L'alcool est encore plus néfaste pour notre santé que nous ne le pensions

Il a longtemps été considéré que boire un verre de vin rouge par jour était bénéfique pour la santé. Mais les spécialistes affirment désormais que tout bénéfice serait annulé par les risques.

De Amy McKeever
Publication 11 sept. 2024, 17:52 CEST

Une consommation d’alcool même modérée pourrait être plus néfaste que nous le pensions, surtout pour les personnes à risque.

PHOTOGRAPHIE DE JBM, VISUM Creative, Redux

Nous buvons de l’alcool depuis des milliers d’années ; cela fait partie de notre culture de trinquer avec des amis ou de siroter un verre de vin ou une bière après une longue journée.

Mais quel impact cet alcool a-t-il sur notre corps ? À chaque nouvelle découverte, les scientifiques constatent qu’une consommation d’alcool même modérée peut être plus néfaste que nous ne le pensons.

L’alcool est un cancérogène du groupe 1, lié aux cancers de la bouche, du pharynx, du larynx, de l’œsophage, du foie, du côlon et du sein. En 2023, l’Organisation mondiale de la santé a déclaré qu’aucun niveau de consommation d’alcool n’était sans danger, ajoutant que rien ne prouvait que les risques de cancer étaient compensés par les potentiels bénéfices cardiovasculaires d’un verre de vin rouge.

 

1. DES EFFETS PLUS IMPORTANTS CHEZ LES FEMMES

« À consommation d’alcool égale à celle des hommes, les femmes sont plus sensibles à ses effets nocifs », a ainsi écrit Meryl Davids Landau dans un article paru en août 2023. Les décès liés à l’alcool sont en hausse chez les femmes et le risque de cancer du sein augmente de 9 % même lorsque la consommation se limite à un seul verre par jour. L’alcool a également des conséquences sur la fertilité et la ménopause.

D’après ce que des spécialistes ont confié à Meryl Davids Landau, cela s’explique par le fait que, à taille équivalente, les femmes ont davantage de tissus adipeux que les hommes, et que leur corps est composé de moins d’eau, ce qui se traduit par une concentration d’alcool dans le sang plus élevée. « Les femmes ont également moins d’enzymes métabolisant l’alcool, écrit la journaliste. Et les fluctuations hormonales auraient une influence sur la rapidité à laquelle l’alcool se décompose dans l’organisme ».

Il se peut également que les femmes n’aient pas conscience de la quantité d’alcool qu’elles consomment. Découvrez comment réduire votre consommation ici.

 

2. NOUS SUPPORTONS MOINS BIEN L'ALCOOL AVEC L'ÂGE

Les femmes ne sont pas les seules à être particulièrement touchées par les effets de l’alcool. En vieillissant, nous y sommes tous plus sensibles.

Comme pour les femmes, le pourcentage d’eau dans notre corps diminue avec l’âge. « Si vous buvez autant à 80 ans qu’à 30 ans, votre alcoolémie sera bien plus élevée », indique Alison Moore, directrice de l’Institut Stein de recherche sur le vieillissement (Stein Institute for Research on Aging) et du Centre pour un vieillissement sain de l’université de Californie à San Diego.

À cela s’ajoute le fait que les enzymes qui aident notre corps à métaboliser l’alcool diminuent avec l’âge. Notre cerveau vieillissant est aussi plus sensible aux effets de l’alcool, ce qui peut avoir une incidence sur la coordination et l’équilibre, avec à la clé un risque accru de chutes et un temps de réaction plus long.

Pour découvrir quelles sont les conséquences de ces changements sur votre corps, lisez l’article complet.

 

3. CHANGEMENTS SOUDAINS

Vous est-il déjà arrivé de vous réveiller avec la gueule de bois et d’avoir l’impression d’avoir soudainement vieilli ? À raison. Les chercheurs ont découvert que notre corps connaîtrait deux « coups de vieux » à 44 ans et 60 ans, comme le rapportait Daryl Austin dans son article paru en septembre 2024. Ces changements au niveau moléculaire sont à l’origine de certains des signes visibles du vieillissement de notre corps, comme le relâchement cutané ou les rides.

Ils expliqueraient aussi pourquoi nous supportons moins bien l’alcool. À 44 ans, certains des changements au niveau moléculaire observés par les scientifiques se produiraient dans les cellules affectant notre capacité à métaboliser l’alcool.

Que faire pour en atténuer les effets ? La réponse dans l’article complet.

 

4. BOIRE AVANT DE SE COUCHER : ATTENTION DANGER

Rien d’étonnant à ce que vous ayez du mal à dormir après une soirée arrosée. Mais il semblerait que le simple fait de boire un dernier verre avant de se coucher peut être problématique, rapporte Tara Haelle dans un article paru en juin 2023.

