L'Islande est entrée dans une nouvelle période d’activité volcanique
La péninsule volcanique du pays est en sommeil depuis des siècles. Les experts estiment toutefois que les bouleversements tectoniques à l'origine des récentes éruptions sont relativement anciens.
Photographié le 11 juillet 2023, le nuage de gaz du volcan Fagradalsfjall s'étend au-dessus du Litli-Hrútur, et s'illumine au coucher du soleil. La fumée des feux de mousse allumés par la lave à proximité se répand dans la vallée en contrebas.
Pendant des siècles, la péninsule volcanique occidentale du pays a été en sommeil mais une nouvelle période d'activité pourrait se profiler à l'horizon.
L’éruption du volcan Fagradalsfjall, un cratère surélevé de lave bouillonnante d'un jaune éclatant dans une étendue de gris foncé, est la dernière annonçant une nouvelle période d'activité volcanique en Islande.
Vous pouvez regarder le volcan en direct ici.
L'éruption s’est annoncée le 4 juillet dernier lorsque le sud-ouest de l'Islande a été secoué par plus de 2 000 tremblements de terre en seulement 24 heures. Peu de temps après, l'activité sismique a diminué, tandis que le magma remontait à de faibles profondeurs pour finalement suinter à la surface le 10 juillet.
Une rivière de lave se fraye un chemin dans la vallée entre le mont Keilir et le volcan Litli-Hrútur sur la péninsule de Reykjanes.
Située à côté du volcan Litli-Hrútur, cette éruption a lieu à Reykjanes, une péninsule volcanique active qui est devenue une destination populaire parmi les touristes désireux de voir la lave jaillir et se déverser à la surface. Cependant, l'Office météorologique islandais indique que le site de la nouvelle éruption est potentiellement dangereux, de nouvelles fissures pouvant s'ouvrir brusquement à proximité, des rivières de lave pouvant se former à toute vitesse et des gaz toxiques pouvant rapidement remplir l'air.
Cette éruption est le troisième paroxysme volcanique consécutif de la péninsule après des éruptions de lave similaires en 2021 et 2022 et il est peu probable que ce soit le dernier.
Après une éruption l'été dernier, Dave McGarvie, volcanologue à l'université de Lancaster, a déclaré à National Geographic que le récent regain d'activité volcanique « pourrait annoncer le début de décennies d'éruptions occasionnelles ».
Une coulée de lave couve, rougeoyant à travers la roche volcanique noire. Bien que le gouvernement islandais ait prévenu que cette dernière éruption était dangereuse pour les visiteurs, la région est une destination populaire pour le tourisme volcanologique.
GÉOLOGIE VOLCANIQUE DE L'ISLANDE
La péninsule de Reykjanes se trouve à un peu plus de 27 kilomètres au sud-ouest de Reykjavik, la capitale de l'Islande. Elle est située au sommet de la dorsale médio-atlantique qui ne cesse de s'étendre et où la plaque nord-américaine, à l'ouest, et la plaque Eurasie, à l'est, s'écartent progressivement l'une de l'autre. Le magma en phase gazeuse, très chaud, moins dense que la roche environnante, peut parfois s'élever dans la croûte terrestre peu profonde sous l'effet de la seule poussée d’Archimède, mais cet étirement crée également des fissures dans lesquelles la roche fondue peut s'infiltrer.
Le chaos souterrain de la péninsule semble se manifester par des poussées périodiques de volcanisme. Les récits historiques et l'étude des roches volcaniques anciennes montrent que les périodes de repos se transforment en réveils sismiques et éruptifs bruyants selon un cycle qui s'est répété à plusieurs reprises au cours des derniers millénaires.
Bien que la région ait été en sommeil pendant des siècles, les bouleversements tectoniques qui se produisent dans les profondeurs signifient que les dernières éruptions couvent depuis longtemps.
Une vue aérienne montre la nouvelle éruption volcanique de Litli-Hrútur. Du point de vue géologique, les changement prennent normalement des milliers d'années. Cependant, le paysage évolue autour de ce volcan, la terre change rapidement, des fissures s'ouvrent et de la lave en fusion se répand.
UN NOUVEAU DÉPART EXPLOSIF
Selon Tobias Dürig, volcanologue à l'université d'Islande, ces dernières années, plusieurs nappes de magma sont remontées vers la surface, comme en témoignent le changement de forme du sol et la multiplication des tremblements de terre. Pendant un certain temps, toutefois, ce magma n'a pas vu la lumière du soleil : sa fuite a été entravée, soit par la perte de son propre élan ascendant, soit parce que la croûte, résistante, n'offrait pas d'échappatoire.
Néanmoins, lorsque les tremblements de terre sont devenus plus fréquents et plus intenses à partir de fin 2019, les scientifiques ont présumé qu’une éruption était inévitable à l'avenir. Cela a été confirmé de manière spectaculaire le 19 mars 2021, lorsque de la lave a commencé à jaillir d'une fissure de 500 mètres de long dans une vallée de la région de Geldingadalur.
Ces brasiers offrent aux scientifiques un aperçu sans précédent de ce qui se trouve entre l'abîme magmatique du dessous et le paysage léché par la lave du dessus. Leurs efforts contribuent à améliorer notre compréhension de ce que notre Terre renferme en son cœur, du rythme de l’activité volcanique de l'Islande et des dangers que renferme cette péninsule.
Vue aérienne du cône de scories principal qui s'est formé lors de l'éruption du volcan Fagradalsfjall en Islande en 2023.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.