En images : comprendre l’océan

Pour protéger nos océans, nous devons comprendre pourquoi nos récifs coralliens disparaissent en Indonésie, pourquoi nos glaciers reculent au Groenland et pourquoi les populations d'espèces invasives explosent en Italie.

PHOTOGRAPHIES DE DAVID DOUBILET ET JENNIFER HAYES, KILIII YUYAN ET JEN GUYTON

PHOTOGRAPHIE DE Kiliii Yüyan

POUR LA BEAUTÉ DU CORAIL

RAJA AMPAT, INDONÉSIE

En Indonésie, l'archipel des Raja Ampat est considéré comme l'épicentre mondial de la biodiversité marine sur notre planète. C'est également un fabuleux modèle pour la conservation des océans. L'explorateur National Geographic Titouan Bernicot nage au milieu des coraux du détroit de Dampier dans les îles Raja Ampat. Sur les îles de Polynésie française qui l'ont vu grandir, il a fondé l'organisation Coral Gardeners avec laquelle il dirige des projets innovants de restauration du récif corallien et mène des campagnes de sensibilisation aux menaces qui pèsent sur les récifs à travers le monde. Selon les estimations de la COI-UNESCO, nous risquons de perdre la totalité des récifs classés au patrimoine mondial d'ici la fin du siècle si nous ne réduisons pas drastiquement nos émissions carbone. Cela dit, les récifs interconnectés de Raja Ampat et d'autres systèmes similaires pourraient être plus résistants au réchauffement des océans. 

PHOTOGRAPHIE DE David Doubilet et Jennifer Hayes

RÉCIFS ET FORÊTS PLUVIALES

RAJA AMPAT, INDONÉSIE

Les Raja Ampat forment un archipel de 1 500 îles au large de la Papouasie occidentale, en Indonésie. Cette région concentre 75 % des espèces de coraux présentes sur la planète et plus de 1 400 espèces de poissons de récifs. Située au beau milieu du flux traversant indonésien, un courant océanique reliant le Pacifique à l'océan Indien, la combinaison de récifs frangeants, d'atolls et de barrières de corail observée à Raja Ampat est soumise à des fluctuations majeures de température, ce qui pourrait rendre le système plus résistant au réchauffement océanique. 

PHOTOGRAPHIE DE David Doubilet et Jennifer Hayes

GARDIENS DES CORAUX

RAJA AMPAT, INDONÉSIE

Usal montre à une jeune fille comment fonctionne un gilet stabilisateur. Quand elle était enfant, Usal regardait les plongeurs venus explorer le récif qui bordait son village, Arborek. Aujourd'hui, Usal est elle-même monitrice de plongée et passionnée de conservation. Les communautés locales des Raja Ampat ont renoncé aux méthodes de pêche destructrices, comme la mutilation des requins pour leurs ailerons ou la pêche à la dynamite, deux pratiques introduites par les pêcheurs étrangers pour alimenter les marchés internationaux. Les pêcheurs locaux appliquent désormais les sasi, des coutumes ancestrales de conservation et d'entretien des récifs afin de protéger leurs coraux pour les générations à venir. 

PHOTOGRAPHIE DE David Doubilet et Jennifer Hayes

SANCTUAIRE DES TORTUES

RAJA AMPAT, INDONÉSIE

La planète compte sept espèces de tortues marines et toutes sont en danger d'extinction. Quatre de ces espèces vivent dans les eaux des Raja Ampat, notamment la tortue imbriquée, en danger critique d'extinction. Les tortues jouent un rôle crucial dans l'équilibre écologique des récifs coralliens. Ce sont de grandes consommatrices de méduses, un animal qui se nourrit de poissons tropicaux. Les excréments des tortues sont également riches en nutriments dont se nourrissent les polypes des coraux pour construire leurs squelettes carbonés. 

