Comment le nouveau pape sera-t-il élu ?

Qui peut voter ? Que signifient les signaux de fumée ? Les intrigues que nous présente Hollywood sont-elles vraies ? Découvrez tout ce qu’il y a à savoir sur la succession papale.

De Melissa Sartore
Publication 22 avr. 2025, 18:15 CEST
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Le pape François a été élu après cinq tours de votes lors du conclave de 2013. Le conclave papal remonte au 13e siècle, bien que la papauté elle-même date de l’époque du Christ.

PHOTOGRAPHIE DE Peter Macdiarmid, Getty Images

Suite l'annonce de la mort du pape François lundi 21 avril 2025, la question sur toutes les lèvres est la suivante : qui sera le nouveau pape, et comment sera-t-il élu ?

Après la renonciation du pape Benoît XVI en 2013 deux semaines furent nécessaires à l’Église catholique pour élire son prochain représentant de Dieu sur Terre.

La foule amassée sur la place Saint-Pierre au Vatican était en liesse après que la fumée blanche des bulletins brûlés s’est élevée dans le ciel. Cette couleur signifiait que les membres du Collège des cardinaux avaient élu un nouveau pape, la conclusion du procédé de sélection intriqué qui remonterait au temps de Jésus-Christ.

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Après la mort du pape Jean-Paul II, les cardinaux ont assisté à une dernière messe le 18 avril 2005 avant le début du conclave.

PHOTOGRAPHIE DE L`Osservatore Romano-Pool, Getty Images

 

QUELLES SONT LES ORIGINES DE LA PAPAUTÉ ?

À l’origine et selon l’Église catholique, le pape était l’évêque de Rome et le premier d’entre eux fut Saint Pierre, l’un des douze apôtres de Jésus. La primauté pétrinienne, l’autorité transmise par le Christ à Pierre lorsqu’il endossa ce rôle en 30 apr. J.-C., a depuis été léguée à chaque nouveau pape.

Pierre fut considéré comme un papa, un terme latin utilisé par les Chrétiens par dévotion filiale. À l’époque, ce même titre était utilisé pour désigner les hommes d’église estimés de toute la chrétienté. L’exclusivité du terme papa, duquel « pape » est dérivé, ne fut réclamée par l’évêque de Rome qu’au cours du 6e siècle. La primauté papale, le concept selon lequel le pape est le dirigeant le plus important de l’Église, devint inextricablement lié au papa de Rome, élevant cet évêque au-dessus de tous les autres.

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    Réunis pour désigner le successeur du pape Benoît XVI, 115 cardinaux se sont rendus à la basilique Saint-Pierre pour la dernière messe avant le début du conclave le 12 mars 2013.

    PHOTOGRAPHIE DE Alessio Mamo, Redux

     

    D’OÙ VIENT LE PROCESSUS D’ÉLECTION DU PAPE ?

    L’opinion populaire, à la fois du clergé et des croyants, était l’usage pour élire le pape jusqu’au 11e siècle. Un consensus était, au vu du nombre d’électeurs, rarement atteint. Ce fut la source de conflits lors des élections, et de l’apparition d’antipapes, des individus aux prétentions substantives, bien qu'infondées, à la papauté.

    Le pape Nicolas II signa en 1059 un décret qui décrivait un nouveau processus d’élection des papes, à effet immédiat, désignant les évêques cardinaux comme seuls électeurs. Nicolas II lui-même devint pape entre deux antipapes, illustrant les contentieux autour de la succession papale. Le décret de 1059 amoindrit l’influence de l’aristocratie romaine et du clergé, et posa les fondations du Collège des cardinaux, formellement établi en 1150.

    Les critères de candidatures, les régulations des votes et le besoin d’isoler les électeurs furent formalisés, puis modifiés et ajustés lors de l’émergence de failles.

    C’est en 1179 que le besoin d’une majorité au deux-tiers se fit sentir. Le nombre de cardinaux était passé de 30 durant le Moyen-âge, à 70 en 1586. Plus de quatre siècles plus tard, en 1975, le pape Paul VI définit le maximum de cardinaux au droit de vote à 120. La limite d’âge après laquelle on ne peut plus voter, toujours en vigueur aujourd’hui, fut fixée à 80 ans en 1970. Avec chaque pape, le nombre de cardinaux votant a augmenté, ils sont à présent 222, dont 120 éligibles au vote. D’ici la fin de l’année, huit d’entre eux ne seront plus autorisés à déposer leur bulletin, puisqu’ils célèbreront leurs 80 ans.

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    Des tables et des chaises sont installées dans la chapelle Sixtine avant le conclave de 2003, sous les yeux du Jugement dernier de Michel-Ange.

