Comment le violon a conquis le cœur des mélomanes
Le violon faisait vibrer les cœurs bien avant qu'Andrea Amati et Antonio Stradivari n'en fassent un instrument de premier rang au 16e et 17e siècles.
Le violon est l'un des instruments les plus populaires au monde. Sa sonorité expressive convient à une multitude de styles musicaux, du rapide et furieux au lent et joyeux. Devenu populaire au 16e siècle auprès du peuple et de la noblesse, le violon est resté un instrument démocratique, universel et polyvalent. (À lire : Découverte d'un instrument de musique fabriqué par les Huns, toujours en état de marche.)
La création du violon moderne fut graduelle et complexe, puisqu'il s'inspire d'une multitude d'autres instruments à cordes. La lyre, avec sa forme de poire, existait déjà en Europe dès le 9e siècle. Elle se jouait verticalement et avec un archet. L'influence du rabâh à deux cordes, un violon africain arrivé en Europe de l'Ouest au 11e siècle, et du rebec à trois cordes, apparu en Espagne entre le 11e et le 13e siècle, sans doute à la suite des Croisades, se remarque également chez le violon moderne. La vièle, comme le rebec, se plaçait contre la poitrine ou sous le menton et était très utilisée par les troubadours pour accompagner les chants et les danses entre les 13e et 15e siècles. Si les instruments à cordes partagent une longue histoire avec la musique traditionnelle, le violon est lui devenu plus populaire après avoir conquis la cour.
La plupart des historiens s'accordent à dire que le violon actuel a fait son apparition au début du 16e siècle dans le nord de l'Italie, une région qui perpétua la tradition de la fabrication de violons au fil des siècles. L'érable et l'épicéa, les deux essences de bois préférées des luthiers de l'époque et d'aujourd'hui, étaient facilement disponibles dans la région de la Lombardie. La ville de Brescia, située au pied des Alpes, fut la première à exceller dans la fabrication des violons, mais celle qui est le plus associé à l'art de la fabrication de l'instrument est Crémone, où vivaient les luthiers les plus connus au monde, Giuseppe Guarneri, Antonio Stradivari et la famille Amati.
UN INSTRUMENT QUI A CONQUIS LES COEURS
En février 1539, le maître luthier Andrea Amati loua, puis acheta, une maison et un atelier à Crémone. Ce dernier resta dans la famille pendant 200 ans et devint l'un des plus importants ateliers de fabrication d'instruments de musique en Europe.
Au début des années 1560, Catherine de Médicis, alors régente du royaume de France, commanda à Amati une multitude d'instruments à cordes pour la Troupe Royale. Si le nombre d'instruments fabriqués et livrés par le luthier demeure inconnu, l'ampleur de son travail aurait fini par nécessiter le fondement de bases relatives à la forme et la fabrication du violon moderne. Les créations d'Amati étaient dotées d'une caisse de résonance en bois qui présentait deux ouvertures en forme de F. Accordées sur des quintes parfaites, quatre cordes courraient le long du manche de l'instrument, où elles étaient tendues par des chevilles. L'atelier d'Amati était une entreprise familiale : le luthier partageait ses secrets de fabrication avec ses deux fils, Girolamo et Antonio. Une troisième génération de la dynastie vit le jour avec le fils de Girolamo, Nicolò, qui eut pour élèves deux des luthiers les plus célébrés, Andrea Guarneri et Antonio Stradivari.
La sonorité du violon a continué de se propager au fil des siècles, adoptée indifféremment par les violonistes et les virtuoses. Au 17e siècle, des compositeurs tels que Claudio Monteverdi l'intégrèrent dans leurs œuvres, faisant du violon un important instrument de l'orchestre. Les compositeurs et les musiciens, comme Antonio Vivaldi (1678-1741), Franz Joseph Haydn (1731-1809) et Niccolò Paganini (1782-1840), continuèrent de s'intéresser aux sons des cordes, conférant ainsi au violon une place encore plus importante dans l'orchestre.
Vers 1786, François Tourte créa l'archet moderne, définissant sa longueur et son poids. Avec l'invention du repose-menton vers 1820, l'instrument est devenu plus simple à tenir et cela a amplifié son registre. Le manche et la touche furent tous deux allongés et inclinés au 19e siècle, permettant ainsi au violoniste de jouer les notes plus hautes. La caisse de résonance a elle était alourdie afin de produire des sonorités plus fortes et belles.
Qu'il joue une mélodie douce, triste, joueuse ou sombre, le violon a la capacité d'évoquer presque toutes les humeurs, ce qui l'a aidé à parvenir jusqu'au sommet. Souvent appelé « premier violon », le violon solo est le second élément le plus important de l'orchestre, après le chef d'orchestre. Son rôle consiste à accorder l'orchestre, à jouer les solos de violon et à coordonner la façon dont les autres instruments à cordes devraient jouer leur partition en parfaite harmonie.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.