Royaumes mayas : un nouveau monde s'ouvre à nous grâce au Lidar
Le monde Maya dort enfoui sous la végétation depuis des siècles. Une technique révolutionnaire est en train d'en révéler toute l'ampleur et l'incroyable complexité.
Une vue aérienne laisse entrevoir la superficie réelle de Dzibanché, dans le Yucatán, au Mexique. Le lidar, une technologie laser qui supprime numériquement la canopée, révèle que la cité maya s’étendait sur 20 km2.
Retrouvez cet article dans le numéro 294 du magazine National Geographic. S'abonner au magazine
Durant des dizaines d'années, les deux archéologues et Explorateurs pour National Geographic ont travaillé dans les forêts tropicales d’Amérique centrale. Ils ont dû supporter la chaleur et l’humidité écrasantes, et faire face à des animaux mortels et à des pilleurs armés pour exhumer des trésors laissés par les anciens Mayas, dont la civilisation a prospéré pendant des millénaires avant d’être mystérieusement engloutie par la végétation.
Il y a donc quelque chose de paradoxal à ce qu’ils aient fait leur plus grande découverte devant un ordinateur, dans des locaux climatisés, à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Quand Marcello Canuto et Francisco Estrada-Belli, tous deux de l’université Tulane, ont ouvert la photo aérienne d’une zone forestière du nord du Guatemala, il n’y avait rien d’autre à voir sur l’écran que la cime des arbres. Mais le cliché avait été pris avec un lidar.
Cet appareil de télédétection embarqué à bord d’un avion envoie des milliards de pulsations laser vers le sol, puis mesure celles qui sont renvoyées. Le petit nombre de pulsations traversant le feuillage fournit assez de données pour obtenir une image des sols forestiers.
En quelques clics, Marcello Canuto a retiré la végétation, révélant une image 3D du terrain. Cette zone avait toujours été supposée inhabitée ou presque, même à l’apogée de la civilisation maya, il y a plus de 1 100 ans.
Pourtant, ce qu’ils voyaient comme de simples collines a soudain révélé des réservoirs, des terrasses de culture et des canaux d’irrigation, bâtis de la main de l’homme. Ce qu’ils prenaient pour de petites montagnes était en réalité de grandes pyramides surmontées d’édifices rituels. Des cités que des générations d’archéologues avaient considérées comme des capitales régionales n’étaient finalement que les banlieues de métropoles précolombiennes bien plus vastes dont personne ne soupçonnait l’existence, reliées entre elles par des chaussées pavées et surélevées.
« Je crois que nous avons ressenti à peu près ce qu’ont éprouvé les astronomes face aux premières images prises par le télescope Hubble en découvrant soudain le néant rempli d’étoiles et de galaxies, raconte Thomas Garrison, un autre membre du projet. Cette immense forêt tropicale, tenue pour quasi vierge, laissait d’un coup apparaître, une fois les arbres enlevés, des signes de présence humaine partout. »
Le recours au lidar révolutionne l’archéologie maya : non seulement cette technique guide les chercheurs vers des sites prometteurs, mais elle leur donne aussi une vue d’ensemble des paysages d’alors. Des dizaines de relevés au lidar – dont ceux de 2018, dévoilés à La Nouvelle-Orléans et financés par la fondation guatémaltèque pour le Patrimoine culturel et naturel maya (Pacunam) – ont remis en cause certaines idées tenaces sur une civilisation qui a prospéré dans une des régions les moins hospitalières du monde.
« Le nouvel élan offert par le lidar à l’archéologie maya est pour ainsi dire incommensurable, souligne l’archéologue guatémaltèque Edwin Román-Ramírez. Nous devrons toujours faire des fouilles pour comprendre les peuples à l’origine de ces constructions, mais cette technologie nous montre exactement où et comment mener celles-ci. »
Découvert à Holmul, au Guatemala, un encensoir utilisé lors de rituels figure un dieu maya de l’inframonde.
