Comment se protéger efficacement du soleil ?
Quelle est la différence entre une protection solaire minérale et chimique ? À quel moment et à quelle fréquence faut-il l’appliquer ? On vous explique tout ce qu'il faut savoir sur les protections solaires.
Des vacanciers se détendent à l'ombre des parasols sur le bord d'une piscine à Palm Springs, en Californie. Les experts affirment que les cancers de la peau sont en augmentation. Il est donc plus important que jamais de protéger celle-ci des rayons ultraviolets qui sont nocifs.
Nous l'avons tous un jour ressenti : ce moment où la chaleur des rayons du soleil devient un peu trop forte et où l'on se rend compte que l'on a attrapé un coup de soleil. La plupart du temps, cela se traduit par plusieurs heures ou jours de douleur et d'inconfort. Avec le temps, cependant, cette exposition au soleil entraîne un vieillissement prématuré de la peau et des cancers tels que le mélanome.
Au cours des dernières décennies, les spécialistes de la peau sont devenus catégoriques : nous devons appliquer des protections solaires. Ce sur quoi ils s’interrogent davantage, c’est la quantité à utiliser, à quel moment et dans quelles circonstances. Ils se questionnent également sur les avantages des différents types de protections solaires et l’impact qu’elles ont sur nous et l'environnement.
« Les cancers de la peau sont en augmentation, j’en diagnostique tous les jours dans mon cabinet », déclare Gregory Papadeas, dermatologue exerçant à Denver. Il accuse non seulement l'appauvrissement de la couche d'ozone, la partie de l'atmosphère terrestre qui aide à absorber les rayons ultraviolets (UV) nocifs, mais également la pratique d’activités de plein air telles que la randonnée, le kayak et le vélo, de plus en plus populaires.
National Geographic s'est entretenu avec plusieurs dermatologues pour tout savoir sur la protection solaire.
À QUEL POINT EST-CE IMPORTANT D’APPLIQUER UNE PROTECTION SOLAIRE ?
Très important, répond Bruce Brod, dermatologue à l'université de Pennsylvanie. Ce n’est toutefois qu’un élément constitutif d’une stratégie plus globale visant à prévenir une exposition nocive au soleil. La stratégie la plus efficace consiste à éviter le soleil lorsqu'il est le plus intense, généralement entre 10 heures et 14 heures.
Une autre solution consiste à porter des chapeaux possédant des bords d'au moins 10 centimètres de large et des vêtements anti-UV. Bien qu’il soit préférable de porter des vêtements plutôt que laisser sa peau à nu, Bruce Brod recommande d'acheter des textiles dont le facteur de protection solaire (FPS), ou indice de protection (IP) est d'au moins 30.
Pour vérifier si un vêtement que vous possédez déjà offre une protection adéquate, tenez-le devant une ampoule. S'il laisse passer la lumière, il ne vous protégera probablement pas beaucoup, surtout s'il est fin ou mouillé.
EN DEHORS DES COUPS DE SOLEIL, POURQUOI EST-CE RISQUÉ DE S’EXPOSER AU SOLEIL ?
Tout d'abord parce que les rayons UV sont la principale cause du vieillissement prématuré de la peau, qui se traduit par des rides, un relâchement et une sécheresse, indique Mona Gohara, dermatologue à l'université Yale. Les personnes à la peau plus foncée peuvent également constater une hyperpigmentation, c'est-à-dire une coloration inégale à certains endroits de la peau.
QU’EN EST-IL DU FAIT DE BRONZER « ARTIFICIELLEMENT » AVANT DE S’EXPOSER ? CETTE « BASE DE BRONZAGE » CONSTITUE-T-ELLE UNE PROTECTION ?
Non. « Le bronzage est une façon pour votre corps de vous dire que vous avez abîmé votre peau », explique Mona Gohara. « Il n'existe pas de bon “bronzage de base”. C'est une idée fausse. »
L’INDICE DE PROTECTION LE PLUS ÉLEVÉ EST-IL TOUJOURS LE MEILLEUR ?
