonger leur durée de vie : remplacer les boutons, recoudre les trous de mite et camoufler les taches en teignant l'article d'une autre couleur. À l'exception des collants, « presque tout peut être réparé », ajoute-t-elle.

Si vous avez vraiment besoin de remplacer une pièce de votre dressing, investissez dans des pièces qui atemporelles. Recherchez des coupes classiques qui sont indémodables et qui peuvent être habillées ou non.

« La slow fashion n'est pas une question d'achat, c'est plutôt une question d'état d'esprit. Pensez à un article que vous aimeriez ajouter à votre garde-robe et à la façon dont vous l'utiliseriez avec les pièces que vous possédez déjà. Si vous avez du mal, cherchez "comment porter un blazer", cela vous donnera un plan structuré. »

Choisir des pièces qui ne se démoderont pas vous aidera à répondre à la question : « Puis-je porter ce vêtement 100 fois ? » Cela signifie qu'il peut être porté pour de multiples occasions, année après année. « Si la réponse est non, ne l'achetez pas », explique Lee.

 

LA SECONDE MAIN ET LE RECYCLAGE

Acheter d'occasion est un excellent moyen de trouver des vêtements abordables et de qualité. Une étude récente suggère même que l'achat de vêtements d'occasion de qualité peut durer plus longtemps que la fast fashion, ce qui est plus avantageux pour le porte-monnaie si l'on considère le prix par vêtement.

Mais n'utilisez pas cet argument pour justifier vos achats compulsifs, prévient Alana James, créatrice de mode et professeure adjointe à l'université de Northumbria, dont les recherches portent sur le développement durable. « Lorsque le volume de consommation reflète celui de la fast fashion, cela peut être contre-productif. »

Si vos vêtements ne peuvent être réparés, le recyclage est une bonne option, bien qu'il s'agisse d'un processus lourd en émissions et qu'il ne s'applique qu'aux vêtements composés d'un seul matériau. Les articles fabriqués à partir de tissus mixtes sont difficiles à recycler, explique JennIfer Walderdorff. C'est pourquoi il est judicieux d'investir dans des vêtements fabriqués à partir d'un seul tissu.

 

BIEN LIRE LES ÉTIQUETTES

Les étiquettes peuvent être trompeuses. Certaines entreprises utilisent l'expression « conçu en » plutôt que « fabriqué en » pour donner l'impression d'un produit haut de gamme, explique JennIfer Walderdorff.

Le pays de fabrication n'est pas toujours révélateur. Il faut plutôt s'intéresser aux pratiques de chaque marque. Roberta Lee dirige l'Ethical Brand Directory, qui présente une centaine d'entreprises dans le monde entier qui accordent de l'importance à la durabilité et assument la responsabilité de ce qu'il advient des vêtements en fin de vie. Good on You propose également un guide des marques éthiques et durables.

Si la plupart des vêtements de la fast fashion sont bon marché, certains coûtent plus cher, ce qui ne se traduit pas toujours par une meilleure qualité. « Certains de ces vêtements de milieu de gamme sont mal faits : pas de doublure, fabrication mixte, composition médiocre », explique JennIfer Walderdorff. « Regardez si l'article est translucide, fin ; c'est une indication que le matériau est à bas prix et donc de la fast fashion. »

Bien qu'il y ait des avantages à choisir des tissus naturels comme le coton plutôt que des tissus synthétiques, ce n'est pas une solution parfaite. Les fibres naturelles traitées par teinture ou impression peuvent modifier leurs propriétés et leur biodégradabilité, explique Alana James.

Achetez plutôt des vêtements de meilleure qualité qui n'ont pas besoin d'être remplacés souvent. Selon JennIfer Walderdorff, les vêtements bien faits se caractérisent par des coutures droites et serrées, sans fils lâches, des coupes structurées et des encolures qui gardent leur forme.

La slow fashion peut être trouvée à des prix très variés, explique Roberta Lee. « Mais il ne faut pas oublier que les vêtements de qualité coûtent plus cher que ceux de la fast fashion, c'est pourquoi le coût par usure est un facteur important lors de l'achat de nouveaux vêtements.

En ce qui concerne les consommateurs qui s'habillent en grandes tailles, la mode durable n'est pas toujours - voire jamais - accessible. Cependant, il existe des dizaines de marques de qualité qui s'adressent aux grandes tailles : ces guides peuvent vous aider à y voir plus clair.

 

LA FRÉQUENCE DES COLLECTIONS

Certaines marques sont synonymes de fast fashion, comme Temu et Shein, basées en Chine, dont les vêtements à bas prix représentaient 12 % des dépenses mode en France en 2023.

Selon JennIfer Walderdorff, les marques de fast fashion modifient fréquemment l'agencement de leurs magasins et de leurs sites web pour présenter les nouveaux arrivages. Selon Alana James, ce sera toutes les deux ou trois semaines, voire plus rapidement. « La fast fashion a des cycles de vie courts, une collection très large et on voit beaucoup de choses en très peu de temps », ajoute Walderdorff.

 

LES MARQUES DOIVENT PASSER À L'ACTE

Alana James explique que c'est un « champ de mines » de savoir quelles marques prétendent simplement être durables et lesquelles mettent réellement leurs paroles en pratique. Roberta Lee partage cet avis et invite les consommateurs à se méfier des marques qui encouragent les clients à déposer les vêtements dont ils ne veulent plus en échange d'un bon d'achat à dépenser en magasin. « Tout le modèle consiste à pousser à la consommation et à faire en sorte que vous soyez mécontents de ce que vous avez. »

Chaque fois que nous achetons une pièce d'une marque, nous la soutenons ainsi que ses valeurs, explique Alana James. « Il s'agit d'être réfléchi dans ses achats et de prendre en compte l'impact de ces vêtements sur le monde. »

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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