Mexique : à la recherche des cités mayas perdues
Tombeaux truffés de jade, jeux de balle ancestraux et rituels de saignée : visitez le Chiapas pour découvrir les ruines et percer les secrets d'une civilisation disparue.
Dans l'État du Chiapas au Mexique, l'ancienne cité maya de Palenque possède un patrimoine architectural remarquable composé de plusieurs pyramides à degrés, d' un centre cérémoniel et d'un immense palais.
Les cités perdues d'Albert Lin sera diffusé tous les dimanches à 21.00 à partir du 10 décembre sur la chaîne National Geographic, disponible avec Canal+.
Au cours de ses 3 000 ans d'existence, la civilisation maya a créé un patrimoine monumental qui n'en finit plus d'inspirer la culture populaire à travers les séries d'animation, les jeux vidéo et les films. Leurs pyramides à degrés et leurs temples gravés de glyphes se retrouvent de nos jours au Guatemala, au Bélize et bien entendu au Mexique avec les célèbres sites que sont Tulum, Chichén Itzá ou encore Uxmal.
Néanmoins, le Mexique compte également des cités mayas et des lieux de culte plus intimes, moins fréquentés, comme ceux de l'État du Chiapas dans le sud du pays, où l'harmonie entre nature et archéologie vaut à elle seule le détour.
Le plus grand et le plus célèbre d'entre eux, Palenque, est au centre de l'épisode qui ouvre la seconde saison de la série Les cités perdues d'Albert Lin, dont la diffusion débutera le 10 décembre à 21.00 sur National Geographic. Dans ce programme, vous suivrez l'explorateur National Geographic Albert Lin venu percer les secrets de ce site historique à l'aide des dernières technologies.
« Palenque, c'est le point de départ de l'archéologie maya, la première rencontre avec les glyphes et les pyramides dans la jungle, » déclare Lin, en référence à la découverte du site par les explorateurs espagnols au 18e siècle.
LIEU DE CULTE ET DE COMMERCE
L'apogée de la société maya de Palenque se situe entre le 5e et le 9e siècle ; elle s'explique notamment par la localisation du site sur une route commerciale reliant le centre du Mexique à la péninsule du Yucatan. Les marchands en provenance du Guatemala apportaient l'obsidienne et le silex, deux roches avec lesquelles « les artisans étaient capables de façonner le stuc de manière sophistiquée », indique l'archéologue Carlos Miguel Varela Sherrer, responsable des fouilles sur le site.
De nos jours, la plupart des visiteurs se rendent dans l'actuelle ville de Palenque en prenant l'avion depuis Mexico (1h40 de vol) ou Cancún, puis la voiture pour un trajet de 15 minutes à l'ombre des kapokiers avant d'atteindre le site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, où plusieurs centaines d'édifices mayas constellent les 1 500 hectares de jungle tropicale, alors que certains attendent encore de sortir de terre.
Au centre du site se trouve le noyau résidentiel, gouvernemental et religieux de la cité, dominé par l'impressionnant temple des Inscriptions, une pyramide à degrés de 22 mètres de hauteur. Cet édifice dressé à la mémoire du plus illustre des souverains de la région, Pacal le Grand (615 - 683), a été mis au jour entre 1949 et 1954. Son masque funéraire est actuellement exposé au musée national d'anthropologie de Mexico, mais le musée du site de Palenque en possède également une réplique présentée dans la chambre funéraire.
Ce bas-relief sculpté sur un temple de Palenque représente le Dieu L, une divinité de Xibalba, le monde souterrain maya. Il est représenté avec un cigare imposant à ses lèvres et serait la plus vieille image au monde d'une personne fumant du tabac.
Le tombeau dissimulé par la pyramide, fermé au public par souci de conservation, présente des parois sculptées de reliefs représentant Pacal, sa famille et le monde de l'au-delà, ainsi qu'un immense sarcophage taillé dans un unique bloc de pierre.
« L'intérieur ressemble à une grotte de cristal, à cause des stalactites formées par la calcite issue du calcaire » témoigne Lin, qui a eu la chance de pénétrer dans la tombe pour l'examiner à l'aide de la technologie LiDAR (Light Detection And Ranging) dans le cadre de la série. « Sur les murs, on découvre des inscriptions qui racontent l'origine de Palenque. »
Au total, ce sont plus de 1 500 structures qui composent le site de Palenque, parmi lesquelles le complexe du temple de la Croix, un trio de temples culminant à différentes hauteurs, probablement pour représenter le ciel, la Terre et le monde souterrain. Au pied du Templo de la Calavera (temple du Crâne), les visiteurs tombent nez à nez avec un relief représentant un crâne humain. Le palais central est quant à lui équipé d'un système intérieur de canalisations et d'un bain de vapeur, il est attribué à Pacal et est reconnaissable à la tour en pierre haute de quatre étages qui le domine.
« La pierre est une ressource abondante dans la région, ce qui a ouvert la voie à une architecture exceptionnelle », indique Varela.
LA ROUTE DES MAYAS
En dehors de Palenque, vous pouvez également suivre la route commerciale des Mayas à travers le Chiapas. À 130 kilomètres plus au sud se trouve la cité-État de Toniná, habitée entre le 1er et le 16e siècle par les ennemis jurés du peuple de Palenque. Au 14e siècle, ils ont bâti la plus haute pyramide des Amériques encore sur pied de nos jours : l'Acropolis et ses 75 mètres de hauteur.
Cette tour haute de quatre étages aurait été utilisée pour des rituels, mais aussi pour défendre Palenque.
L'édifice se compose de plusieurs terrasses sur lesquelles se dressent d'autres pyramides, le tout surplombant la place centrale où étaient notamment organisées les parties de pelota, le jeu de balle maya. À en croire de récentes études archéologiques, les habitants de Toniná amalgamaient les cendres de leurs souverains pour façonner les balles de pelota.
Situées à environ trois heures de route vers l'ouest, les ruines de Yaxchilán bordent le fleuve Usumacinta, frontière naturelle entre le Mexique et le Guatemala. Vous croiserez probablement plus de singes hurleurs que de touristes au milieu des stèles et des temples savamment sculptés, où le clan Jaguar a prospéré entre le 6e et 8e siècle.
En partant vers l'est depuis Yaxchilán, il faudra compter cinq heures de trajet pour atteindre Bonampak et ses somptueux vestiges, comme le « temple des Peintures » dont les fresques colorées illustrent la vie de la cour à l'époque des Mayas. Les scènes représentant le rituel de saignée ou les défilés de musiciens offrent autant de fenêtres sur cette civilisation complexe qui continue à ce jour de nous fasciner.
Le journaliste mexicain Erick Pinedo est un ancien rédacteur de l'édition latino-américaine de National Geographic. Retrouvez-le sur Instagram. Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.