L’inflammation chronique, ennemie silencieuse de l’organisme
L’inflammation chronique rend l’organisme vulnérable à plusieurs maladies graves et soulève la question des stratégies de gestion et de prévention à adopter pour préserver notre santé. Mais pour la combattre, il faut d'abord la comprendre.
Cette visualisation médicale montre des cellules adipeuses déclencher la production et la libération de protéines C réactives (PCR), un biomarqueur inflammatoire clé, dans le foie.
Première ligne de défense du système immunitaire, l’inflammation se manifeste par des signes bien connus d’une infection ou d'une blessure : chaleur, rougeur, gonflement et douleur. Ces réactions servent à défendre l'organisme et à favoriser la guérison. Il s’agit de l’inflammation aiguë - ou phase vasculaire.
Cependant, il arrive que l’inflammation prenne une tournure anormale en persistant dans l’organisme. L’inflammation perd alors sa fonction protectrice et devient délétère, favorisant la progression de pathologies inflammatoires. On parle alors d’inflammation chronique – ou phase cellulaire, qui devient alors dangereuse pour l’organisme.
Résultant d'un dérèglement du système immunitaire, l'inflammation se manifeste lorsque, au lieu de se défendre contre les infections et les maladies, il réagit de manière inappropriée, entraînant des processus inflammatoires qui affectent l’organisme sur le long terme. Cet état a des causes multifactorielles, dont certaines sont liées à notre mode de vie et à notre environnement. Comprendre les implications de l'inflammation chronique est donc essentiel pour préserver notre santé et notre bien-être général.
Ce qui rend l'inflammation chronique particulièrement préoccupante, ce sont les risques qu'elle entraîne. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, de nombreuses maladies inflammatoires seraient impliquées dans près de 50% des décès à travers le monde, parmi lesquelles celles impliquant des troubles digestifs, tels que la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse, qui au-delà d’affecter la qualité de vie, peuvent avoir des conséquences encore plus graves.
Des recherches ont démontré un lien entre l'inflammation et des affections telles que le diabète, maladie métabolique chronique, susceptible de causer d'autres complications, en particulier en cas de plaies ou d'ulcères, mais aussi une insuffisance rénale, ou encore des complications oculaires pouvant conduire à la cécité.
Une radio en couleurs montre une prothèse de genou pour une maladie articulaire dégénérative chez une femme de 79 ans. L’inflammation peut contribuer aux douleurs articulaires, mais fait aussi partie du processus de guérison.
De nombreuses autres maladies inflammatoires peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé. C’est ce cas de l’asthme, du psoriasis mais aussi du lupus érythémateux systémique qui touche le système nerveux central, la peau, les reins, le cœur, les poumons, et augmente le risque de maladies cardiovasculaires et d’accidents vasculaires cérébraux.
Des maladies handicapantes aux maladies engageant l’espérance de vie des patients, on retrouve la sclérose en plaques, qui affecte le système nerveux central, causant la dégradation de la myéline, l'apparition de douleurs sévères, et des troubles moteurs et cognitifs pouvant évoluer vers le handicap. La polyarthrite rhumatoïde est également très handicapante, provoquant une inflammation sévère des articulations. Elle est souvent associée à d'autres troubles auto-immuns et peut accroître le risque de maladies cardiovasculaires.
Enfin, un nombre croissant de preuves relient l'inflammation systémique au développement de la maladie d’Alzheimer, une affection neurodégénérative progressive causée par l’accumulation anormale de protéine bêta-amyloïdes (amyloïde-β) et de protéine Tau dans le cerveau. Cela a un impact sur les fonctions cognitives et la mémoire, entraînant des lésions cérébrales irréversibles et les cas de démences se multiplient.
Par ailleurs, sur le plan psychologique, une inflammation persistante (et toutes les maladies qui en découlent) peut amener à la dépression, une maladie qui touche un nombre croissant de personnes dans le monde moderne.
Face à toutes ces menaces, plusieurs stratégies de prévention s'offrent à nous. Les traitements médicaux jouent bien évidemment un rôle essentiel dans le contrôle de l'inflammation. Les anti-inflammatoires, les corticostéroïdes et les immunosuppresseurs peuvent réduire les symptômes.
Dans la maladie de l'Alzheimer, une protéine appelée amyloïde forme des amas ou des plaques, en jaune sur cette illustration, autour des neurones, en rouge, dans le cerveau.
UNE APPROCHE HOLISTIQUE QUI PASSE PAR LA NUTRITION
L’alimentation joue un rôle fondamental pour notre santé. Équilibrée et variée, elle renforce notre système immunitaire tout en limitant les substances pro-inflammatoires. Les aliments à privilégier sont les fruits et légumes colorés - leurs propriétés antioxydantes jouent un rôle protecteur pour nos cellules. Les noix, les graines, et les poissons riches en oméga-3 sont également recommandés car il contribuent à diminuer les niveaux d'inflammation dans le corps.
Cependant, un apport équilibré entre oméga-3 et oméga-6 est essentiel. En effet, les oméga-6, présents en grande quantité dans les produits transformés, favorisent la production de molécules pro-inflammatoires. Tandis que les oméga-3 présents dans les poissons gras ainsi que dans certaines graines et huiles, ont un effet anti-inflammatoire. Cela signifie qu’un déséquilibre en faveur des oméga-6 peut contribuer à l’inflammation chronique et un apport suffisant en oméga-3 en revanche, aider à réduire l’inflammation au niveau cellulaire mais aussi améliorer la sensibilité à l’insuline et soutenir la santé cardiovasculaire.
Le maintien d’une flore intestinale équilibrée est essentiel pour la santé immunitaire. Cette flore se développe dès l’enfance et ensuite, elle ne cesse plus d’être influencée par l’environnement. Il est donc recommandé de consommer des aliments riches en fibres et en probiotiques pour maintenir un microbiote intestinal sain.
Repas méditerranéen classique composé de noix, d’olives, de produits frais et de poisson. Il se trouve que c’est ce que les médecins préconisent pour avoir un taux de fibres élevé et pour prévenir les inflammations.
Si la nutrition joue un rôle fondamental pour notre système immunitaire, la gestion du stress constitue un autre pilier essentiel. La médecine holistique joue un rôle de plus en plus important dans la prévention de l’inflammation chronique en adoptant une approche intégrale de la santé. Cette approche globale prend en compte la condition génétique, physique et psychique de chaque individu. Elle encourage à un mode de vie équilibré, préconise le bien-être à travers des exercices physiques réguliers pour maintenir un poids de santé et contribuer à réduire l’inflammation et à un sommeil de qualité.
De plus, le stress chronique étant un déclencheur connu de l’inflammation, il est important de prendre soin non seulement de notre corps mais également de notre esprit. La méditation, l’acupuncture, le yoga et bien d'autres formes de relaxation peuvent avoir un impact significatif et positif sur notre état inflammatoire.
En mettant en œuvre ces actions, nous pouvons non seulement diminuer les risques liés à l’inflammation chronique, mais aussi améliorer notre santé globale et notre qualité de vie. Pour nous y aider, le livre de Jacques Fontaine, L’inflammation chronique de l’organisme : la comprendre et la gérer, aux éditions Jouvence, aborde de manière approfondie ce phénomène et ces stratégies.