Le volcan de Yellowstone pourrait se réveiller plus tôt que prévu
L'analyse récente de cendres anciennes révèle que les conditions nécessaires à l'explosion de ce géant assoupi pourraient être réunies en quelques décennies.
Si le majestueux volcan situé sous le parc national de Yellowstone, aux États-Unis, entrait à nouveau en éruption, les délais pourraient être bien plus réduits qu'on ne le pensait.
Selon des chercheurs de l'université d'État de l'Arizona qui ont analysé les minéraux issus de cendres fossilisées de la dernière éruption, le volcan s'était réveillé suite à l'écoulement de deux afflux de magma dans le réservoir situé sous la caldeira.
De façon assez inattendue, l'étude des minéraux a révélé que les changements radicaux de température et de composition s'étaient développés en quelques décennies. Jusqu'ici, les géologues croyaient que plusieurs siècles étaient nécessaires à cette transition.
Une étude de 2013 a révélé que le réservoir de magma qui alimente le volcan était près de deux fois et demi plus grand que ce dont faisaient état des estimations précédentes. Selon les scientifiques, le réservoir est vidé après chaque explosion ; ils pensaient donc qu'il faudrait un long moment pour qu'il se remplisse à nouveau. D'après cette nouvelle étude, le magma semble être en mesure de se reconstituer rapidement, rendant ainsi le volcan potentiellement explosif en l'espace d'un clin d'œil.
« C'est incroyable à quel point très peu de temps suffit à un système volcanique endormi pour être au bord de l'éruption », a déclaré Hannah Shamloo, coauteure de l'étude, dans un entretien au New York Times.
Selon Michael Poland, l'actuel scientifique en charge de l'Observatoire du volcan de Yellowstone pour l'agence américaine U.S. Geological Survey, ce volcan reste l'un des volcans les plus surveillés du monde. Une multitude de capteurs et de satellites surveillent en permanence le moindre de ses mouvements et le volcan ne semble pour l'heure pas poser de menace.
« Nous assistons perpétuellement à des événements intéressants... mais nous n'avons rien constaté qui puisse nous laisser penser que les événements magmatiques décrits par les chercheurs sont en train de se produire », affirme le scientifique dans un e-mail. Il ajoute qu'il s'agit là de « recherches préliminaires qui ont l'air toutefois intéressantes ».
Ce nouvel article s'ajoute à une série de surprises dévoilées au cours de ces dernières années par les scientifiques à mesure qu'ils étudiaient le volcan.
Le parc national de Yellowstone doit une grande partie de sa richesse et beauté géologiques aux événements violents du passé. Les merveilles telles que le geyser Old Faithful et le Grand Prismatic Spring sont le produit de l'activité géothermique qui bouillonne encore sous le parc, entraînée par les larges coulées de magma qui alimentent le volcan.
Il y a près de 630 000 ans, une violente éruption a secoué la région. Crachant 1000 kilomètres cubes de roches et de cendres, elle façonne la caldeira de Yellowstone, une dépression volcanique de 65 kilomètres de large qui entoure désormais la majorité du parc national.
Cette éruption laisse derrière elle le Lava Creek Tuff, le dépôt de cendres utilisé par Hannah Shamloo et sa collègue Christy Till pour l'étude qu'elles ont présenté en août lors d'une conférence sur la volcanologie dans l'Oregon. En 2016, le duo avait également présenté une première version de son étude lors d'une réunion de l'American Geophysical Union.
Selon les scientifiques s'appuyant sur les gisements de fossiles tels que celui-ci, le volcan a connu au moins deux autres éruptions de cette envergure au cours des deux derniers millions d'années. Fort heureusement, le volcan est essentiellement endormi depuis l'arrivée des premiers hommes sur le continent américain. Si quelques petites projections et tremblements ont de temps à autre rempli la caldeira de lave et de cendres, la dernière éruption en date s'est produite il y a environ 70 000 ans.
En 2011, des scientifiques ont révélé que le sol se trouvant au-dessus de la chambre magmatique avait gonflé de plus d'une vingtaine de centimètres en l'espace de sept ans.
« Ce soulèvement est spectaculaire car la zone qu'il couvre est très vaste et les taux sont extrêmement élevés », déclarait à l'époque Bob Smith, professeur à l'université de l'Utah et spécialiste du volcanisme de Yellowstone, à National Geographic.
D'après lui, le réservoir de magma gonflé responsable du soulèvement était trop profond pour faire craindre une tragédie imminente et la « respiration » lente de la caldeira apportait de précieuses informations sur le comportement du volcan.
En 2012, une autre équipe signalait que l'une des énormes éruptions antérieures aurait été en réalité composée de deux événements, laissant entendre que les phénomènes de cette envergure étaient plus fréquents qu'on ne le pensait.
Toutes les personnes étudiant le volcan endormi de Yellowstone s'accordent toutefois sur un point : à l'heure actuelle, il nous est impossible de savoir quand aura lieu la prochaine explosion. De son côté, l'agence américaine U.S. Geological Survey estime les chances annuelles d'une autre explosion massive à 1 sur 730 000, la même probabilité que celle d'une collision catastrophique d'astéroïdes.