Le FPS, ou IP, d'une protection solaire est la mesure de la quantité d'énergie solaire, sous forme de rayons UVA et UVB, nécessaire pour provoquer un coup de soleil par rapport à une peau non protégée, à condition qu’elle soit utilisée conformément au mode d'emploi. Ainsi, appliquer une quantité suffisante de protection solaire avec un FPS de 15 signifie qu'il faudra quinze fois plus d'énergie solaire pour provoquer un coup de soleil alors qu’un FPS de 30 en nécessiterait trente fois plus.
L'Académie américaine de dermatologie et la Skin Cancer Foundation, association dédiée à la prévention, détection et au traitement du cancer de la peau, recommandent actuellement d’appliquer une protection solaire d'un FPS d'au moins 30.
L'important est d'utiliser le produit conformément au mode d'emploi, ce que la plupart d'entre nous ne fait pas.
QUAND DOIS-JE APPLIQUER UNE PROTECTION SOLAIRE ET EN QUELLE QUANTITÉ ?
La quantité de crème solaire appliquée en laboratoire est une noisette d'environ 2,5 centimètres. C'est à peu près la taille d'une balle de golf ou la quantité d’un verre à liqueur. Selon Dawn Marie Davis, dermatologue à la Mayo Clinic, fédération hospitalo-universitaire et de recherche américaine, environ un tiers seulement de cette quantité est utilisée en moyenne.
Si les protections solaires minérales agissent immédiatement, celles qui sont chimiques doivent être absorbées avant d'être efficaces. En plus de ne pas en appliquer suffisamment au début, la plupart des gens n’en renouvellent pas fréquemment l'application.
La Skin Cancer Foundation conseille d’appliquer une protection solaire toutes les deux heures et après avoir nagé ou transpiré abondamment. Cette recommandation est valable quel que soit le FPS du produit. Un indice 100 protège davantage, mais pas plus longtemps.
DOIS-JE APPLIQUER UNE PROTECTION SOLAIRE SI JE SUIS EN INTÉRIEUR ?
DiAnne Davis, dermatologue traitant l’aspect médical et esthétique, à Dallas, au Texas, conseille vivement à ses patients d'appliquer une protection solaire tous les matins dans le cadre de leur routine quotidienne. Protéger sa peau est aussi essentiel que de se brosser les dents, déclare-t-elle, et prendre l’habitude d’appliquer une protection solaire est le meilleur moyen de s'assurer que l'on est protégé 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an.
« 365 jours par an » est à prendre au pied de la lettre. Selon DiAnne Davis, il faut toujours penser à se protéger du soleil, même en hiver, par temps nuageux… et lorsqu'on est à l'intérieur, près d'une fenêtre. Si les ampoules normales et les écrans d'ordinateur n'endommagent pas la peau, certains types de rayons UV peuvent traverser les vitres des voitures et des maisons. Même si vous n'êtes pas à l'extérieur, votre peau peut être endommagée.
« Tout le monde peut être atteint d'un cancer de la peau, quels que soient l'âge, le sexe ou les origines », précise-t-elle.
APPLIQUER UNE PROTECTION SOLAIRE M'EMPÊCHERA-T-IL D’ABSORBER SUFFISAMMENT DE VITAMINE D ?
Selon Dawn Marie Davis, il ne faut pas craindre que l'utilisation d'une protection solaire soit à l'origine d'un faible taux de vitamine D. Une exposition au soleil d'à peine quinze minutes par semaine sur des parties de votre peau qui ne sont pas protégées à 100 % est suffisante pour maintenir la vitamine D. Les aliments enrichis et les compléments alimentaires sont de bien meilleurs moyens d'augmenter les taux de vitamine D que l'exposition au soleil, ajoute-t-elle.
QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE LES PROTECTIONS SOLAIRES MINÉRALES ET CHIMIQUES ? SONT-ELLES SÛRES ?
Les protections solaires minérales et chimiques empêchent toutes deux les rayons UV d'abîmer votre peau mais le font de manière différente. Les premières, minérales, contiennent de l'oxyde de zinc et/ou du dioxyde de titane. Ces minéraux se posent sur la peau et réfléchissent les rayons UV avant qu'ils ne causent de dommages. Les secondes, chimiques, contiennent de l'oxybenzone ou de l’ethylhexyl methoxycinnamate, des composés qui absorbent les rayons UV à la place de la peau.