PHOTOGRAPHIE DE David Doubilet et Jennifer Hayes

POUPONNIÈRE DE REQUINS

RAJA AMPAT, INDONÉSIE

Cette pouponnière de requins du complexe Papua Diving réintroduit des requins-zèbres dans la nature. Au cours des dernières décennies, la vie marine dans l'archipel des Raja Ampat a défié toutes les tendances internationales en voyant sa population augmenter. Cette situation est le fruit d'une collaboration entre les ONG, les communautés locales et le gouvernement visant à comprendre la biorégion afin d'optimiser la gestion et le contrôle des aires protégées. En 2013, Raja Ampat a été déclaré sanctuaire pour les raies mantas et les requins. Depuis, les populations des deux espèces se sont développées. L'archipel engendre également des revenus considérables avec le secteur de l'écotourisme. 

PHOTOGRAPHIE DE David Doubilet et Jennifer Hayes

DONNÉES NATURELLES

FJORD DE NUUK, GROENLAND

Les connaissances des peuples autochtones de l'Arctique offrent une vision plus holistique de la nature, de la science et des causes du changement climatique. Les scientifiques affiliés à l'université du Groenland utilisent cet avant-poste pour recueillir des données sur l'évolution du climat. Certaines régions de l'Arctique se réchauffent jusqu'à quatre fois plus rapidement que le reste du monde et la fonte de l'inlandsis du Groenland est l'un des principaux facteurs contribuant à la hausse mondiale du niveau des mers. Cependant, alors que les scientifiques ont tendance à se rendre au Groenland principalement pour étudier le changement climatique, les Inuits qui vivent ici depuis des générations ont vu leur monde changer en temps réel… et leurs observations comptent.

PHOTOGRAPHIE DE Kiliii Yüyan

L’HOMME ET LA NATURE

FJORD DE NUUK, GROENLAND

L'explorateur National Geographic Kiliii Yuyan photographie la microbiologiste inuite Aviaja Lyberth Hauptmann lors d'une cueillette de baies dans la toundra arctique, en bordure de Nuuk, la capitale du Groenland. Également professeure à l'université du Groenland, Hauptmann développe actuellement un programme de biologie qui allie connaissances autochtones et méthode scientifique. Comme elle nous l'explique, nos microbiomes nous connectent à la nature et, de la même façon, la cosmologie inuite traditionnelle perçoit l'Homme et la nature comme inséparables. 

PHOTOGRAPHIE DE Kiliii Yüyan

CHAÎNE ALIMENTAIRE OCÉANIQUE

FJORD DE NUUK, GROENLAND

Au Groenland, l'alimentation est traditionnellement basée sur les produits de la mer, alors que la pêche représente plus de 90 % des exportations du pays. Pour la professeure adjointe Hauptmann, la chasse et la pêche connectent les Groenlandais à leur environnement à la fois physiquement et émotionnellement. Les aliments crus et fermentés transmettent des microbes entre les espèces, des poissons aux humains en passant par les phoques, par exemple. De la même façon, le fait de puiser son alimentation dans la nature favorise une connexion plus forte avec celle-ci. 

PHOTOGRAPHIE DE Kiliii Yüyan

MESURE DES NUTRIMENTS

RAJA AMPAT, INDONÉSIE

Rattaché au Greenland Institute of Natural Resources, le scientifique Thomas Juul-Pedersen prélève l'eau d'une rivière glaciaire qui se jette dans le fjord de Nuuk pour un projet de collecte de données évaluant au long terme l'évolution des effets en aval de nutriments comme le phosphate, le silicate et le l'azote sur les microorganismes marins, un maillon essentiel du réseau trophique marin. Le recul des glaciers risque d’affecter la concentration de ces nutriments, ce qui pourrait avoir des répercussions sur l'ensemble de l'écosystème marin. 

PHOTOGRAPHIE DE Kiliii Yüyan

LE SENS DU SILA

NUUK, GROENLAND

Une aurore boréale transperce le ciel nocturne au-dessus de Nuuk. Le terme inuktitut « sila » peut avoir de nombreuses traductions : climat, vent, conscience, esprit, mais pour la professeure Aviaja Lyberth Hauptmann, il nous rappelle avant tout que tout est connecté. À ses yeux, les humains s'acharnent à combattre les symptômes du changement climatique, sans toutefois parvenir à en comprendre la cause : le fossé grandissant qui sépare l'Homme de la nature. À travers son nouveau programme de biologie « sila », la professeure espère résoudre ce problème en mêlant la science aux concepts autochtones. 