L’imagerie bouleverse notamment l’hypothèse selon laquelle les basses terres mayas étaient peu peuplées, ponctuées çà et là de quelques cités-États autonomes. Chaque nouveau repérage au lidar conforte l’idée d’une civilisation interconnectée d’une ampleur et d’une complexité stupéfiantes – une mégalopole maya peuplée de millions d’agriculteurs, de guerriers et de bâtisseurs. Ces révélations pourraient non seulement réécrire le passé de la région, mais aussi modifier radicalement son avenir.
Pour le Guatemala, pays en difficulté économique mais riche de trésors culturels et écologiques, ces découvertes offrent une perspective enthousiasmante : nombre de ces nouveaux sites pourraient devenir les pièces maîtresses d’un secteur culturel et écotouristique susceptible d’aider la nation à sortir de la pauvreté. Mais, pour Francisco Estrada-Belli et Edwin Román-Ramírez, comme pour d’autres Guatémaltèques travaillant dans l’archéologie et la protection de la nature, l’imagerie de pointe a aussi livré des éléments inquiétants qui pourraient compromettre ce scénario : des traces laissées par ceux qui assiègent la deuxième plus grande forêt tropicale du continent américain –pilleurs, exploitants forestiers, accapareurs de terres et trafiquants de drogue. Nombre de Guatémaltèques craignent de perdre cette course contre la montre pour la protection des paysages et des trésors que l’ancienne civilisation maya a encore à révéler.
L’essentiel des plus grands sites du patrimoine culturel guatémaltèque se trouve dans la réserve de biosphère Maya, un ensemble de parcs nationaux, de sanctuaires animaliers et de concessions forestières où les populations exploitent le bois et d’autres produits de la forêt. La réserve, qui s’étend sur environ un cinquième du pays, abrite des jaguars, des aras rouges et des centaines d’autres espèces d’oiseaux, de papillons, de reptiles et de mammifères.
Contrairement aux berceaux plus arides de la civilisation comme l’Égypte et la Mésopotamie, les forêts tropicales d’Amérique centrale ne livrent pas facilement leurs secrets. Au milieu du xixe siècle, l’auteur américain John Lloyd Stephens et l’artiste britannique Frederick Catherwood ont exploré des cités mayas abandonnées dans la péninsule du Yucatán, au Mexique. Leurs descriptions et dessins de pyramides et de palais ont attiré d’autres chercheurs, mais les décennies de fouilles archéologiques n’ont fait qu’entrouvrir quelques petites fenêtres sur le monde maya.
En 2009, les archéologues américains Diane et Arlen Chase ont cherché à innover à Caracol, cité antique du Belize où ils menaient des fouilles depuis 1985. Les scanners lidar, utilisés à l’origine en météorologie et pour le suivi de corps célestes, étaient de plus en plus souvent embarqués à bord d’avions pour faciliter la cartographie et la topographie. « Au début du projet, nous pensions que Caracol se limitait à quelques groupes de pyramides et de temples, raconte Arlen Chase. Mais, quand nous avons exploré ses abords au lidar, nous avons découvert qu’il s’agissait en réalité d’une immense ville au plan complexe. » La métropole comptait probablement au moins 100 000 habitants, soit près de deux fois la population actuelle de Belize City.
Parmi les trésors de deux rares tombeaux non pillés figurent un bol peint (1) ; des tasses à chocolat (4, 6) ; un masque en mosaïque de jade (2) et une figurine en jade représentant le dieu du maïs (7) ; des pointes d’obsidienne transformées en objets rituels (3, 5) ; un fémur humain à l’effigie d’un roi maya inhumé dans un de ces tombeaux (8). « Nous n’avions pas saisi qu’il s’agissait d’une sépulture royale avant de voir les images du lidar », explique l’archéologue Francisco Estrada-Belli.
Objets pris en photo au laboratoire du projet archéologique d'Holmul, à Antigua, au Guatemala.
