La cinquantaine, période de tous les défis de santé pour les femmes
Cette tranche d'âge est dominée par la ménopause et la chute des niveaux d'œstrogènes, ainsi que l'augmentation des risques de maladies cardiovasculaires, du diabète, du cholestérol et le développement de cancers.
La ménopause et les années qui la précèdent entraînent des changements dans presque tous les systèmes de l'organisme d'une femme. Les experts affirment qu'une priorité particulière pour les femmes dans la cinquantaine est de se concentrer sur leur santé cardiovasculaire et sur les dépistages du diabète, de l'hypertension artérielle et de l'augmentation des niveaux de cholestérol.
L'âge moyen pour la ménopause en France est de cinquante ans. La ménopause et les années qui la précèdent entraînent des changements à presque tous les niveaux de l'organisme féminin. Cependant, de nombreuses femmes sont surprises par les changements qui surviennent et s'interrogent sur la meilleure façon de les gérer.
« La majorité des femmes ne savent pas à quoi s'attendre avant que ça n'arrive », explique Asima Ahmad, endocrinologue, spécialiste de la reproduction et de la fertilité et médecin-chef de Carrot Fertility, en Pennsylvanie. « Quand les symptômes surviennent, elles ne comprennent pas complètement les différences entre la périménopause et la ménopause. »
On parle de ménopause quand une femme n'a pas eu ses règles depuis au moins un an. La périménopause, c'est ce qui mène à la ménopause, lorsque les femmes commencent à ressentir des symptômes liés à la décélération progressive de la production d'œstrogènes dans le corps.
« L'expérience sera un peu différente pour chacune », souligne Asima Ahmad. Le nombre médian d'années pendant lesquelles une personne est touchée par ces symptômes est de 7,4 ans, mais il peut aller jusqu'à quatorze à vingt ans pour certaines femmes. Plus important, il s'agit également d'une période de transformation clé pour la santé cardiaque et métabolique des femmes.
« La ménopause est une période inévitable, et je préfère la voir comme une fenêtre sur la santé cardiovasculaire à venir », explique Kathryn Lindley, cardiologue au Vanderbilt University Medical Center. Les femmes pourraient chercher des soins aux symptômes de périménopause et de ménopause, « mais c'est aussi à ce moment que les facteurs de risques cardiovasculaires commencent vraiment à croître », déclare Lindley. « On commence à voir la pression artérielle, le poids et les taux de glycémie et de cholestérol augmenter, et il y a vraiment une augmentation des risques de maladies cardiaques comme un infarctus, une défaillance cardiaque ou un accident vasculaire cérébral (AVC). »
Les infarctus peuvent être ressentis différemment chez les femmes et chez les hommes, alors il est important de se familiariser avec les symptômes d'un infarctus chez les femmes. Il y a cependant bien plus de risques de faire un AVC qu'un infarctus chez les femmes, alors retenez bien ces signes également.
Heureusement, il existe de nombreux traitements pour la majorité des symptômes de ménopause ou pour faire chuter les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires.
« Ce n'est pas comme si une seule chose allait fonctionner pour tout le monde », déclare Asima Ahmad. « Il faut parfois procéder par essais et même se tromper. Ce qui est vraiment important, en ce qui concerne les options de traitements, c'est de trouver le bon personnel de santé. »
De nombreuses femmes ont la chance d'être déjà à l'aise pour parler des symptômes de périménopause avec leur médecin traitant. Mais la société d'Ahmad, Carrot Fertility, a découvert l'année dernière qu'une femme sur trois interrogées déclarait n'avoir jamais abordé la question de la ménopause avec son médecin. Pourtant, entamer ces discussions dès le début serait salutaire, afin de pouvoir déterminer si votre médecin répondra à vos besoins.
« Si vous avez un médecin qui n'est pas à l'aise avec le fait de traiter une ménopause, ou si vous cherchez quelqu'un ayant plus d'expérience personnelle, alors il va falloir chercher quelqu'un au préalable », déclare Ahmad.
Malgré tous les changements auxquels les femmes dans la cinquantaine sont confrontées, il est utile de rappeler que cette période ne dure pas éternellement.
