Non, l'épave du navire du capitaine Cook n'a pas encore été découverte
Contrairement à ce qui a pu être affirmé, le trois-mâts HMB Endeavour du capitaine Cook reste pour l'heure introuvable. Le point sur ce que nous savons exactement sur l'épave.
Une fois de plus, en dépit de récentes informations affirmant que le trois-mâts HMB Endeavour du capitaine Cook aurait été localisé, il reste pour l'heure introuvable. Dans un communiqué de presse, le Rhode Island Marine Archaeology Project déclare avoir réduit la zone de recherche du navire à « un ou deux sites archéologiques », lesquels feront l'objet de fouilles en 2019. La découverte du HMB Endeavour avait déjà été annoncée en 1999, 2002, 2006, 2012 et 2016.
À l'approche d'une conférence de presse qui s'est tenue ce mercredi à Providence, dans l'État américain du Rhode Island, les gros titres du monde entier ont annoncé la probable découverte du HMB Endeavour, trois-mâts rendu célèbre par le capitaine James Cook qui a parcouru le monde à son bord à la fin du 18e siècle et a cartographié la côte est de l'Australie pour la première fois.
Cependant, selon les données présentées par le Rhode Island Marine Archaeology Project (RIMAP), une organisation à but non lucratif qui a présenté ses recherches lors de la conférence de presse et conduit les recherches de l'épave, les vestiges de l'Endeavour restent encore à localiser ou à être identifiés. Voici ce que nous savons pour l'instant :
Le trois mâts Endeavour se trouve probablement dans le port de Newport, aux États-Unis.
De 1768 à 1771, le capitaine Cook est le commandant du trois-mâts Endeavour de la British Royal Navy lors de son premier tour du monde. D'après des recherches dans les archives conduites par le directeur et principal chercheur de RIMAP, D.K. Abbass, il aurait été vendu par la Couronne à un propriétaire privé en 1775 et rebaptisé Lord Sandwich.
Au cours de la guerre d'Indépendance, Lord Sandwich est affrété comme navire de transport par la British Navy et finit par faire office de prison flottante pour les loyalistes américains de Newport.
L'éventualité que l'épave du Lord Sandwich (anciennement Endeavour) repose dans le port de Newport a été rendue publique pour la première fois en 1999 et sa découverte potentielle a fait l'objet de plusieurs articles depuis.
Le navire a été coulé délibérément dans le port.
Tandis que la guerre d'Indépendance fait rage pendant l'été 1778, une flotte française se rend à Newport afin de s'unir aux forces américaines. La marine britannique se met alors à saborder les navires à l'extérieur du port afin d'empêcher l'avancée française. En plus des navires de guerre de la British Navy, 13 bateaux de transport affrétés se voient également sabordés, notamment Lord Sandwich.
Les archéologues restreignent leur zone de recherche du navire.
Depuis la fin des années 1990, l'équipe de bénévoles de RIMAP tentent d'identifier les 13 navires de transport sabordés dans le port de Newport. À ce jour, neuf d'entre eux ont été localisés et cartographiés.
En janvier 2018, Abbass a mis la main sur un document des Archives nationales britanniques indiquant que Lord Sandwich faisait partie d'un groupe de cinq navires sabordés dans une zone bien précise du port.
L'organisation RIMAP a localisé et cartographié quatre bateaux de l'époque de la guerre d'Indépendance dans cette zone. Elle a également télédétecté une cible laissant penser qu'il pourrait y avoir une cinquième épave.
« Nous nous rapprochons », affirme l'archéologue principal. « Si nous n'avions pas mis la main sur ce document, nous affirmerions encore qu'il s'agit de l'une des treize épaves, ou l'une des neuf. Nous pouvons désormais affirmer que c'est l'une des cinq. »
Les plongeurs n'ont toutefois pas encore exploré la « cible » afin de s'assurer qu'il s'agit bien d'une épave de navire et que la période historique concorde.
Aucun navire découvert dans le port n'a été identifié comme étant le Lord Sandwich (anciennement Endeavour).
Nous ne pouvons exclure la possibilité que l'un des navires se trouvant dans cette zone soit bien le Lord Sandwich ; un énorme travail d'analyse sera toutefois nécessaire afin de l'identifier avec certitude. Les archéologues devront mettre la main sur des preuves cohérentes susceptibles de confirmer son identité (des artefacts témoignant de son utilisation comme prison flottante, par exemple) ainsi que sur une forme de construction qui renvoie à celle du navire.
En outre, ils devront s'assurer qu'aucun autre bateau de la zone ne réponde aux mêmes critères. « C'est le propre de la science. Tant que l'on ne peut pas le prouver, on ne peut en avoir la certitude », ajoute Abbass.
Afin de mener à bien ces recherches, un laboratoire dans lequel stocker et analyser les artefacts est indispensable. L'organisation lève actuellement des fonds pour sa construction.
L'État de Rhode Island constitue un véritable « repaire à épaves ».
Selon Robert Doane, conservateur du Naval War College Museum de Newport, cet État compte plus d'épaves de navires par kilomètre carré que n'importe quel autre État américain. Quant à la baie de Narragansett, où se trouve le port de Newport, elle présente la plus forte concentration d'épaves de navires de la guerre d'Indépendance du monde.
Curieusement, un autre navire du capitaine Cook pourrait, lui aussi, reposer à Newport.
Outre l'Endeavour, certains chercheurs pensent que le HMS Resolution, navire à bord duquel le capitaine Cook a réalisé ses deuxième et troisième voyages, aurait également fini dans le port de Newport après avoir été, lui aussi, vendu par la Couronne. Rebaptisé La Liberté, il transportait une cargaison d'huile de baleine lorsqu'il s'est échoué et a été laissé à l'abandon en 1793.
Les vestiges de La Liberté ont été vendus comme étant ceux de l'Endeavour et ont été cédés comme souvenirs au cours du 19e siècle. Ce qu'il reste du navire repose désormais probablement quelque part dans les profondeurs de Newport.
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