Comment Akhenaton a révolutionné les arts dans l'Égypte antique
L'art égyptien traditionnel imposait des formes figées. Akhenaton a encouragé un réalisme destiné à mieux le glorifier.
Le pharaon Akhenaton prend le pouvoir en 1353 av. J.-C., et rompt avec des siècles de tradition. Pendant ses dix-sept années de règne, il impose de nouveaux styles artistiques et architecturaux, et célèbre le dieu soleil Aton, aux dépens des anciennes divinités.
Son père, Aménophis III, avait déjà amorcé une nouvelle ère d’expression artistique plus naturaliste. Traditionnellement, l’art égyptien antique figurait les personnages dans des attitudes figées reflétant les rôles et les statuts officiels. Les prouesses militaires et la préparation à la vie après la mort sont les thèmes les plus fréquents. Akhenaton va encore plus loin que son père dans la libéralisation des arts. Sous son règne, les artistes représentent des moments intimes de la vie familiale et des poses plus douces, moins musculeuses, dans des décors naturels. Les femmes y tiennent également un rôle plus important.
RÉVOLUTION DES ARTS
Les proportions et les poses artistiques autrefois très réglementées deviennent plus souples : les artisans peuvent créer des scènes réalistes et gracieuses du monde naturel, et même portraiturer Akhenaton et son épouse, Néfertiti, dans des poses inhabituelles et intimes. Le couple royal est ainsi souvent représenté embrassant et caressant ses filles. Une scène va jusqu’à figurer le roi et la reine s’apprêtant à partager leur couche. La représentation des traits d’Akhenaton semble destinée à impressionner le spectateur : des mâchoires massives, des lèvres tombantes et des yeux étirés d’une ineffable étrangeté.
RÉVOLUTION DE L'ARCHITECTURE
Au lieu de temples fermés dédiés aux divinités locales, Akhenaton souhaite une structure ouverte, exclusivement vouée à Aton, le dieu soleil, et à ses intermédiaires terrestres – le pharaon et sa reine. Dans les temples traditionnels, comme celui de Louqsor, les prêtres pratiquaient des rituels privés dans des sanctuaires obscurs, en l’honneur de plusieurs dieux. À l’inverse, dans les cours intérieures du grand temple d’Aton, le soleil illumine les tables d’offrandes. Les décors muraux illustrent la vie de la famille royale.
Malgré ses tendances obsessionnelles et despotiques, Akhenaton devait être incroyablement créatif. Amarna, la nouvelle capitale qu’il fit construire dans le désert, et les pratiques rituelles autour d’un dieu unique qu’il imposa à son peuple – pourtant très attaché à de multiples dieux – , furent vite rejetées par ses successeurs. Son héritage artistique, lui, a perduré et a même grandement influencé les époques ultérieures.
Retrouvez notre dossier consacré à Akhenaton, dans le n° 212 du magazine National Geographic paru en mai 2017.