Pessa'h, la fête juive qui célèbre la résilience face à l'adversité

Pessa'h, la Pâque juive, commémore la libération des esclaves israélites en Égypte antique. C'est l'une des fêtes juives les plus célébrées dans le monde.

De Erin Blakemore
Publication 19 avr. 2022, 15:01 CEST
L’élément central des célébrations modernes de Pessa’h est le séder : un repas rituel commémorant la libération ...

L’élément central des célébrations modernes de Pessa’h est le séder : un repas rituel commémorant la libération des Israélites de l’esclavage en Égypte. Le dîner comprend des lectures tirées d’un manuscrit appelé la Haggadah. La Haggadah de Sarajevo, illustrée ici, est l’une des plus anciennes, datant du 14e siècle.

PHOTOGRAPHIE DE Zev Radovan, Bridgeman Images

Alors que les jours s’éclaircissent et que le printemps bat son plein, les Juifs du monde entier célèbrent Pessa’h, une fête qui s’étend sur une semaine et qui est l’une des célébrations les plus importantes et les plus pratiquées du judaïsme dans le monde. Également appelée la Pâque, Pessa’h combine des millénaires de traditions religieuses – et ne se résume pas seulement à sa matsa et à son gefilte fish.

 

LES ORIGINES DE PESSA’H

L’histoire de Pessa’h est relatée dans le livre de l’Exode de la Bible hébraïque, qui retrace l’asservissement des Israélites et leur fuite de l’Égypte antique.

Craignant que la population des Israélites ne devienne plus nombreuse que son propre peuple, le pharaon égyptien les réduisit en esclavage et ordonna l’assassinat de tous les garçons nouveau-nés juifs. L’un d’entre eux était Moïse, qui avait été annoncé comme étant le sauveur des Israélites avant même sa naissance. Il fut sauvé et élevé par la fille du pharaon.

Le passage de la mer Rouge de William Brassey Hole dépeint l’histoire biblique de l’Exode dans laquelle Dieu, agissant par l’intermédiaire de Moïse, écarte la mer Rouge pour permettre aux Israélites de fuir l’Égypte en toute sécurité.

PHOTOGRAPHIE DE Lebrecht History / Bridgeman Images

Une fois arrivé à l’âge adulte, Dieu parla à Moïse, l’incitant à dire au pharaon de laisser partir son peuple. Le pharaon refusa. Pour le punir, Dieu fit tomber dix plaies consécutives sur l’Égypte, telles que la mort du bétail, les nuées de sauterelles et les eaux changées en sang, mais épargna les Israélites. (À lire : Qui était l’arrogant pharaon qui défia Moïse ?)

Pour la dixième et dernière plaie, un ange vengeur se rendit dans toutes les maisons d’Égypte, tuant le premier-né de chaque foyer. Dieu ne réserva pas le même sort aux Israélites : il demanda à Moïse de leur dire d’abattre un agneau et de badigeonner de son sang les bords des cadres de leurs portes afin que l’ange vengeur « passe au-dessus » (« pessa’h » en hébreu) de leurs maisons et épargne ainsi leurs enfants. Ils devaient ensuite manger l’agneau sacrifié avec des herbes amères et du pain sans levain. Ce fut la plaie de trop pour le pharaon qui décida alors de libérer les Israélites et de les bannir d’Égypte.

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    Le rabbin Pinsk Karlin et d’autres Juifs ultra-orthodoxes recueillent l’eau d’une source de montagne dans la banlieue de Jérusalem afin de faire de la matsa, un pain sans levain traditionnel fait à la main pour Pessa’h. Les Juifs n’ont pas le droit de manger des aliments levés pendant Pessa’h.

    PHOTOGRAPHIE DE Ariel Schalit, Ap

    LE SÉDER DE PESSA’H

    Les célébrations modernes de Pessa’h commémorent, voire reconstituent de nombreux événements bibliques. Le séder (« ordre » en hébreu), le repas rituel qui représente le cœur des célébrations de la Pâque juive, comprend des aliments qui symbolisent des éléments de l’histoire.

    Les herbes amères (souvent de la laitue et du raifort) représentent l’amertume de l’esclavage. Un os d’agneau rôti commémore l’agneau sacrifié. L’œuf a de multiples interprétations : certains pensent qu’il représente la vie nouvelle, d’autres qu’il symbolise la désolation du peuple juif face aux difficultés qui l’attendaient en exil. Les légumes sont plongés dans de l’eau salée, en référence aux larmes des Israélites réduits en esclavage. Le haroset, une pâte sucrée faite de pommes, de vin et de noix ou de fruits secs, représente les briques utilisées par les esclaves israélites pour construire les villes-entrepôts d’Égypte.

    Lors du séder traditionnel, les participants mangent du pain sans levain, ou matsa, trois fois et boivent du vin quatre fois. Ils lisent une Haggadah, un guide du rite, écoutent l’histoire de Pessa’h et répondent à quatre questions sur la signification de leur repas. Les enfants participent également à l’événement et recherchent un afikomen, une part de matsa qui est coupée et cachée dans la maison. Chaque séder est différent, et régi par les traditions de chaque communauté et famille. 

    Un groupe d’amis juifs à Varsovie, en Pologne, se réunit pour le séder de Pessa’h. Lorsque cette photographie a été publiée en septembre 1986, moins de 5 000 Juifs vivaient en Pologne. Aujourd’hui, la Pologne abrite l’une des populations juives qui connaissent les croissances les plus rapides du monde.

    PHOTOGRAPHIE DE Tomasz Tomaszewski, Nat Geo Image Collection

    LA CÉLÉBRATION DE PESSA’H À TRAVERS LE MONDE

    Que ce soit en Israël ou dans le monde, les façons de célébrer Pessa’h varient. La fête dure une semaine en Israël et huit jours dans le reste du monde, en commémoration de la semaine pendant laquelle les Israélites furent poursuivis par les Égyptiens tandis qu’ils partaient en exil.

    Pendant ces quelques jours, de nombreux Juifs s’abstiennent de manger du pain levé, et certains s’abstiennent également de travailler pendant les deux derniers jours de Pessa’h et assistent à des services spéciaux avant et pendant la semaine. Les Juifs orthodoxes et conservateurs en dehors d’Israël participent à deux séders, tandis que les Juifs réformés et ceux qui se trouvent en Israël n’en célèbrent qu’un seul. 

    Cependant, quels que soient le lieu ou la manière de célébrer Pessa’h, cette fête met en avant de puissants thèmes de force, d’espoir et de triomphe face à l’adversité et à l’antisémitisme.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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