Les travaux de Diane et Arlen Chase ont permis à d’autres archéologues de mesurer le potentiel de cette technique. En 2021, des fouilles lancées à partir de données de la Pacunam ont réservé des surprises même à Tikal, le plus grand site archéologique du Guatemala. La cité s’est révélée être au moins quatre fois plus grande qu’on ne le pensait et était partiellement entourée d’un immense fossé et de remparts s’étendant sur des kilomètres. Une grande pyramide a aussi été repérée, ainsi qu’une enceinte qui aurait abrité une communauté originaire de Teotihuacan, une autre superpuissance qui se trouvait à plus de 1 250 km à l’ouest.
« La découverte de nouveaux monuments majeurs à Tikal […] confirme le potentiel du lidar, note Edwin Román- Ramírez, à la tête de la mission archéologique de Tikal Sud. Nous découvrons des éléments qui nous échappaient, même quand nous marchions dessus. »
À environ 70 km au nord-ouest de Tikal, Richard Hansen escalade un petit talus. « Il y a des années, on a choisi cette voie surélevée et plus sèche pour acheminer notre matériel, raconte l’Explorateur pour National Geographic qui est affilié à l’université d’État de l’Idaho et qui codirige les recherches dans la cité antique d’El Mirador. C’est seulement avec le lidar que nous avons réalisé que nous marchions sur une autoroute multiséculaire. »
La chaussée est aujourd’hui recouverte de 50 cm de terre, mais, il y a des siècles, elle surplombait de presque 2 m les marais environnants et ét El Mirador à plus de 400 anciens sites d’occupation ; elle atteignait 40 m de large à l’approche du centre de la cité antique, l’équivalent de nos autoroutes à huit voies.
« Vous imaginez combien de personnes devaient circuler dans la région pour justifier l’affectation des ressources nécessaires à une telle construction ? », interroge Richard Hansen. La datation au carbone 14 et l’analyse de pollens et de sols portent à croire que le site était habité dès 2600 avant J.-C. À son apogée, entre 300 et 100 avant J.-C., El Mirador pourrait avoir été l’une des plus grandes villes du continent américain.
Pourquoi ces populations antiques avaient-elles choisi ce site, dépourvu de source d’eau à l’année ? Mystère. Mais, dans les basses terres mayas, l’environnement n’est jamais propice à la vie humaine. Le peu de nutriments contenus dans les sols est régulièrement emporté par des mois de pluies torrentielles, souvent suivis de terribles sécheresses.
Les travaux de Richard Hansen laissent à penser que la croissance démographique à El Mirador a été rendue possible par l’acheminement de terres fertiles depuis les zones marécageuses, ensuite répandues sur des terrasses aménagées à flanc de colline. Les paysans augmentaient le pH des sols en y ajoutant de la chaux, ce qui donnait d’abondantes récoltes de maïs, courges, haricots, piments et coton.
Près de Holmul, Clara Alexander, qui participe aux fouilles, inspecte une sépulture violée par des pillards. À mesure que le lidar donne à voir des milliers de tombeaux, de temples et d’autres édifices mayas jusque-là inconnus, il révèle aussi le pillage généralisé des sites.
Dans une région souvent marquée par la pénurie ou l’excès de précipitations, le débit d’eau était méticuleusement contrôlé grâce à des canaux, des barrages, des réservoirs et des terrasses – une infrastructure de grande ampleur qui se dévoile aujourd’hui.
« Il serait impossible de nourrir autant de populations qu’à l’époque maya avec l’agriculture sur brûlis pratiquée actuellement dans cette région du monde », souligne l’archéologue Marcello Canuto, qui modélise la densité démographique. Il estime que de 10 à 15 millions de personnes vivaient dans tout le royaume maya à son apogée, notamment dans des zones marécageuses que la majorité des archéologues pensaient inhabitables.
Pour bâtir La Danta, la pyramide de 72 m d’El Mirador, des armadas d’ouvriers utilisaient des percuteurs et des lames d’obsidienne pour extraire puis découper la roche calcaire en blocs rectangulaires. Richard Hansen et ses collègues ont reproduit la technique en prenant pour modèle des outils retrouvés sur place. Les ouvriers fabriquaient des civières en bois pour transporter des blocs pesant en moyenne 400 kg.