« J'essaie de faire comprendre à mes patientes que, pour la plupart des femmes, la périménopause est une période longue, mais limitée », explique Angela Wilson, gynécologue-obstétricienne au Montefiore Einstein Advanced Care. « À un moment donné, on arrive de l'autre côté et les choses commencent à se stabiliser un peu. »
TRAITER LA MÉNOPAUSE ET LA SANTÉ SEXUELLE
La première chose qui traverse l'esprit des femmes lorsqu'elles entendent le mot « ménopause », c'est « bouffée de chaleur ». Mais la périménopause et la ménopause peuvent inclure un éventail de symptômes beaucoup plus larges.
« On parle de changements dans les niveaux d'énergie et de fatigue, un brouillard cérébral et des difficultés de concentration, des difficultés à s'endormir et à rester endormie, de dépression, de changements dans la répartition des graisses dans le corps, une perte de cheveux, des changements cutanés et des changements dans la densité osseuse », explique Ahmad.
Les symptômes d'humeur peuvent résulter des autres symptômes ou se manifester indépendamment.
« La ménopause peut s'accompagner de nombreux symptômes émotionnels, tels qu'une irritabilité accrue et un risque accru de dépression et d'anxiété », explique Wilson. En outre, la perte d'œstrogènes dans l'organisme peut également entraîner une sécheresse vaginale, ce qui a des répercussions sur les rapports sexuels. Entre 17 et 45 % des femmes signalent des douleurs lors des rapports sexuels pendant cette période, et la sous-déclaration est importante sur ces sujets, de sorte que les chiffres pourraient être bien plus élevés. La sécheresse vaginale touche tout le monde », explique Wilson, « mais les femmes sont souvent surprises lorsqu'elles commencent à en souffrir ».
Toutes les femmes ne présentent pas l'ensemble de ces symptômes, mais ils sont communs à des millions de femmes.
Étant donné que de nombreux changements surviennent en raison de la diminution progressive d'œstrogènes dans l'organisme, l'hormonothérapie peut constituer une option thérapeutique importante. Malheureusement, l'interprétation erronée d'une étude influente réalisée en 2002 a entraîné des années de confusion, de désinformation et de craintes infondées au sujet de l'hormonothérapie. Il est vrai que l'hormonothérapie ne convient pas à toutes les femmes et qu'elle comporte des risques et des avantages, comme tout traitement, mais pour la grande majorité des femmes, les avantages l'emportent sur les risques tout au long de la cinquantaine.
Mais l'hormonothérapie n'est pas non plus une panacée. « Pour de nombreuses personnes, on combinera d'hormonothérapie à d'autres traitements », explique Ahmad. Il peut s'agir de lubrifiants vaginaux, de thérapies alternatives pour les bouffées de chaleur, comme les inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (ISRS) ou des changements de style de vie, comme le fait de porter des vêtements plus légers et de limiter les aliments qui accentuent vos symptômes.
Les symptômes cognitifs peuvent particulièrement inquiéter les femmes au début, surtout si elles ont des antécédents familiaux de démence. Alors, comment savoir si vos difficultés de concentration ou de mémorisation sont dues à la ménopause ou aux premiers signes d'une démence précoce ?
« Si cela affecte leur vie quotidienne, leur travail, leur vie de famille ou leur capacité à effectuer des activités quotidiennes, il y a peut-être un problème à régler », explique Jorge Ruiz, gériatre au Memorial Healthcare System à Hollywood, en Floride. « Si c'est gênant, mais que vous pouvez faire tout ce que vous avez à faire, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. »
Enfin, les femmes ménopausées commencent à perdre de la masse osseuse et musculaire tout en prenant de la graisse, explique Lindley. « Il est donc important de continuer à faire des exercices avec des poids et des charges, à la fois pour maintenir votre tonus musculaire et votre masse osseuse ». Mais il faut aussi être conscient du risque de blessure, ajoute-t-elle. Lindley recommande aux patientes d'utiliser des poids plus légers et de faire plus de répétitions pour réduire le risque de blessure, et certaines femmes devront certainement opter pour le vélo ou la natation au lieu de la course à pied pour leur santé cardiovasculaire.
