Variole du singe : définition et modes de contamination

Plusieurs épidémies de la variole du singe ont incité l’Organisation mondiale de la Santé à déclarer une urgence sanitaire mondiale. Et maintenant ?

De Sharon Guynup, Amy McKeever
Publication 20 août 2024, 11:19 CEST
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Le virus de la variole du singe, dont on voit les particules sur cette transmission de microscope électronique, est généralement présent à proximité des forêts tropicales en Afrique centrale et Afrique de l'Ouest. Bien qu'on la retrouve souvent chez les rongeurs, la variole simienne peut se transmette d'un humain à l'autre, résultant par de la fièvre, des glandes gonflées et une éruption de cloque.

PHOTOGRAPHIE DE Micrographe - Agence nationale britannique de sécurité sanitaire, SCIENCE PHOTO LIBRARY

Avant 1958, on ne connaissait rien de ce virus, cousin mortel de la petite vérole. Aujourd'hui appelée variole simienne, anciennement connue sous le nom de variole du singe, elle se propage en Afrique centrale, notamment dans des pays dans lesquels on ne l'avait jamais observée auparavant.

« La recrudescence actuelle de la variole du singe dans certaines régions d'Afrique, accompagnée par la propagation de souches sexuellement transmissibles du virus mpox, est une urgence, non seulement pour l'Afrique, mais pour la Terre entière », a déclaré dans un communiqué le président de la commission de l'Organisation mondiale de la Santé. « La variole du singe, originaire d'Afrique, a été négligée à l'époque, et a causé plus tard une pandémie en 2022. Il est temps d'agir définitivement pour s'assurer que l'histoire ne se répétera pas. »

La République démocratique du Congo a fait l'expérience du plus grand nombre suspecté de cas de variole du singe jamais rapporté en un an, avec plus de 15 600 cas et 537 morts. Plus préoccupant encore, la variole du singe s'est également propagée dans des pays voisins dans lesquels la maladie n'était jamais apparue auparavant, notamment le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l'Ouganda. En réponse à cela, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré une urgence de santé publique de portée internationale.

Mais qu'est-ce que la variole simienne ? Et pourquoi cette pandémie inquiète-elle tant les experts, contrairement aux précédents épisodes épidémiques ?

 

QU'EST-CE QUE LA VARIOLE DU SINGE ? EST-ELLE MORTELLE ?

La variole du singe est bien moins sévère et contagieuse que la petite vérole. Les deux maladies sont causées par des virus orthopox, un genre constitué de douze virus génétiques, qui comprend notamment la variole de la vache (cowpox) et la variole des camélidés (camelpox). D'après l'OMS, elle est caractérisée par une éruption cutanée douloureuse, des ganglions lymphatiques gonflés et de la fièvre.

Il existe deux clades ou variétés distinctes, expliquait Bernard Moss, virologue de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses des États-Unis (NIAID), dans une interview datant de 2022. Le clade 1, cause de la pandémie actuelle, tue une personne infectée sur dix. Le clade 2, à l'origine de la pandémie de 2022, est bien moins mortel, avec un taux de létalité de moins de 1 %.

Un nouveau variant du virus clade 1, appelé clade 1b, a émergé, se propageant rapidement et motivant l'annonce de l'OMS, puisqu'il peut s'avérer plus sévère ou transmissible. Les enfants semblent y être particulièrement vulnérables, comme dans de nombreux cas de sujets de moins de quinze ans reportés en République démocratique du Congo.

La variole du singe est une zoonose, transmise aux humains par des animaux. D'abord découverte en 1958 chez des singes dans un laboratoire au Danemark, le nom originel du virus est une appellation quelque peu inappropriée. De petits mammifères sont suspectés d'héberger le virus dans les forêts tropicales d'Afrique, dans lesquelles le virus était jusqu'alors endémique. Cependant, il peut infecter de nombreux mammifères et n'a été isolé que deux fois chez des animaux sauvages : un funisciurus en RDC en 1985 et un cercocebus en Côte d'Ivoire en 2012. Le(s) réservoir(s) réel(s) de la maladie reste(nt) inconnu(s).