Reste que nombre des nouveaux sites découverts n’ont pas échappé aux pillards. « L’État n’a pas les moyens de protéger notre patrimoine, résume Marianne Hernández, présidente de la fondation Pacunam. Les nouvelles données nous permettent au moins de découvrir la localisation des sites. Si nous avions une armée d’archéologues, nous pourrions les envoyer les étudier avant qu’ils ne soient saccagés. »
Le pillage n’est qu’une des menaces pesant sur la réserve de biosphère Maya. Les terres occupées illégalement font souvent l’objet d’une déforestation par le feu, dans le but d’y implanter des élevages de bétail, dont les narcotrafiquants se servent fréquemment pour blanchir de l’argent. Ces derniers ont aussi aménagé des pistes d’atterrissage dans nombre de ces zones.
Le Guatemala prend quelques initiatives pour enrayer la déforestation – qui a réduit d’environ 20 % les forêts primaires du pays depuis l’an 2000 – et reprendre le contrôle des terres occupées illégalement. Mais il est entravé par le manque d’équipements, de carburant, de services fiables de renseignement et de stratégies précises pour gérer les populations qui s’approprient des terres. « C’est une mission impossible pour les gardes des parcs, affirme Roan Balas McNab, qui dirigeait jusqu’à récemment la branche guatémaltèque de la Wildlife Conservation Society. Ils n’ont tout simplement pas les moyens. »
Le tourisme pourrait être une source de revenus. De l’autre côté de la frontière, dans le sud-est du Mexique, des sites mayas tels que Chichén Itzá et Palenque attirent chaque année des millions de visiteurs et comptent parmi les principaux moteurs de l’économie locale. Le Mexique construit aussi une voie ferrée controversée, le « train maya », pour acheminer les estivants et les croisiéristes du littoral jusqu’aux vestiges, dans les terres.
Richard Hansen aimerait en faire autant. Il imagine un petit train qui ferait la navette pour les touristes et les chercheurs entre El Mirador et huit autres sites, tout en interdisant l’accès aux intrus. Il a aussi proposé la création d’un sanctuaire binational qui serait la première « zone de nature sauvage » d’Amérique latine accessible en train.
L’archéologue espère que le Congrès des États-Unis affectera 72 millions de dollars (environ 67 millions d’euros) à la construction de la ligne, mais aussi à celle de structures d’hébergement écoresponsables. L’objectif est à la fois de créer des emplois pour les Guatémaltèques et de contribuer à endiguer le flux de migrants économiques se pressant à la frontière américaine.
Si l’idée a reçu des soutiens au sein du gouvernement du Guatemala, d’autres Guatémaltèques jugent qu’il s’approprie le patrimoine culturel du pays afin de tirer profit de la transformation des basses terres mayas en parc d’attractions archéologique. Des défenseurs de l’environnement refusent aussi l’idée de clôturer la région. « Ce n’est pas pour rien s’il n’existe aucune autre zone de nature sauvage en Amérique latine qui exclut les habitants dépendants des ressources naturelles : c’est parce que cela ne fonctionne pas, souligne Roan Balas McNab. Quand on dit aux communautés locales de rester hors d’un périmètre sans leur donner d’autre solution d’exploitation durable des ressources, elles ont tendance à trouver des moyens de le faire illégalement, et de façon destructrice. »
Les archéologues croyaient bien connaître le site de Tikal, mais le lidar a révélé que la cité maya la plus vaste du Guatemala était en réalité quatre fois plus grande qu’ils ne le pensaient et comportait un réseau complexe de routes surélevées, de cultures en terrasses, de réservoirs et de fortifications.
Dans la réserve de biosphère Maya, une douzaine de concessions forestières autorisent les populations à exploiter le bois selon des consignes strictes. S’il y a parfois des problèmes de gestion, des études menées par des associations de protection de la nature ont conclu que cet abattage n’avait quasi aucun impact sur la faune et que le couvert végétal était resté stable – et avait même, dans certains cas, augmenté.
