Alors que l'empire romain déclinait, ces civilisations gagnaient en influence

Entre l’émergence de l’empire Wagadou, la diffusion de textes religieux fondateurs et la multiplication des échanges grâce aux routes commerciales, le 5e siècle fut marqué par des évènements majeurs qui se sont joués hors d’Europe.

De Editors of National Geographic
Publication 19 mai 2023, 14:18 CEST
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Le 5e siècle fut une période marquée par la chute de l’Empire romain, mais aussi la diffusion des idées et la prospérité de certaines civilisations, dont celle de Chichén Itzá, en Mésoamérique. Ci-dessus, la pyramide de Kukulkan, une icône de l’architecture maya.

Autrefois épicentre de l’Ancien Monde, Rome connut un déclin certain au 5e siècle. Les épidémies, les troubles économiques et politiques, et la menace des invasions barbares finirent par avoir raison de l’empire.

Sa chute ne fut cependant pas le seul évènement majeur du 5e siècle. Celui-ci fut aussi marqué par le développement des métropoles préhispaniques, l’émergence d’un empire d’Afrique de l’Ouest, la circulation rapide des marchandises et des idées le long d’une route de commerce majeure d’Asie centrale, et la diffusion d’importants textes religieux en Asie.

 

CHICHÉN ITZÁ, UNE CITÉ PRÉHISPANIQUE PROSPÈRE

Le Mexique ne vous vient pas forcément à l’esprit lorsque l’on évoque un centre urbain florissant du 5e siècle, et pourtant. Située dans la péninsule du Yucatán, au cœur de l’Empire maya d’Amérique centrale, la cité antique de Chichén Itzá était prospère. Fondée en 455 apr. J.-C., cette puissance économique et politique majeure était connue pour ses pratiques agricoles. Ses habitants faisaient du commerce bien au-delà des limites de la région, allant jusqu’à se procurer des ressources comme de l’obsidienne dans le centre du Mexique et de l’or dans le sud de l’Amérique centrale. La ville, qui s’étendait sur plus de 5 km², était un dédale d’habitations, de commerces et d’édifices religieux, dont le plus reconnaissable d’entre eux est le temple de Kukulkan.

Cette pyramide à degrés composée de 365 marches (une pour chaque jour de l’année) témoigne de l’étendue des connaissances astronomiques des Mayas : ce sont eux qui ont inventé le calendrier de 365 jours et ils pouvaient prédire les éclipses solaires. Lorsque le soleil se couche, une ombre en forme de serpent apparaît sur la pyramide avant de glisser sur les marches pour venir se fixer à la tête de l’animal en pierre située à la base du grand escalier latéral de la pyramide. Le temple fait face au Caracol, un extraordinaire observatoire encore visible aujourd’hui.

Chichén Itzá n’a eu de cesse de s’agrandir et d’évoluer au cours des siècles suivants. À son apogée au 9e siècle, la cité comptait 50 000 habitants. Son déclin fut attribué à l’arrivée des colons européens en 1492.

 

TEOTIHUACAN, LA MÉTROPOLE ANTIQUE MEXICAINE

Autre superpuissance mexicaine, Teotihuacan. Au début du 4e siècle et pendant tout le 5e siècle, cette cité était au summum de son influence et de sa sophistication. Figurant parmi les premières grandes villes de l’hémisphère ouest, elle comptait plus de 100 000 habitants, s’étendait sur plus de 20 km² et abritait d’imposants temples-pyramides, palais, places et ensembles, reliés entre eux par un réseau quadrillé de routes. Deux énormes pyramides étaient au cœur de la vie religieuse : la pyramide du Soleil, l’une des plus grandes pyramides au monde avec ses 60 mètres de haut ; et la pyramide de la Lune, où auraient eu lieu des sacrifices rituels d’animaux et d’humains.

Priest walking in procession, detail from the Tepantitla compound at Teotihuacan, Mexico, Classic period (300-600 AD) ...

Le palais de Tepantitla, à Teotihuacan, abrite de nombreuses fresques aux couleurs vives. Celle-ci représente un prêtre en tenue de cérémonie, laquelle est composée d’un costume élaboré accompagné d’une coiffe en forme de tête de serpent.

PHOTOGRAPHIE DE Jean Pierre Courau via Bridgeman Images

Les habitants de la ville sont aujourd’hui encore bien mystérieux aux yeux des chercheurs. Ces derniers ne savent pas exactement qui étaient les Teotihuacan, d’où ils venaient, ni quelle langue ils parlaient. Ils savent en revanche que plusieurs peuples vivaient ensemble, dont les Mayas, les Mixtèques et les Zapotèques. Selon une hypothèse, ils se seraient réfugiés dans la vallée de Teotihuacan à la suite de l’éruption d’un volcan. C’est là qu’ils construisirent la cité ou agrandirent une ville préexistante. Les conflits internes et les pressions externes auraient provoqué le déclin de la population au 8e siècle. Aujourd’hui, les vestiges de cette civilisation sont visibles dans un complexe archéologique situé non loin de Mexico.

