Les humains auraient atteint leur espérance de vie maximale

Selon une nouvelle étude, peu de personnes dépasseront l’âge de cent ans au cours du 21e siècle.

De Manon Meyer-Hilfiger
Publication 24 févr. 2025, 10:46 CET
Si l'espérance de vie en France a quasiment doublé en un siècle, au cours du siècle ...

Si l'espérance de vie en France a quasiment doublé en un siècle, au cours du siècle à venir peu de personnes dépasseront cent ans d’existence.

PHOTOGRAPHIE DE Juergen Ritterbach / Alamy Banque d'Images

Les graphiques ont de quoi refroidir les espoirs des transhumanistes, qui veulent la « mort de la mort ». Selon une nouvelle étude parue dans Nature Aging, nous aurions atteint le plafond de verre de l’espérance de vie humaine. Au cours du siècle à venir, peu de personnes dépasseront cent ans d’existence sur Terre.

Le 20e siècle avait pourtant nourri certains espoirs. L’espérance de vie a augmenté de manière spectaculaire : en France par exemple, elle a quasiment doublé. Une question taraudait les scientifiques : cette courbe incroyable allait-elle durer ? Certains pensaient même voir éclore un monde peuplé de centenaires au siècle suivant. Mais selon cette nouvelle étude, c’est hautement improbable. « Nos recherches suggèrent que pas plus de 15 % des femmes et 5 % des hommes dépasseront l'âge de cent ans ». Et ces conclusions ne résultent pas de prédictions sorties tout droit d’une boule de cristal, mais plutôt d’une rigoureuse analyse des données disponibles. 

Pour prédire cet avenir, les chercheurs ont fouillé dans le passé. Ils ont étudié les neufs pays et régions où l’on vit le plus vieux, de 1990 à 2019  : France, Italie, Suisse, Suède, Espagne, Japon, Australie, Hong-Kong et États-Unis. Pendant ces trois décennies, l’espérance de vie a certes augmenté, mais beaucoup moins rapidement que lors du début et milieu du 20e siècle. Alors qu’au cours du 20e siècle, hors périodes de guerre, elle progressait d’environ 3,6 mois chaque année, cette hausse n’était plus que de deux mois par an dans les années 2010. Pour les chercheurs, cette tendance va se poursuivre, jusqu’à stagner complètement et atteindre 0 mois par an. 

Les raisons sont simples. D’abord, l’espérance de vie au 20e siècle a en réalité surtout augmenté parce que les décès d’enfants sont devenus de plus en plus rares, l’espérance de vie étant calculée en fonction du nombre de décès sur une année d’une population donnée. En France, en 1900, 15 % des enfants mouraient avant leur premier anniversaire, contre 0,3 % aujourd’hui. Autant dire qu’il n’est plus vraiment possible de progresser sur ce volet-là.

Un enfant allaité au biberon.

Un enfant allaité au biberon. 

PHOTOGRAPHIE DE Chris Rout / Alamy Banque d'Images

Dans les pays et régions étudiés, augmenter l’espérance de vie revient donc aujourd’hui à faire en sorte que les personnes âgées vivent plus longtemps. Les médecins ont beau avoir beaucoup progressé au cours du 20e siècle dans le traitement des maladies cardio-vasculaires, avec de meilleurs procédés opératoires et des médicaments adaptés, ils butent aujourd’hui sur le vieillissement. « Au fil des ans, les tissus cellulaires s’abîment jusqu’à ne plus fonctionner du tout. Et pour le moment, on n’y peut rien. Nos cellules neuronales, par exemple, ne se renouvellent jamais. Au bout d’un certain temps, notre cerveau finit par lâcher. Notre colonne vertébrale, aussi, s’effrite sous le poids des ans, sans possibilité de se régénérer. 

Certes, nous pouvons aujourd’hui remplacer des parties du corps défectueuses, comme dans une voiture. Mais ces « réparations » sont de moins en moins efficaces à mesure que l’on vieillit. « Le corps n’est simplement pas fait pour vivre au-delà d’un certain temps » insiste Stuart Jay Olshansky, l’auteur principal de l’étude, qui précise aussi que vivre toujours plus longtemps en soi n’est pas spécialement désirable. Encore faut-il le faire en bonne santé.

Un autre point mérite d’être souligné : à rebours des autres populations étudiées, les Américains ont quant à eux perdu des années d’espérance de vie à chaque nouvelle décennie entre 1990 et 2019. La faute, notamment, aux inégalités et aux conditions de vie des plus démunis. « Une grande partie de la population est pauvre, souffre d’obésité, sans accès à une alimentation correcte ni aux soins de santé. Et les populations pauvres augmentent plus rapidement que les riches » explique Stuart Jay Olshansky.

Dans tous les cas de figure, la fin est inéluctable. Et en l’absence d'une technologie miracle, pour prolonger la vie en bonne santé, rien ne vaut ces quelques habitudes maintes fois recommandées : faire du sport, manger sainement, ne pas fumer, boire peu d'alcool et aller voir régulièrement son médecin.

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