Le cancer de stade 0, un diagnostic peu courant qu'il faut connaître

Vous avez probablement déjà entendu parler des quatre stades du cancer, mais il existe un stade encore antérieur qui, selon des spécialistes, pourrait changer la donne dans le traitement de la maladie.

De Daryl Austin
Publication 25 avr. 2025, 11:55 CEST
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Le cancer du sein est l’un rares types de cancer dépistables au stade 0, quand les cellules cancéreuses n’ont pas encore envahi les tissus voisins. Sur cette image, des colorants fluorescents mettent en évidence des structures cellulaires humaines cultivées en laboratoires caractéristiques du cancer du sein : les protéines du noyau de la cellule (violet), l’appareil de Golgi qui fonctionne comme une usine pour assimiler les protéines (jaune) et l’actine, la protéine la plus abondante dans de nombreuses cellules (vert).

PHOTOGRAPHIE DE Micrographe réalisé par Dr. Torsten Wittmann, SCIENCE PHOTO LIBRARY

Si nous avons pour la plupart déjà entendu parler des cancers de stades 1, 2, 3 et, surtout, 4, le plus sinistre, beaucoup ignorent qu’il existe également un stade encore plus précoce : le stade 0.

Il y a peu encore, c’était le cas de Tina Knowles, mère de la chanteuse Beyoncé, qui a révélé dans ses nouveaux mémoires qu’on lui avait diagnostiqué un cancer du sein. Dans une interview portant sur l’importance de se faire dépister tôt et souvent, elle a reconnu ceci : « J’ignorais qu’il existait un stade 0. J’aurais pu détecter cela à ce stade si je n’avais pas manqué ma mammographie. »

Il n’est pas surprenant que Tina Knowles n’ait jamais entendu parler du stade 0, car on ne le diagnostique pas aussi fréquemment que les autres stades du cancer. De plus, pour de nombreux types de cancers, il n’est pas détectable et porte souvent un autre nom.

Voici ce qu’est un cancer de stade 0, ce qui le distingue des autres types et pourquoi les dépistages réguliers sont probablement la seule façon de le détecter.

 

COMBIEN EXISTE-T-IL DE STADES DU CANCER ?

On considère généralement qu’il existe quatre stades du cancer. Bien qu’il puisse parfois être relativement compliqué de distinguer ces stades, on les détermine le plus souvent grâce à la classification TNM (tumeurs, ganglions lymphatiques, métastase) ; une méthode de diagnostic que suivent les oncologues pour identifier la taille et l’emplacement d’une tumeur et savoir combien les cellules cancéreuses se sont propagées à travers le corps.

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Image colorisée de cellules cancéreuses du sein prise au microscope électronique à balayage. Quand un cancer de stade 0 est découvert dans le tissu mammaire, on le nomme généralement carcinome canalaire in situ (ou CCIS). Ce dernier progresse aux stades 1, 2, 3 ou 4 lorsqu’il franchit les canaux galactophores et commence à se propager.

PHOTOGRAPHIE DE Micrograph by Anne Weston, EM STP, the Francis Crick Institute, SCIENCE PHOTO LIBRARY

Au stade 1, pour la plupart des cancers, une excroissance cellulaire maligne (que l’on appelle tumeur) a été identifiée mais demeure de taille modeste et reste confinée dans l’organe ou elle est apparue.

Ce stade se caractérise notamment par le fait que bien que ces cellules soient invasives à l’intérieur d’un organe donné, elle ne se sont pas propagées aux ganglions lymphatiques, ainsi que le rappelle Hatem Soliman, oncologue spécialiste de la poitrine officiant au Centre d’oncologie Moffitt, à Tampa, en Floride. Cela a son importance, car les ganglions lymphatiques sont présents à plus de 800 points de convergence des vaisseaux sanguins majeurs dans l’ensemble du corps ; l’identification d’un cancer sur n’importe lequel de ces points signifie que celui-ci a nécessairement dû s’échapper de son emplacement originel pour arriver là.

Pour un cancer de stade 2, la tumeur principale a suffisamment grossi pour correspondre à certains critères de taille qui varient selon les types de cancer. Lorsque celui-ci est atteint, cela veut dire que l’on a découvert des cellules dans des ganglions lymphatiques voisins.

Un cancer de stade 3 est plus avancé, car la tumeur principale a dépassé les critères de taille définis pour le stade 2 et les cellules cancéreuses se propagent à davantage de ganglions lymphatiques.

