Découverte d'une molécule qui améliorerait l’efficacité des chimiothérapies

Une équipe de chercheurs du CNRS et de l’Université de Nice est parvenue à démontrer qu’une molécule appelée méthiothépine était capable d’inhiber la résistance de certaines tumeurs à la chimiothérapie.

De Guillaume Marchand

Malgré le développement de nouveaux traitements thérapeutiques contre le cancer, celui-ci demeure l’une des plus importantes causes de décès dans le monde. Parmi ces nouveaux traitements, l’une des principales problématiques reste la résistance des tumeurs aux différentes chimiothérapies. La chimiothérapie est en effet un protocole de soins très répandu dans les établissements hospitaliers français comme le rappellent les chiffres de l’Institut National du Cancer. Sur les 1,2 millions de personnes atteintes par un cancer et hospitalisées en 2015, 39 % d’entre elles étaient traitées par chimiothérapie.

D’après l’étude menée par une équipe du CNRS et une équipe de chercheurs de l’Université de Nice, la résistance des cellules cancéreuses à la chimiothérapie serait due à la surexpression d’une protéine membranaire appelée « Patched ». Cette dernière est capable d’expulser hors des cellules les agents toxiques de la chimiothérapie permettant ainsi à la tumeur de survivre au traitement. Son rôle initial qui agit au moment du développement embryonnaire est alors détourné en rôle détoxifiant pour de nombreux cancers comme le cancer du sein ou le cancer colorectal.

Les lymphocites T du système immunitaire (en rose) sont utilisés pour tuer les cellules cancéreuses (en ...
Les lymphocites T du système immunitaire (en rose) sont utilisés pour tuer les cellules cancéreuses (en jaune).
PHOTOGRAPHIE DE Steve Gschmeissner, Science Source

Le cancer n’est pas une maladie mais un groupe de maladies qui se caractérise par la multiplication incontrôlée de cellules mutées. Ces mutations sont dues à l’accumulation d’erreurs dans les gènes des cellules se dupliquant. Regroupées entre elles, elles forment une tumeur. Cependant il ne faut pas s’y méprendre, toutes les tumeurs ne sont pas cancéreuses. Ces cellules dont le matériel génétique est modifié entraînent plus ou moins rapidement la mort de l’individu porteur selon sa localisation et ses mutations. Le cancer peut provenir d’un ensemble de facteurs internes comme les mutations héréditaires ou certaines hormones et de facteurs externes tels que le mode de vie du malade ou encore son environnement. Il existe plusieurs formes de cancers au sein d’une même région du corps, il faut alors adapter le traitement pour chacun d’entre eux.

Comme énoncé, la chimiothérapie est un traitement spécifique des pathologies cancéreuses, généralement préconisé lorsqu’une tumeur réapparaît, qu’il y a présence de métastases ou quand la taille de la tumeur doit être réduite afin de faciliter son ablation. Elle consiste à administrer des agents chimiques toxiques pour les cellules cancéreuses par injection ou en comprimés. Il en existe plusieurs sortes, aux différents modes d’actions et effets secondaires.

Un des médicaments utilisés lors la chimiothérapie s’appelle la doxorubicine. Au cours de leur étude, les chercheurs du CNRS ont mis en évidence le rejet du médicament, toxique pour les cellules cancéreuses en grande quantité, par la protéine Patched. L’article scientifique décrit également la découverte d’une molécule capable d’inhiber l’élimination de la doxorubicine en bloquant le flux généré par Patched : la méthiothépine. L’association de ces deux molécules permet l’accumulation du traitement dans les cellules de la tumeur, guérissant ainsi plus efficacement le cancer.

Les tumeurs traitées sur les souris avec la méthiothépine et la doxorubicine contiennent ainsi trois fois plus de médicaments qu’une tumeur traitée uniquement avec la doxorubicine seule. Toxique pour le cœur, cette dernière n’est pourtant pas retrouvée dans les cœurs de souris traitées. Il est donc mis en exergue que la méthiothépine augmente la concentration en médicament chimiothérapeutique uniquement dans les tumeurs. Cette combinaison de molécules peut ainsi être utilisé comme traitement contre le cancer mais également comme médicament préventif dans le cas de potentielles récidives de cancers exprimant Patched.

Cette avancée scientifique est un pas de plus vers l’espoir de guérir, un jour, tous les cancers. Le taux de mortalité des malades atteints de cette pathologie est en constante diminution depuis 25 ans. Cette baisse s’explique notamment par l’amélioration des traitements et des diagnostiques permettant de déceler les cancers prématurément afin de mieux les prendre en charge.

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