Les protections solaires minérales laissent depuis toujours des traces blanches sur la peau lorsqu'elles sont appliquées même si les nouvelles formulations ont considérablement amélioré ce problème, inoffensif mais impopulaire, explique Adele Haimovic, dermatologue à New York. Cette dernière recommande les protections solaires minérales aux personnes à la peau sensible. N’étant pas absorbées, il existe moins de risques que celles-ci provoquent des réactions.
L'Environmental Working Group et d'autres organisations de consommateurs ont exprimé des inquiétudes concernant l'oxybenzone. Ils soulignent qu'il est prouvé que ce produit chimique est un perturbateur endocrinien, terme regroupant les composés affectant les hormones et d'autres fonctions du système endocrinien. Ils citent une étude de janvier 2020, parue dans Journal of the American Medical Association, qui a révélé que six principes actifs dans les protections solaires chimiques étaient absorbés par le corps.
Cependant, tous les dermatologues qui se sont entretenus avec National Geographic ont affirmé que les protections solaires chimiques n’étaient pas nocives. Les personnes préoccupées par l'oxybenzone devraient utiliser une protection solaire minérale plutôt que de s'abstenir d’en utiliser tout court, explique Mona Gohara.
« Si vous en appliquez toutes les deux heures et en quantité suffisante, le reste est une question de préférence personnelle », explique-t-elle. « La protection solaire la plus efficace est celle que vous allez porter. »
CERTAINES PROTECTIONS SOLAIRES DISENT « RESPECTER LA FAUNE ET LA FLORE MARINE ». QU'EST-CE QUE CELA SIGNIFIE ?
Certains principes actifs contenus dans les protections solaires chimiques sont également considérés comme nocifs pour les récifs coralliens, particulièrement fragiles. C'est pourquoi, en 2018, Hawaï a interdit la vente de protections solaires contenant de l'oxybenzone et de l’ethylhexyl methoxycinnamate. Adele Haimovic estime toutefois que la question n'est pas encore tranchée.
« Des recherches plus approfondies sont nécessaires sur ce sujet », déclare-t-elle. Les récifs coralliens étant menacés par de nombreux facteurs, dont le changement climatique et la pollution, il est difficile de savoir quel est l'impact des protections solaires.
SI MA PEAU EST FONCÉE, AI-JE BESOIN DE PROTECTION SOLAIRE ?
Absolument, affirme Dawn Marie Davis. La mélanine est un pigment de la peau qui sert de protection solaire naturelle, explique-t-elle. Chez les personnes à la peau plus pigmentée, le FPS moyen qu’elle fournit varie de 3 à 13, ce qui est bien inférieur aux 30 recommandés. Cela signifie que les personnes à la peau plus foncée sont davantage protégées, mais pas suffisamment pour renoncer à l’application d’une protection solaire.
LES DATES DE PÉREMPTION DES PROTECTIONS SOLAIRES SONT-ELLES IMPORTANTES ?
Sur ce point, les avis des experts sont partagés. Dawn Marie Davis, de la Mayo Clinic, estime que les consommateurs doivent faire très attention aux dates de péremption. Une fois cette dernière dépassée, une protection solaire peut perdre de son efficacité, explique-t-elle. Des bactéries nocives peuvent également se développer.
Mona Gohara et Gregory Papadeas, quant à eux, affirment que les dates figurant sur les bouteilles doivent être prises avec des pincettes.
« Si votre protection solaire expire aujourd'hui, vous pouvez probablement encore l'utiliser pendant un an », indique Gregory Papadeas. Cela n'est toutefois possible que dans le cas où les ingrédients ne commenceraient pas à se séparer, signe d'une perte d'efficacité de la protection solaire.
Si vous possédez un tube de crème solaire dont la date de péremption est légèrement dépassée, vous pouvez donc probablement encore l'utiliser. La plus grande inquiétude de Mona Gohara est relative au fait que votre protection solaire soit périmée, signe que vous n'en utilisez probablement pas assez.
« Un flacon de protection solaire ne devrait pas durer plus de deux mois si vous l'utilisez correctement », explique-t-elle.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.