    PHOTOGRAPHIE DE Eric Vandeville, Vatican Pool, Getty Images

    Après la mort ou la renonciation d’un pape, tous les membres du Collège des cardinaux sont obligés d’assister à l’élection, que l’on appelle le conclave, sauf si leur état de santé ou le dépassement de la limite d’âge ne le leur permet pas. La renonciation est cependant l’exception plutôt que la règle. Avant celle de Benoît XVI en 2013, le dernier pape à avoir renoncé à ses fonctions l’avait fait en 1415.

    Une fois le siège papal vacant, le conclave officiel commence dans les 15 ou 20 jours suivant le décès. Ce laps de temps fut établi en 1922, pour laisser aux cardinaux un délai suffisant pour organiser leur déplacement.

     

    LA SÉLECTION D’UN PAPE DE NOS JOURS

    Les cardinaux sont les électeurs du nouveau pape et, techniquement, tous sont aussi candidats. Lors de leur arrivée à Rome, ils se voient chacun assigner une église locale « titulaire » où ils dirigeront la messe au cours de leur séjour. C’est également un moyen pour eux de se faire connaître du monde.

    De manière similaire à l’arrêt de la campagne électorale la veille d’un scrutin, le dimanche qui précède le conclave est « une scène étrange » selon l’auteur et expert de la papauté John Thavis. Il explique qu'en 2013 les concurrents au titre étaient « très prudents, ne disant rien qui aurait pu être considéré comme une campagne ».

    Une fois que le Collège des cardinaux se réunit officiellement, ses membres s'enferment dans la chapelle Sixtine jusqu’à ce qu’un nouveau pape soit élu, sauf circonstances exceptionnelles. Ils prêtent serment de maintenir l’intégrité du conclave, le secret est de la plus extrême importance et seules quelques rares aides sont autorisées à entrer en contact avec ce corps électeur.

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    Gauche: Supérieur:

    Une fumée noire s’élève de la cheminée de la chapelle Sixtine, indiquant que le Collège des cardinaux n’est pas tombé d’accord sur un nouveau pape, le 13 mars 2013.

    PHOTOGRAPHIE DE Dan Kitwood, Getty Images
    Droite: Fond:

    Une fumée blanche annonce l’élection d’un nouveau pape le 13 mars 2013.

    PHOTOGRAPHIE DE Peter Macdiarmid, Getty Images

    La préparation des bulletins, le « pré-scrutin », implique la distribution, la réception et la désignation des collecteurs et compteurs des votes. L’acte, le « scrutin », est fait en secret.

    Lors du « post-scrutin », les votes sont comptés, réaffirmés et finalement brûlés.

    Un vote initial a lieu le premier jour. Si personne n’est élu, un maximum de quatre votes ont lieu chaque jour du conclave et les bulletins qui en résultent sont ensuite brûlés. Si après trois jours de vote, aucun pape n’est élu, les membres du conclave passent un jour entier à prier et à réfléchir. Enfin, si ce cycle de quatre jours se répète sept fois de plus, un vote entre les deux candidats ayant reçu le plus de voix a lieu.

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    Une immense énorme s’amasse sur la place Saint-Pierre pour assister à l’apparition du nouveau pape, l’Argentin Jorge Bergoglio, sur le balcon de la basilique Saint-Pierre le 13 mars 2013.

    PHOTOGRAPHIE DE Andreas Solaro, AFP, Getty Images

    Brûler les bulletins, la fumata, annonce au public le résultat des votes qui ont eu lieu au sein de la chapelle Sixtine. Pour que la fumée puisse être vue par tous, une cheminée et un brûloir éphémères sont installés dans la chapelle avant le début du conclave. On ne sait pas vraiment quand a commencé cette tradition, mais le recours à la fumée blanche pour annoncer le nouveau pape remonte à la fin du 19e ou au début du 20e siècle. Un vote qui n’a pas désigné de vainqueur émettra une fumée noire.

    Jusqu’en 2005, le Vatican ajoutait des matériaux naturels, comme de la paille humide (pour le blanc) et des résidus goudronneux (pour le noir). Le Vatican a attendu 2013 pour révéler les produits chimiques utilisés en 2005 : un mélange de chlorure de potassium, de lactose et de résine de pin pour le blanc, et de perchlorate de potassium, d’anthracène et de sulfure pour le noir.

    Quatre volutes de fumée noire furent aperçues en 2013 avant qu’enfin une fumée blanche n’apparaisse. Quelques heures avant que la fumée blanche ne s’élève, une mouette solitaire s’est perchée sur la cheminée. Les observateurs ont vu en elle un augure que l’attente pour l’annonce d’un nouveau pape touchait à sa fin. Ils avaient raison. Le cardinal Jorge Mario Bergoglio, le pape François, venait d'être élu pape par ses pairs.

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    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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