PHOTOGRAPHIE DE Kiliii Yüyan

PÊCHE AU CRABE BLEU

SCARDOVARI, ITALIE

Le crabe bleu d'Atlantique est une espèce invasive qui bouleverse les écosystèmes de la Méditerranée. En Italie, les pêcheurs de palourdes capturent désormais ces crabes, mais le marché est encore limité. Meri Boscolo et son père Massimo remontent une cage de crabes bleus sur leur zone de pêche dans la mer Adriatique. La famille Boscolo pêche la palourde et l'anguille depuis plusieurs générations. Ils étaient parmi les premiers à pêcher le crabe bleu. Lorsque les crabes ont fait leur apparition, Massimo a d'abord perçu l'animal comme une opportunité, mais leur population a explosé ces dernières années, ce qui a fait chuter leur valeur marchande et constitue depuis une menace pour les pêcheries locales.

PHOTOGRAPHIE DE Jen Guyton

LA DÉFAITE DU MOLLUSQUE

SCARDOVARI, ITALIE

Sur le delta du Pô, un pêcheur du village italien de Scardovari montre les coquilles de palourdes vides qu'il vient de remonter. Le crabe bleu est encore passé par là. Cette région est la première productrice de vongole (palourdes) en Europe, avec 15 000 tonnes par an. Désormais, les crabes dévorent tout sur leur passage, ce qui menace les moyens de subsistance de milliers de familles de pêcheurs qui prélèvent les vongole et d'autres espèces marines endémiques dans la lagune.

PHOTOGRAPHIE DE Jen Guyton

ENVAHISSEUR DE L'ATLANTIQUE

SCARDOVARI, ITALIE

Elisabetta Zavoli est photographe et exploratrice National Geographic ; elle s'intéresse notamment à l'invasion des crabes bleus d'Atlantique en Italie ainsi qu'à ses impacts sur les écosystèmes et les moyens de subsistance. Les crabes seraient arrivés en Méditerranée par le canal de Suez et dans les eaux de ballast des navires. Ils se seraient ensuite rapidement propagés à travers l'est de la Méditerranée. En Amérique, le crabe est depuis longtemps un plat populaire, mais il ne fait pas historiquement partie de la culture culinaire italienne. 

PHOTOGRAPHIE DE Jen Guyton

CRUSTACÉS POUR GOURMETS

VENISE, ITALIE

Au restaurant Venissa, les chefs Chiara Pavan et Francesco Bruto imaginent des plats étoilés mettant à l'honneur les espèces invasives comme le crabe bleu d'Atlantique. L'objectif de la cheffe Pavan est de soutenir les communautés locales de pêcheurs en essayant de mettre à profit la réputation du restaurant pour influencer la culture culinaire italienne et ainsi réduire la pression subie par les espèces endémiques. Outre ses qualités écologiques, la cheffe indique que le crabe offre également une chair subtile qui se prête à une multitude de préparations. 

PHOTOGRAPHIE DE Jen Guyton

ÉVOLUTION DE LA MÉDITERRANÉE

SCARDOVARI, ITALIE

Une ferme aquacole de palourdes abandonnée sur la côte de Scardovari. Pour le moment, il n'existe aucune solution miracle pour débarrasser l'Italie et le reste de la Méditerranée du fléau des crabes bleus, ni même pour réduire considérablement leur population. Des initiatives sont en cours pour développer un marché d'exportation vers l'Amérique, ironiquement, mais aussi pour introduire les crabes dans les supermarchés à travers l'Italie. Cependant, face au nombre impressionnant de crabes dans les eaux de l'Adriatique, le gouvernement encourage de plus en plus les pêcheurs à capturer les crabes pour les détruire. 

Découvrez ce que signifie comprendre l’océan pour le sauvegarder.

PHOTOGRAPHIE DE Jen Guyton

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