Depuis le premier cas humain documenté en 1970, un jeune garçon diagnostiqué en RDC, la majorité des infections se sont produites en Afrique centrale et Afrique de l'Ouest. Dès le départ, une grande partie était des « infections par débordement », contractées lors de la chasse ou l'abattage d'animaux sauvages infectés, comme le soulignait Rosamund Lewis, responsable technique de la variole simienne à l'OMS, à National Geographic en 2022.

 

COMMENT LA VARIOLE DU SINGE  SE PROPAGE-T-ELLE ?

Les deux types de variole du singe peuvent se propager par contact direct avec des animaux infectés et des matériaux contaminés. Cela peut comprendre des objets comme les vêtements, le linge de lit et les serviettes de toilette.

Le contact proche peut aussi propager le virus entre deux personnes, notamment si elles s'embrassent, postillonnent ou par contact direct de la peau, des muqueuses ou des parties génitales.

Les lésions sont des « petites usines à virus » contagieuses, déclare Andrea McCollum, épidémiologiste pour les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies aux États-Unis (CDC). La période d'incubation peut aller de trois à dix-sept jours et, d'après les CDC, les personnes souffrant des symptômes de la variole simienne sont contagieuses jusqu'à ce que l'éruption cutanée soit entièrement guérie et qu'une nouvelle couche de peau se soit formée. »

Mais jusqu'à récemment, le virus se propageait rarement au-delà de quelques foyers au sein d'une communauté. Bien que cette maladie soit caractérisée depuis au moins cinquante-deux ans, « nous sommes loin d'en savoir autant que nous le souhaiterions », déclare Lewis.

 

EST-CE UNE MALADIE SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLE ?

La pandémie de variole du singe de 2022 a principalement affecté les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes. Pour les responsables de santé publique, il a été compliqué d'éduquer le grand public sans stigmatiser cette communauté.

La pandémie était susceptible d'être amplifiée par les comportements sexuels pendant les soirées « rave » en Espagne et en Belgique, a déclaré David Heymann, un expert de longue date de l'OMS en matière de maladies infectieuses, à l'Associated Press. Ces événements ont favorisé la propagation internationale, à l'instar des grands rassemblements qui ont permis de diffuser le COVID-19 au cours des premiers jours de la pandémie.

Mais des éléments de preuves suggèrent que la variole du singe n'est pas une MST, explique Moss. Lorsque quelqu'un est symptomatique, le virus se propage au contact direct de la peau, notamment lors de relations sexuelles, mais peut aussi être transmis par le contact avec le linge de lit, des serviettes et des vêtements.

L'épidémie précédente en Afrique a infecté des femmes, des enfants et des hommes de tout âge. « Il n'y a aucune barrière de sécurité. Ce virus ne va pas nécessairement se cantonner à un seul genre ou une seule population », avertit Anne Rimoin, épidémiologiste spécialiste des maladies infectieuses et professeure à l'école de santé publique de l'université de Californie à Los Angeles. 

La sensibilisation du grand public est la clé. « On ne veut pas inquiéter les gens, mais il faut connaître cette maladie pour vous en protéger », ajoute Lewis. « On a besoin que chaque personne connaisse les risques... et sache comment les gérer. »

 

EXISTENT-ILS DES TESTS ET DES VACCINS DISPONIBLES ?

Il existe des tests pour la variole du singe, qui consistent simplement à prélever une lésion à l'aide d'un écouvillon. Il est recommandé de se faire tester uniquement en cas d'éruptions cutanées semblables à celles de la variole du singe.

Il existe deux vaccins disponibles pour traiter ou prévenir la variole du singe. Ils sont tous deux recommandés par le Groupe consultatif stratégique d'experts de l'OMS. Les services de santé publique encouragent les personnes à risque à se faire vacciner et à se voir administrer les deux doses du vaccin Jynneos aux États-Unis, et du vaccin Imvanex en Europe.

La bonne nouvelle, c'est que les personnes qui sont déjà complètement vaccinées ou qui ont déjà contracté le virus de la variole du singe de clade 2 « devraient être protégées contre une forme grave due au virus de la variole du singe de clade 1. »

Cependant, l'Associated Press déclare que les vaccins ne sont pas couramment disponibles dans les pays africains les plus vulnérables aux pandémies. La déclaration de l'OMS d'urgence de santé publique de portée internationale permet légalement à l'agence de formuler des recommandations sur la manière dont les pays membres doivent gérer une épidémie. Elle permet également de mobiliser des fonds et un soutien politique.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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