Rares images du trou bleu de la Grande barrière de corail
La formation géologique mesure plus de 30 mètres de haut. Son contenu n'est visible que dans les profondeurs.
De tous les noms donnés aux formations géologiques, celui des « trous bleus », ou « trous marins » est sans doute le plus parlant. Pour les chercheurs et biologistes marins, en revanche, ils ne sont que mystère. Ces cénotes immergées regorgent de trésors et d'informations.
« Grâce l'accumulation des sédiments au fil des millénaires, les trous bleus sont des sortes de capsules temporelles, » explique le biologiste marin australien Johnny Gaskell.
Johnny Gaskell a récemment exploré un de ces trous bleus dans une parcelle retirée de la Grande Barrière de corail. Et il a pu capturer ce qu'il est quasi impossible de voir à la surface.
En son centre, le trou bleu fait un peu moins de 30 mètres de profondeur. L'abondance de la vie marine comme les tortues et les poissons tropicaux rythme les eaux claires.
« À l'intérieur du trou bleu, il n'y a quasiment pas de courant, » indique Gaskell. « Ce qui surprend le plus, ce sont des colonies de corail qui ont pris des formes singulières et très intéressantes au cours de leur croissance. Ces formes sont sans doute dues à l'absence de courant et de vagues. Ces colonies forment des structures abstraites qui semblent ne pas avoir de modèle préétabli, changeant de direction aléatoirement. »
Selon le biologiste marin, ces coraux ne s'épanouissent que dans la partie haute du trou bleu. Quand les plongeurs ont exploré les profondeurs de ce trou marin, il n'y ont trouvé que des sédiments sableux.
DES OASIS DE VIE
Les hauts murs de la doline permettent la préservation des sédiments et de la faune, malgré les aléas climatiques. Les ouragans peuvent être particulièrement dangereux pour les coraux, qui peuvent être brisés par les remous.
Johnny Gaskell a commencé à étudier les trous bleus après le passage du cyclone Debbie en Australie en mars 2017. Il était plus précisément à la recherche de coraux qui n'auraient pas été impactés par la tempête.
En faisant des recherches complémentaires sur Google Maps, le chercheur a vu un point reculé, à plus de 195 kilomètres de l'île la plus proche. Si le trou bleu en question avait déjà été identifié, son isolement le rendait difficile d'accès et les scientifiques ignoraient tout de lui. Gaskell a finalement été en mesure de confirmer qu'il s'agissait bien d'un trou bleu pendant une expédition menée en septembre 2017 et a partagé les premières images avec National Geographic.
COMMENT SE FORME UN TROU BLEU ?
Généralement circulaires, aux parois abruptes, les trous bleus doivent leur nom au fort contraste entre le bleu foncé des profondeurs et le bleu turquoise des rochers et autres récifs alentours. La plupart des trous bleus se sont formés pendant la précédente glaciation, quand le niveau de la mer était une centaine de mètres plus bas qu'à l'heure actuelle. Ces formations ont été soumises à l'altération chimique du calcaire principalement par l'eau de pluie, rendue acide par la végétation.
L'eau de pluie s'est infiltrée dans le sol, érodant le sous-sol et creusant de vastes cavités souterraines. Par la suite, le plafond de ces cavités s'est effondré, créant ces fameuses cénotes, recouvertes ensuite par la mer lors de la fonte de la calotte glaciaire.
Gaskell a l'intention de continuer sa recherche des trous bleus de la Grande Barrière de corail : « Certains de ces sites ont été explorés par le passé, mais en raison de leur isolement, plusieurs parties de la Grande Barrière de corail restent peu ou mal connues ».
National Geographic a produit ce contenu dans le cadre d'un partenariat avec Rolex visant à promouvoir l'exploration et la conservation. Les deux organisations s'unissent pour soutenir les explorateurs passés et présents, et protéger les trésors naturels de notre planète. Pour en savoir plus, visitez Perpetual Planet.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.