Un cancer de stade 4, qu’on appelle souvent cancer métastatique, est le signe que la tumeur a encore grossi et que le cancer s’est propagé à de nombreux autres ganglions lymphatiques ainsi qu’à d’autres parties du corps, et qu’il a souvent envahi des organes vitaux, ainsi que l’indique Elena Ratner, médecin et gynécologue-oncologue au Centre d’oncologie Yale, dans le Connecticut. Cette propagation généralisée rend la maladie beaucoup plus difficile à contenir ou à éradiquer.

 

EN QUOI LE CANCER DE STADE 0 DIFFÈRE-T-IL ?

Le cancer de stade 0 diffère des autres stades en ceci que des cellules anormales ont été identifiées quelque part dans le corps mais que celles-ci ne sont pas encore forcément cancéreuses. Et contrairement aux cellules cancéreuses du stade 1, elles n’envahissent pas même les tissus voisins de l’organe dont elles proviennent.

Ces cellules anormales sont généralement trop petites pour former une tumeur. Ainsi, elles ne peuvent généralement pas être détectées par des examens d’imagerie interne, comme l’échographie ou l’IRM. On peut aussi en découvrir sur des tissus externes et l’on en identifie souvent dans le tissu mammaire grâce aux mammographies de routine.

Le cancer de stade 0 est parfois appelé carcinome in situ, car « in situ » signifie « sur place » en latin. On attache parfois également un préfixe pour indiquer où se trouvent les cellules préoccupantes ; on par exemple d’adénocarcinome in situ, un nom qui renvoie aux glandes touchées de l’utérus, des poumons ou du tube digestif.

 

QU’EST-CE QUE LE CANCER DU SEIN DE STADE 0 OU CCIS ?

Lorsqu’un cancer de stade 0 est détecté dans le tissu mammaire, on parle de carcinome canalaire in situ (ou CCIS), « canalaire » se rapportant ici aux canaux galactophores présent dans la poitrine.

Le CCIS « ne devient un cancer de stade 1, 2, 3 ou 4 que lorsqu’il traverse les canaux galactophores et commence à se propager », explique Mehra Golshan, directeur médicale adjoint des services chirurgicaux au Centre d’oncologie Yale et à l’Hôpital oncologique Smilow, dans le Connecticut.

Mais cela ne survient pas systématiquement. « Tous les cancers du sein de stade 0 ne deviennent pas invasifs, précise-t-il. Mais avec le temps, certains, si. »

 

POURQUOI UN DIAGNOSTIC PRÉCOCE EST IMPORTANT

Comme le cancer de stade 0 peut évoluer de manière imprévisible, parfois des mois, voire des années, après la découverte initiale des cellules anormales, les patients « doivent être suivis de près afin de s’assurer que cette zone ne devienne pas cancéreuse », explique Syma Iqbal, médecin et oncologue spécialiste de gastro-entérologie au Centre d’oncologie intégrée de l’Université de Californie du Sud, à Los Angeles.

Parfois, observe-t-elle, médecins et patients décident de ne pas attendre de voir et choisissent de cibler les cellules anormales au moyen de radiations localisées ou par le biais d’interventions chirurgicales.

Si les traitements préventifs comme ceux-là ne sont pas idéaux, ils sont largement préférés à une situation où le cancer ne serait découvert qu’après s’être propagé et avoir causé des dégâts à plusieurs organes et systèmes à travers le corps, chose qui nécessiterait davantage de traitements invasifs tels que la chimiothérapie.

Pour cette raison, la Société américaine du cancer (ACS) recommande aux femmes de commencer à se faire dépister pour le cancer du col de l’utérus à partir de 25 ans et entre 40 et 45 pour le cancer du sein. L’organisation suggère également un dépistage du cancer colorectal pour toute personne à partir de l’âge de 45 ans ; à un dépistage du cancer de la prostate pour certains hommes à partir de 45 ans ; et, pour les personnes qui fument ou qui ont des antécédents familiaux de cancers, de se faire dépister avant.

Quand il est identifié et traité grâce à un dépistage précoce, « le cancer du sein de stade 0 permet un taux de survie avoisinant les 99 % », rassure Mehra Golshan.

Elena Ratner abonde en ce sens. « Médecins et patients ont beaucoup de chance si le cancer est identifié au stade 0, car c’est bien plus facile à soigner, explique-t-elle. C’est de loin le stade de cancer le plus favorable et celui avec le meilleur pronostic. »

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    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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