Ces chasseurs de requins ont été enterrés avec des bras et des jambes qui ne leur appartenaient pas

Des archéologues ont mis au jour des preuves d’interactions entre Hommes et requins remontant à plus de 3 500 ans au Pérou, notamment des sépultures de requins et des restes de pêcheurs enterrés avec des membres appartenant à d'autres personnes.

De Kristin Romey
Publication 11 juil. 2023, 15:10 CEST
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Les archéologues ont été surpris par cette sépulture provenant d’une communauté de pêcheurs de requins vieille de 1 500 ans. En effet, deux jambes gauches supplémentaires ont été retrouvées enterrées à côté du corps de cet adulte.

AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE Gabriel Prieto

Des dizaines de sépultures particulièrement uniques, provenant d’une ancienne communauté péruvienne de pêcheurs de requins, intriguent les archéologues. Elles contenaient non seulement des objets métalliques précieux et des pots en céramique originaux, mais aussi, dans certains cas, des membres humains supplémentaires.

Plus de 50 sépultures ainsi qu’un petit village côtier appartenant à la culture Virú ont été découverts en 2018, dans la ville de Huanchaco, sur la côte nord du Pérou. « C’est un petit village de pêcheurs complexe », affirme l’archéologue Victor Campaña, superviseur des fouilles.

La culture Virú, peu connue et qui tire son nom de la vallée de Virú qui s’étend des Andes au Pacifique, a prospéré dans la région entre l’an 100 et 750 après J.-C., avant que les Moche ne prennent le contrôle de la région.

Près de 30 des 54 sépultures Virú, pour la plupart des adultes, semblent comprendre à la fois des squelettes complets et des parties de corps supplémentaires. La plupart des membres ajoutés semblent être des bras et des jambes. L’une d’entre elles présente le corps d’un adulte retrouvé intact, à côté duquel ont été placées deux jambes supplémentaires.

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L’anse de ce pot Virú, retrouvé dans l’une des sépultures, a été décorée d’un singe.

AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE Gabriel Prieto

Les enquêtes préliminaires ont indiqué que de nombreuses dépouilles présentent des traces de traumatismes, notamment des coupures et des blessures par objet contondant. M. Campaña explique que les individus ayant subi des traumatismes sont également les plus susceptibles d’avoir été enterrés avec des membres supplémentaires.

Pour l’heure, les archéologues ne peuvent qu’émettre des suppositions sur ces sépultures Virú. Selon l’une d'elles, les membres supplémentaires auraient pu servir d’offrandes sacrificielles pour accompagner les morts dans l’au-delà. De plus amples analyses en laboratoire permettront de déterminer si les individus enterrés étaient liés à ceux à qui appartenaient ces membres supplémentaires.

 

L’HÉRITAGE DE PÊCHEURS

Les sépultures Virú présentent également divers objets funéraires, notamment des récipients en céramique décorés de visages humains et de détails animaliers fantaisistes ou encore des bijoux et des feuilles de cuivre pliées, insérés dans la bouche ou la main des défunts. L’une des découvertes les plus intéressantes de M. Campaña jusqu’à présent est un très grand hameçon en cuivre, de plus de 10 centimètres, enveloppé d’une feuille d’or.

La taille de cet hameçon est adaptée à la capture de très gros poissons et de requins, une pratique traditionnelle très ancienne dans cette région côtière du nord du Pérou, centralisée autour de la capitale la région, Trujillo.

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    Ce grand hameçon en cuivre, dont la tige est entourée d’une bande d’or, témoigne de l’héritage de la pêche dans la région.

    AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE Gabriel Prieto

    En 2010, Prieto a mis au jour un temple vieux de 3 500 ans utilisé par les chasseurs de requins dans la région de Huanchaco. Les preuves de l'existence des Caballitos de Totora, des bateaux en roseau encore utilisés de nos jours par les pêcheurs de Huanchaco, remontent à au moins quatre millénaires.

    Près d'une décennie plus tard, Prieto a mis au jour une plateforme cérémonielle Moche vieille de 1 500 ans sur le site de Pampa La Cruz à Huanchaco, sur une colline surplombant le Pacifique. Sous cette plateforme se trouvaient les sépultures de neuf requins ainsi que des thons jaunes, de poissons-lunes et de kogias.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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