« Le sommeil, c’est comme des vacances pour le cœur. Votre rythme cardiaque diminue, tout comme votre tension artérielle », explique Ian Colrain, président et PDG de MRI Global, un institut de recherche basé à Kansas City, dans le Missouri (États-Unis). Sauf que l’alcool fait augmenter votre rythme cardiaque et qu’une goutte de celui-ci suffit à maintenir un rythme cardiaque élevé pendant quatre heures, révèle Ian Colrain.

Boire avant d’aller au lit peut également provoquer une fragmentation de votre sommeil paradoxal et accroître le risque d’apnée du sommeil et d’alcoolisme.

 

5. LES DANGERS DE L'ALCOOL EN AVION

Boire avant de vous coucher n’est cependant pas la pire chose à faire. Dans un article paru en juillet 2024, Leah Worthington rapporte que de nouvelles études ont découvert que l’alcool « aggravait les effets de la haute altitude sur l’organisme en faisant peser un poids supplémentaire sur le système cardiovasculaire, en réduisant le taux d’oxygène dans le sang, en accentuant la déshydratation et en nuisant à la qualité du sommeil ».

Si les jeunes et les personnes en bonne santé peuvent supporter une légère hypoxémie (apport réduit d’oxygène dans les poumons et le sang), les personnes plus âgées ou souffrant d’une maladie cardiaque ou pulmonaire y sont plus vulnérables.

 

6. L'ANXIÉTÉ 

Les jeunes et les personnes en bonne santé ne peuvent toutefois pas échapper à un effet que l’alcool a sur notre corps : l’hangxiety (contraction du terme anglais « hangover » qui signifie gueule de bois, et « anxiety » qui désigne l'anxiété). Les scientifiques suggèrent en effet que l’alcool que vous avez consommé la veille pourrait vous faire sentir nerveux ou mal à l’aise au réveil. Comme le rapportait Meryl Davids Landau dans son article paru en mars 2024, l’alcool interfère avec certains neurotransmetteurs présents dans l’organisme qui tiennent à distance l’anxiété.

Même lorsque vous n’avez plus d’alcool dans le sang, son dérivé toxique, l’acétaldéhyde, peut continuer à faire des ravages. « Tout au long de la journée, alors que l’acétaldéhyde est excrété, votre corps se remet d’un empoisonnement », analyse Stephen Holt, directeur du centre de désintoxication de l’hôpital Yale-New Haven. Cela peut se traduire par des symptômes comme des nausées ou de la fatigue, ce qui peut vous rendre encore plus anxieux.

 

7. DES EFFETS RÉVERSIBLES

L’acétaldéhyde s’accumule dans les cellules du foie. Plus il s’y accumule longtemps, plus votre foie subit des dommages. Mais bonne nouvelle, ces effets sont réversibles en l’espace de quelques semaines. Le Dry January ne serait donc pas un simple prétexte à la mode, comme l’observait Rachel Fairbanks dans un article paru en octobre 2023.

« La capacité régénérative du foie est énorme », souligne Paul Thomas, chercheur à l’université Auburn dont le travail porte sur le mécanisme responsable des dommages sur les organes provoqués par l’alcool. Sur les quatre stades des maladies du foie liées à l’alcool, les trois premiers peuvent être endigués tout simplement en arrêtant de boire.

Ne pas consommer d’alcool pendant un mois présente également d’autres bénéfices.

 

8. COMMENT ARRÊTER

Face à la découverte de nouveaux effets néfastes de l’alcool, des alternatives émergent. Les mocktails et autres boissons non alcoolisées séduisent un public de plus en plus large ; ils ont aussi même meilleur goût grâce aux avancées réalisées dans le domaine de la science alimentaire. Comme nous l’avions évoqué dans un article précédent, les études démontrent que ces boissons aident les personnes à réduire leur consommation d’alcool et à atténuer ses effets néfastes pour la santé.

Comme nous l’avons rapporté en avril 2023, les voyages sans alcool ont la côte et permettent à quiconque de découvrir d’autres cultures (même les cultures où la consommation d’un verre de vin, d’une bière ou d’un alcool plus fort est généralement considérée comme normale). De nombreuses agences de voyages proposent même des excursions sans alcool.

« Les clients sont heureux de rencontrer d’autres personnes qui ont vécu la même expérience qu’eux, nous a confié Lauren Burnison, fondatrice de We Love Lucid, un tour-opérateur européen spécialiste des voyages sans alcool. L’ambiance est bon enfant et c’est génial de se réveiller sans gueule de bois ».

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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