Les Chinois à l’assaut de la nouvelle route de la Soie
Créer une artère commerciale dynamique reliant l’Europe à l’Asie, exploiter au passage les ressources en pétrole… Telles sont les ambitions chinoises sur l’antique route de la Soie.
Le réseau de la route de la Soie s’est forgé grâce aux interactions humaines et commerciales, du II e siècle avant J.-C. jusqu’au XIVe siècle. Les chemins évoluaient au gré de l’expansion et de la chute des empires. Sa fréquentation a diminué avec l’essor du commerce maritime. Les puissances régionales actuelles veulent réactiver ces artères historiques pour mieux relier l’Asie à l’Europe, et au-delà. Premier pays intéressé : la Chine.
Beijing investit dans le plus vaste projet d’infrastructures du monde. Appelé « la Ceinture et la Route », il vise à construire des ports, des voies ferrées, des autoroutes et des systèmes de télécommunications afin d’unifier un colossal marché de soixante pays d’Europe, d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d’Asie. La Chine prévoit d’investir 1 000 milliards de dollars dans ce qu’elle appelle « le projet du siècle. »
L’un des moteurs de la nouvelle route de la Soie sera les hydrocarbures. La société chinoise Sinoprec a racheté notamment le gisement de Karakoudouk au Kazakhstan. Le site a été exploré et développé après la chute de l’Union soviétique par une entreprise américaine, puis racheté par Lukoil, le géant russe du pétrole, avant de finir dans les mains du groupe chinois.
Washington et Moscou ne comptent pas abandonner si facilement ce nouvel axe. L’armée américaine est toujours présente en Afghanistan, et la Russie espère sans doute réaffirmer son emprise sur la région grâce à son Union économique eurasiatique. Mais c’est bien la Chine, moteur initial de la route de la Soie, qui est en passe de devenir le pays le plus influent en Asie centrale.
Dans le magazine de mars 2018, un reportage sur la nouvelle route de la Soie.