À quoi ressemblait le monde des Néandertaliens ?
Grâce aux avancées technologiques, les découvertes concernant la vie des Néandertaliens n'ont jamais été aussi nombreuses et précises.
Cette reproduction grandeur nature en silicone d'un Néandertalien connu sous le nom d'Homme d'Altamura est exposée au Musée archéologique national d'Altamura, en Italie. Créée par les paléoartistes Adrie et Alfons Kennis, la reproduction se base sur les analyses du squelette original de la grotte de Lamalunga, l'un des plus anciens fossiles de Néandertalien découverts à ce jour.
Jusqu’à il y a environ 40 000 ans, l’Homo sapiens partageait la planète avec ses plus proches parents connus, les Néandertaliens. Ces derniers, plus petits et plus trapus que les humains modernes, habitaient des régions allant de l’Europe de l’Ouest à l’Asie centrale. Les découvertes archéologiques révèlent que ces Homininis étaient remarquablement ingénieux : ils fabriquaient des outils en pierre, chassaient de grands animaux, utilisaient le feu, portaient des vêtements et adoptaient certains comportements symboliques, tels que l’inhumation probable de leurs morts.
Malgré ces capacités, les Néandertaliens ont rapidement décliné à la suite d’une importante migration d’Homo sapiens en Europe. Aujourd’hui encore, les scientifiques se demandent si la principale cause de cette extinction a été la concurrence avec notre espèce ou l’évolution de l’environnement. Les indices recueillis sur les sites néandertaliens pourraient aider à répondre à cette question, mais aussi à résoudre bien d’autres mystères concernant nos anciens parents.
L'anthropologue Giorgio Manzi examine les crânes de Néandertaliens « Saccopastore 1 » et « 2 » au Museo di Antropologia Giuseppe Sergi della Sapienza, à Rome. Les fouilles menées à l'endroit où les crânes ont été découverts ont également permis de mettre au jour des outils en pierre et des os d'éléphant, d'hippopotame et de rhinocéros, qui attestent de l'ancienneté des fossiles humains, qui datent d'environ 130 000 ans.
En Italie, de nouveaux détails sur la vie des Néandertaliens ont par exemple été mis au jour dans les cavernes, les abris et les campements temporaires qu’ils utilisaient. Dans la grotte Guattari, près de la ville côtière de San Felice Circeo, au sud de Rome, des restes néandertaliens, probablement recueillis par des hyènes tachetées, ont récemment été découverts. Les hyènes amassent en effet des os dans leur tanière, et cet assemblage qui comprenait sept hommes, une femme et un jeune garçon néandertaliens, a amené les chercheurs à conclure qu’une communauté néandertalienne entière avait pu vivre dans la région.
Le promontoire du mont Circé regorge de grottes côtières, telles que Fossellone (dont on aperçoit l'entrée sur la photo), Breuil et Guattari, où des fouilles ont permis de mettre au jour des vestiges néandertaliens. Il y a 100 000 à 50 000 ans, le Circé était entouré de plaines et habité par certains des derniers Néandertaliens.
Cette région d’Italie, montagneuse et riche en grottes calcaires, était apte à fournir un abri aux populations humaines ancestrales. Ces dernières, qui vivaient un mode de vie nomade et traquaient leurs proies au gré des saisons, revisitaient probablement ces grottes pour s’en servir comme abris.
Par le passé, les chercheur.ses s’appuyaient sur les ossements et sur des fragments d’outils ou d’armes pour en savoir plus sur les Néandertaliens. Aujourd’hui, en revanche, les expert.es disposent d’outils sophistiqués leur permettant de fouiller ces habitations anciennes à la recherche d’une multitude d’informations sur leur vie, et ce même lorsque les restes fossiles sont rares.
Entre 2019 et 2022, des fouilles dans la grotte Guattari à Circé ont mis au jour les restes de neuf individus datant de 100 000 à 57 000 ans. Les fouilles ont été menées par la Soprintendenza Archeologia, Belle Arti e Paesaggio pour les régions de Frosinone et Latina, et par l'Università di Roma Tor Vergata, sous la direction de Francesco Di Mario.
Le crâne et les os fossiles de l'Homme d'Altamura se trouvent toujours à l'endroit où ils ont été découverts il y a près de trente ans, encastrés dans la roche et dans une couche de calcite dans la grotte de Lamalunga, près de la ville d'Altamura, dans le sud de l'Italie. Datant de 130 000 ans ou plus, les restes sont recouverts de dépôts de calcite et ont été découverts par des chercheurs spéléologues du Centro Altamurano Ricerche Speleologiche.
Grâce aux progrès de la technologie, les nombreuses traces du passé dont regorgent les grottes autrefois habitées par les Néandertaliens sont bien plus visibles par les spécialistes. Certaines des découvertes les plus remarquables de ces dernières années proviennent de détails de débris néandertaliens autrefois ignorés. Les cendres de foyers suggèrent par exemple l’utilisation du feu, les os d’animaux jetés révèlent des traces de techniques de boucherie, et la forme des éclats de pierre indique la sophistication de la production d’outils par les Néandertaliens. Des pigments datés chimiquement ont même suggéré que les Néandertaliens avaient réalisé des peintures rupestres.
De nombreux mystères subsistent au sujet de cette espèce ancestrale, tels que la fréquence de leurs comportements symboliques et les causes exactes de leur disparition. Cependant, grâce aux nouvelles découvertes scientifiques qui révèlent des détails extraordinaires sur leur vie, nous pouvons désormais dévoiler la vie de nos lointains parents avec bien plus de précision que jamais auparavant.
Des fouilles ont été menées à Cala dei Santi, sur la côte ouest de l'Italie, par Ivan Martini et Vincenzo Spagnolo de l'Université de Sienne. Il y a 50 000 à 40 000 ans, le site a été occupé par des Néandertaliens.
Le soleil se lève devant la grotte de Cala dei Santi, sur le promontoire de l'Argentario, en Italie, qui donne sur la mer Méditerranée. À la fin du Pléistocène, il y a environ 50 000 ans, les eaux s'étaient retirées, rendant visibles les plaines sur lesquelles les Néandertaliens chassaient probablement.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.