 

L’EMPIRE WAGADOU, PUISSANT ROYAUME AFRICAIN

Alors que Rome déclinait, le riche et puissant empire du Ghana (ou empire Wagadou) émergeait de l’autre côté de la Méditerranée au 5e siècle. Ce royaume prospère, fondé par le peuple des Soninkés dans l’actuel Ouest du Mali et Sud-est de la Mauritanie, avait pour capitale Koumbi Saleh, une ville florissante à l’architecture impressionnante et dotée d’un grand marché. Situé sur les principales routes de la Transsaharienne, l’empire faisait le commerce de l’ivoire, du sel, des noix de cola, des tissus, ainsi que de l’or, sa principale richesse. L’or d’Afrique de l’Ouest était très prisé dans le monde arabe et dans la région méditerranéenne et Wagadou, qui disposait de la ressource en quantité dans la partie sud de son territoire, en était le principal vendeur.

L’empire était dirigé par un roi, ou « ghana », lequel était à la tête d’un système complexe reposant sur un gouvernement et des administrations. Pour assurer la tenue des registres de l’administration et du gouvernement de l’empire, une langue écrite, appelée « mandée », fut inventée.

À son apogée vers l’an 1000, l’empire Wagadou disposait d’une armée permanente de 200 000 hommes équipés d’armes en fer. Il finit par être absorbé par l’empire du Mali.

 

LA ROUTE DE LA SOIE, PRINCIPALE ROUTE DE COMMERCE DE L’ASIE

Au 5e siècle, nombreux étaient les marchands à emprunter la Route de la soie pour rallier la Chine à la Méditerranée, transportant une pléthore de marchandises. Les Asiatiques vendaient de la soie chinoise, du jade, de la porcelaine, du thé et des épices ; les Européens, des chevaux, de la verrerie, des textiles et des produits manufacturés. Reliant divers royaumes et civilisations, la route favorisa la transmission des idées ainsi que la découverte d’autres cultures et religions. Les villages qui la bordaient se transformèrent en villes multiculturelles. Cet axe commercial contribua aussi à la transmission de maladies. Selon certains chercheurs, la peste noire serait arrivée en Europe au 14e siècle après s’être propagée d’Asie à travers la Route de la soie.

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    Transporting ceramics (painted silk)

    Cette soie peinte datant du 15e siècle représente des marchands et des acheteurs de vases en céramique sur la Route de la soie.

    PHOTOGRAPHIE DE Image via Bridgeman Images

    Bien que l’on parle de « Route de la soie », celle-ci fait en réalité référence à un réseau composé de plusieurs routes traversant les formidables paysages d’Asie centrale, dont le désert de Gobi ou le massif du Pamir, sur près de 6 500 km. La route fut officiellement ouverture vers l’Ouest en l’an 130 par la dynastie Han. Elle resta un axe commercial d’importance jusqu’au 15e siècle, avant d’être reléguée au second plan par les routes maritimes.

     

    BHAGAVADGITA, TEXTE RELIGIEUX INDIEN INFLUENT

    Le texte sacré de l’enseignement hindou relate une conversation entre la divinité Krishna et son disciple moral, Arjuna, au cours de laquelle la première partage les principes de base de l’hindouisme afin de donner au second la sagesse nécessaire pour le guider à travers ses dilemmes moraux. 

    Krishna and his cousin Arjuna Preparing for Battle, from the Bhagavadgita, 18th-19th century (ink, gouache & ...

    Krishna et Arjuna, les caractères principaux de la Bhagavadgītā, sont ici représentés sur ce manuscrit peint datant du 18e ou 19e siècle.

    PHOTOGRAPHIE DE Chester Beatty Library, Bridgeman Images

    Faisant un peu moins de 200 pages, ce texte est une œuvre poétique sanskrit de génie. Très vraisemblablement écrit en Inde entre les 5e  et 2e siècles av. J.-C., il était encore une source d’inspiration au 5e siècle apr. J.-C. C’est à cette époque qu’il se fit connaître en dehors de l’Inde, alors que les universitaires, les commerçants et les missionnaires diffusaient l’hindouisme et ses enseignements dans d’autres régions d’Asie. Bhagavadgītā influença le développement du bouddhisme et du jaïnisme.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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