Les nouvelles stars de la science polaire

Une petite station de recherche en Norvège est devenue une cité scientifique en plein essor, où les femmes prennent une place prépondérante. Portraits de ces chercheuses hors norme – et de celles qui rendent leur vie plus agréable dans un univers glacial.

De Lois Parshley
Photographies de Esther Horvath
Publication 3 déc. 2024, 14:02 CET
Les scientifiques recueillent des données dans les régions polaires pour comprendre la façon dont le monde ...

Les scientifiques recueillent des données dans les régions polaires pour comprendre la façon dont le monde change. Le ballon météorologique que tient Bettina Haupt, ancienne directrice de la station franco-allemande de recherche arctique Awipev, transporte ainsi une radiosonde, destinée à mesurer la température, l’humidité et la pression. Il en est lâché un chaque jour depuis la station de recherche internationale de Ny-Ålesund, au Svalbard.

PHOTOGRAPHIE DE Esther Horvath

Retrouvez cet article dans le numéro 303 du magazine National Geographic. S'abonner au magazine

Ny-Ålesund, un petit avant-poste de recherche international blotti au coeur des montagnes enneigées et des fjords glacés de l'archipel norvégien du Svalbard, dans l’océan Arctique, est l’une des communautés les plus septentrionales de la planète. Les mois d’hiver, l’endroit est glacial et inhospitalier. Le soleil ne se lève jamais et les bâtiments baignent dans l’obscurité bleutée d’une nuit polaire sans fin.

Malgré la rigueur du climat, l’archipel du Svalbard se réchauffe à un rythme alarmant – plus de quatre fois plus vite que la moyenne mondiale. Avec, pour conséquence, des changements inquiétants de son environnement.

Ainsi de l’arrivée de Periphylla periphylla, une espèce de méduse dont on pense qu’elle a fait son apparition dans l’extrême nord des eaux arctiques il y a une dizaine d’années. Elle se nourrit de krill et de petits poissons dont dépendent les espèces marines indigènes, telles que le cabillaud et le hareng. Ainsi également du réchauffement continu du pergélisol, qui menace de libérer dans l’atmosphère le carbone qui y est piégé.

Dans le Svalbard, la température moyenne de l’air a augmenté d’environ 4 °C depuis le début des années 1970 ; à Ny-Ålesund, elle n’est désormais plus que de deux degrés au-dessous du point de congélation. L’été dernier, une vague de chaleur extrême a entraîné une fonte considérable des calottes glaciaires de tout l’archipel.

La région est aussi le théâtre d’autres évolutions. Des dizaines de scientifiques, originaires de plus de dix pays, continuent d’approfondir nos connaissances sur le changement climatique à un moment où elles sont plus que jamais nécessaires – et nombre d’entre eux sont des femmes.

Des objets insolites facilitent la vie sur place. Bodil Haugvik, responsable du magasin communautaire Kings Bay ...

Des objets insolites facilitent la vie sur place. Bodil Haugvik, responsable du magasin communautaire Kings Bay As, est employée par l’entreprise publique qui fournit aux résidents des produits d’hygiène et de première nécessité, comme des chaussettes chaudes et du chocolat. Elle tient à la main un saxhorn baryton, dont elle a appris à jouer enfant. Les instruments qu'elle a achetés ont permis aux musiciens amateurs de la station de jouer ensemble.

PHOTOGRAPHIE DE Esther Horvath

C’est un tournant radical pour cet avant-poste, où, historiquement, les hommes ont prédominé et n’ont pas toujours été particulièrement accueillants. Fondé à l’origine comme un ville minière, Ny-Ålesund a commencé à se muer en centre de recherche dans les années 1960. La climatologue norvégienne Inger Hanssen-Bauer a passé l’hiver 1983-1984 sur place. Elle se souvient de l’isolement qu’elle a ressenti en tant que seule femme de la station. « J’ai compris peu à peu qu’il existait entre les hommes un système de communication dont j’étais exclue. »

Selon elle, le changement s’est opéré petit à petit, avec la hausse du nombre de femmes dans les sciences et les domaines impliquant un travail de terrain immersif. Julia Boike, chercheuse à l’université Humboldt de Berlin et à l’Institut Alfred-Wegener de Potsdam, en Allemagne, faisait encore partie de la minorité lorsqu’elle a commencé à recueillir des données sur le pergélisol en 1998. L’an dernier, pour la première fois, son équipe de trois personnes était entièrement féminine. Leur mission pâtit cependant des effets du changement climatique. « Les précipitations ont augmenté, explique-t-elle, et la période de couverture neigeuse s’est réduite. » Avec la diminution de la banquise, les ours polaires du Svalbard passent plus de temps sur terre, ce qui rend le travail de terrain plus difficile.

les plus populaires

    voir plus
    DÉCOUVRIR LA SUITE DU REPORTAGE

    les plus populaires

      voir plus
      loading

      Découvrez National Geographic

      • Animaux
      • Environnement
      • Histoire
      • Sciences
      • Voyage® & Adventure
      • Photographie
      • Espace

      À propos de National Geographic

      S'Abonner

      • Magazines
      • Livres
      • Disney+

      Nous suivre

      Copyright © 1996-2015 National Geographic Society. Copyright © 2015-2024 National Geographic Partners, LLC. Tous droits réservés.