Le récit glaçant des origines des vampires, des zombies et des loups-garous

Depuis toujours, les histoires de morts-vivants hantent les humains. D’où viennent ces légendes glaçantes et quels sont les événements parfois bien réels qui les ont inspirées ?

De Daniel S. Levy
Publication 29 oct. 2024, 20:43 CET
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Le château de Bran, en Roumanie, aurait servi d’inspiration pour celui de Dracula, célèbre vampire créé par Bram Stoker.

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Depuis la nuit des temps, les humains vivent dans la terreur des monstres. Comment ne pas être terrorisé par des bêtes carnassières ? Ou par un hématophage qui vous suivrait à la trace ? Ou bien par des zombies revenus d’entre les morts ? Ces visions d’horreur font l’étoffe de nos cauchemars, mais elles peuvent généralement être élucidées de manière tout à fait rationnelle. Généralement…

Ce kit de défense contre les vampires datant de 1840 contient une croix, un pistolet, des balles en argent, un pieu en bois, de l’eau bénite et de l’ail.

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Les vampires ne datent pas d’hier. Les légendes entourant ces créatures cauchemardesques remontent au moins à l’âge du bronze. Une seule morsure de leurs canines nacrées suffit à transformer leur victime en bête des ténèbres froide et sans cœur. Les Assyriens, en 4 000 avant notre ère, étaient par exemple déjà terrorisés par les edimmu, des esprits semblables aux vampires.

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    De l’ail pendu à une fenêtre, sans doute pour repousser les vampires.

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    Nombreuses furent les civilisations dans lesquelles la peur des vampires se propagea au fil des siècles. Les plus connus d’entre eux viennent toutefois peut-être d’Europe. La folie des vampires s’empara du Vieux Continent après un épisode assez singulier. En 1725, en rentrant chez lui, dans le village serbe de Kisilova, Peter Plogojowitz demanda à son fils de lui servir à manger (une autre version dit qu’il aurait demandé une paire de chaussures à sa femme). Jusque-là, rien d’anormal. Sauf que Peter Plogojowitz était mort trois jours auparavant. Dans les jours qui suivirent, son fils trouva lui aussi la mort. Puis ce fut au tour de neuf autres villageois qui affirmèrent sur leur lit de mort que Plogojowitz les avait étranglés avant de sucer leur sang.

    Quand les villageois exhumèrent sa dépouille, ils s’aperçurent qu’il n’avait pas commencé à se décomposer et que sa bouche était maculée de sang. Terrifiés, ils enfoncèrent un pieu dans son cœur. Du sang s’écoula alors de sa bouche et de ses oreilles, et ils décidèrent de le brûler pour ne pas tenter le diable. La nouvelle de sa mort, de son retour puis de sa nouvelle mort se propagea à la vitesse de l’éclair en Allemagne, en France et en Angleterre, provoquant l’effroi de tout un chacun.

    ZOMBIES

    Le succès surprenant de La nuit des morts-vivants, film de morts-vivants à bas budget réalisé par George A. Romero en 1968, n’eut d’égal que sa noirceur et suscita un engouement pour les films de zombies. Si Romero redonna un souffle aux morts-vivants, l’idée qu’il puisse exister des zombies est vieille de plusieurs siècles. On la retrouve notamment en Haïti aux 17e et 18e siècles.

    À cette époque, des Africains brutalisés et réduits en esclavages furent envoyés dans les plantations de canne à sucre de cette île colonisée par les Français. Pour les esclaves d’Haïti, la mort était synonyme de liberté et de retour à la terre natale dans l’au-delà. Mais beaucoup étaient persuadés que ceux qui s’ôtaient la vie afin de recevoir ces récompenses éternelles plus rapidement se retrouvaient en fait pris au piège pour toujours dans le corps de zombies sans âme, corps qui revenaient à la vie par le biais de rituels magiques.

    Dans le film La nuit des morts-vivants, des zombies se réunissent dans les champs de Pennsylvanie pour se mettre en quête de chair fraîche.