À la Pacunam, Marianne Hernández est convaincue qu’un partenariat public-privé représente la stratégie la plus prometteuse. « L’écotourisme et le tourisme culturel sont essentiels pour protéger ces lieux extraordinaires, mais on aimerait qu’ils soient mis en oeuvre de façon respectueuse et durable, avec l’implication des populations locales. »
La fondation n’échappe pas non plus aux critiques, certains Guatémaltèques pointant le fait que ses propositions ont pour but de construire des routes et d’autres infrastructures dans cette région fragile. « La Pacunam parle d’hôtels écoresponsables, mais, en définitive, cela revient aussi à dégrader la nature, estime Alejandro Santos, directeur de la branche guatémaltèque de la Rainforest Alliance. De plus, elle n’arrive pas à expliquer comment tous ces projets protègeront les lieux. Cela cache la volonté d’utiliser la réserve [de biosphère Maya] pour transporter d’autres types de ressources, comme du gaz naturel et du pétrole. »
Au sommet de la pyramide d’El Tigre battue par les vents, je demande à Richard Hansen ce qu’il souhaiterait pour El Mirador s’il n’avait aucune contrainte d’ordre budgétaire ou technique. « Une machine à remonter le temps, me répond-il. J’aimerais pouvoir passer ne serait-ce qu’un quart d’heure ici, en plein âge d’or. Avoir la possibilité d’observer le chantier, de voir les bataillons d’ouvriers, les scribes et les artisans, les fermes, les fastueux spectacles royaux qui mobilisaient tout le monde. »
L’imagerie obtenue grâce au lidar, qui offre un réalisme tridimensionnel, permet de se figurer bien plus facilement le paysage de l’époque – avec les cultures en terrasses, les larges routes et les vastes places, les palais, les ateliers et les tours de garde. Autant d’éléments qui font ressortir la plus importante des questions restant encore en suspens : pourquoi les Mayas ont-ils abandonné des cités aussi performantes ? Il n’y aucune explication claire à ce jour.
Une tumultueuse conjonction de facteurs mêlant effondrements, reconstructions et renaissances a été suivie d’une série de graves sécheresses du milieu à la fin du ixe siècle qui ont probablement anéanti les récoltes dans toute la région. Julie Hoggarth, chercheuse et enseignante en anthropologie à l’université Baylor, au Texas, étudie les conséquences de la sécheresse sur l’agriculture et la santé des Mayas : selon elle, la croissance démographique et la déforestation ont sans doute contribué à la dégradation de l’environnement à certains endroits.
« De plus, ajoute-t-elle, les souverains mayas étaient considérés comme les intermédiaires sacrés des dieux. On peut donc imaginer que leur légitimité a pu pâtir de leur incapacité à faire venir les pluies, et que la population a peut-être exprimé son opinion en quittant ces cités. »
Quelles qu’en soient les causes, à la fin du ixe siècle, les Mayas ont déserté ces centres. Ils ont cessé de bâtir des monuments et commencé à les détruire rageusement. La violence et la guerre semblent figurer parmi les nombreux facteurs qui ont conduit à l’effondrement de leur société.
Un soir, peu avant le coucher du soleil, j’escalade seul El Tigre jusqu’à son sommet. Une forêt intacte s’étend à perte de vue, parsemée d’éminences. Des vestiges envahis de végétation qui pourraient un jour être soigneusement sortis de terre et préservés, ou bien être pillés et perdus à jamais.
Accompagné par les grognements gutturaux des singes hurleurs du Guatemala, je descends vers une ancienne carrière, non loin du complexe principal d’El Mirador, où sont concentrés pyramides et palais. Dans l’obscurité naissante, j’observe sur le sol un bloc de pierre taillée, recouvert de racines, de lianes et de décombres. L’édifice auquel ce bloc était destiné est resté inachevé – tout comme nos connaissances demeurent incomplètes sur cette société qui a atteint, en son temps, des sommets de sophistication.