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    À en croire la religion vaudou, alors pratiquée par près de 90 % des Haïtiens, les bokors (des sorciers) étaient capables de créer et de contrôler des zombies. Et ce de plusieurs manières : en prélevant du sang et des mèches de cheveux sur leurs victimes, en se servant d’une poupée vaudou ou bien grâce au coup de poudre, une poudre mystique fabriquée à partir de restes humains, de plantes et d’animaux démembrés. Une fois la victime envoûtée, il ne fallait que quelques minutes pour qu’elle semble morte. Dès que celle-ci était enterrée, le sorcier réanimait son corps et s’en servait à sa guise.

    En 1791, après la révolte des esclaves, de nombreux africains asservis s’enfuirent à la Nouvelle-Orléans et emmenèrent avec eux la pratique du vaudou (et leurs croyances zombies). Au 19e siècle déjà, les prêtres vaudous étaient des figures du pouvoir spirituel et politique. Aujourd’hui encore, ils demeurent des éléments importants de la culture locale.

     

    LOUPS-GAROUS

    On ne sait pas quand sont apparues les premières histoires de loups-garous, mais les érudits en la matière penseront immédiatement à l’antique Sumer et à l’Épopée de Gilgamesh, une des plus anciennes œuvres en prose du monde, dans laquelle Gilgamesh rompt avec une prétendante parce qu’elle a transformé son partenaire précédent en loup. Les loups-garous apparaissent également dans la mythologie grecque au travers de la légende de Lycaon, transformé en loup après avoir provoqué la colère de Zeus.

    Dans les années 1760, la bête du Gévaudan terrorisa la France et fit plus de cent morts. Cette créature ressemblant à un loup-garou est représentée sur cette gravure de Fournier extraite de l’ouvrage « Les Animaux historiques ».

    PHOTOGRAPHIE DE IMAGE REPRODUITE AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE FOURNIER, 1884 COLLECTION PRIVÉE / PHOTO © ISADORA / BRIDGEMAN IMAGES, 1884 Collection privee, Photo © Isadora, Bridgeman Images

    L’aconit est vénéneux. On en appliquait sur la pointe des flèches lors des batailles. On dit qu’il repousserait les loups autant que les loups-garous.

    PHOTOGRAPHIE DE PHOTOGRAPHIE DE DEA / M. PIZZIRANI / GETTY IMAGES, M. Pizzirani, Getty Images

    En 1764, en France, une bête mutila la jeune Jeanne Boulet, âgée de 14 ans, près du village de Saint-Étienne-de-Lugdarès. Ce ne fut qu’une des plus de cent victimes qui trouvèrent la mort dans la région au milieu des années 1760 et dont les cadavres furent découverts le cou arraché et la tête dévorée. À en croire les rumeurs qui se propagèrent alors dans la province, un monstre vicieux, marchant debout et résistant aux balles vagabondait dans la région. Des milliers de volontaires sortirent armés de fusils et d’appâts empoisonnés. Mais la bête ne fut jamais retrouvée et les attaques prirent fin en 1765. Depuis lors, les spéculations vont bon train. Il se serait agi d’une meute de loups ou bien même d’un lion qui se serait échappé d’une ménagerie exotique.

    Il n’en reste pas moins qu’on se mit à avoir de plus en plus peur des loups-garous et que les histoires de ce genre se multiplièrent à un rythme effréné. On craignait de se transformer en loup-garou en buvant telle ou telle potion, en se faisant mordre par la créature elle-même ou bien encore en enfilant une cape ou une ceinture ensorcelée. D’ailleurs, puisque les loups hurlent à la lune, on croyait que les personnes conçues (ou maudites) un soir de pleine lune avaient le pouvoir de se métamorphoser chaque fois que l’astre apparaissait dans sa totalité.

    On dit qu’à la pleine lune certains humains prendraient malgré eux les traits d’un lycanthrope.

     

    PHOTOGRAPHIE DE PHOTOGRAPHIE DE MIMI DITCHIE PHOTOGRAPHY / GETTY IMAGES, Getty Images

    L’histoire de Jeanne Boulet mise à part, l’idée qu’il puisse exister des loups-garous provient sans doute de personnes souffrant de maladies mal comprises et redoutées comme la rage, qui provoque maux de tête et hypersalivation, ou l’hypertrichose, maladie génétique responsable d’une croissance excessive des cheveux.

    Cet article est en partie extrait de l’ouvrage Secrets of the Supernatural de Daniel S. Levy. Copyright © National Geographic Partners, LLC.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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