Ahmad recommande de procéder à un examen de base de la densité minérale osseuse au début de la périménopause afin de pouvoir observer les changements qui commencent à se produire au fil du temps. Les femmes peuvent aussi renforcer la santé de leurs os en faisant de la musculation et en veillant à consommer suffisamment de vitamine D et de calcium.
SANTÉ CARDIOVASCULAIRE, MÉTABOLIQUE ET CÉRÉBRALE
Wilson explique que sa priorité, lorsqu'elle discute avec des femmes dans la cinquantaine, est de vérifier leur santé cardiovasculaire et d'effectuer des dépistages du diabète, de l'hypertension artérielle et des taux élevés de cholestérol.
« Je conseille à mes patientes d'examiner attentivement leur mode de vie à ce moment-là », explique Lindley. « Si vous ne faisiez pas d'exercice avant, il faut vous y mettre. Si vous ne mangiez pas bien avant, il va falloir changer de régime alimentaire ». Elle recommande typiquement un régime méditerranéen riche en fruits et légumes, en céréales complètes et en volailles, et pauvre en graisse, en sucres et en aliments transformés.
Bien que de nombreuses femmes soient au courant que la ménopause s'accompagne souvent d'un gain de poids, Wilson insiste sur le fait qu'il s'agit d'un changement global du métabolisme qui se produit dans leur corps. C'est pourquoi faire de l'exercice et manger sainement deviennent bien plus importants.
« Nous savons qu'un régime sain et de l'exercice peut contribuer au maintien d'une bonne santé cardiaque, alors même si la balance ne bouge pas, ces habitudes contribuent à maintenir notre taux de cholestérol, notre glycémie et notre tension artérielle et à prolonger notre espérance de vie », explique Lindley.
La santé cardiovasculaire est également inextricablement liée à la santé cérébrale, de sorte que le maintien d'une tension artérielle saine protège également le cerveau à long terme, selon Lindley.
Les modifications du mode de vie qui contribuent à maintenir la tension artérielle à un niveau bas consistent à éviter l'excès de sel dans l'alimentation, à faire de l'exercice régulièrement, à perdre l'excès de graisse et à traiter l'apnée du sommeil si elle a été diagnostiquée.
« Si ces modifications de style de vie ne permettent pas de ramener la tension artérielle à son niveau normal, il est très important de traiter avec des médicaments, car l'hypertension artérielle non traitée, même si vous vous sentez bien, a des effets cumulatifs assez graves sur votre cœur, votre cerveau et vos reins », explique Lindley.
DÉPISTAGE DES CANCERS
Les dépistages des cancers effectués au cours des décennies précédentes se poursuivent, avec un ou deux dépistages supplémentaires, en fonction des facteurs de risques :
1) Le dépistage du cancer du col de l'utérus se poursuit avec un frottis tous les trois ans, un test de dépistage du papillomavirus humain à haut risque (hrHPV) tous les cinq ans, ou les deux tous les cinq ans.
2) Le dépistage du cancer colorectal se poursuit par une coloscopie tous les dix ans ou par l'un des divers dépistages non invasifs mais non préventifs qui permettent de détecter un cancer du côlon à un stage précoce.
3) Le dépistage du cancer du sein par mammographie, ou éventuellement par IRM pour certaines populations, se poursuit tous les deux ans.
4) Le dépistage du cancer du poumon commence à l'âge de cinquante ans pour les personnes qui fument ou qui ont arrêté de fumer au cours des quinze dernières années et qui ont au moins vingt ans d'antécédents de tabagisme, par exemple un paquet par jour pendant vingt ans ou deux paquets par jour durant dix ans.
5) En ce qui concerne les cancers de la peau, April Armstrong, dermatologue à l'université de Californie à Los Angeles, conseille un examen tous les ans ou presque, car la cinquantaine est le moment où les lésions cutanées précancéreuses et cancéreuses peuvent commencer à apparaître, en particulier chez les patients ayant la peau claire.
BIEN-ÊTRE GÉNÉRAL ET VACCINATIONS
Malheureusement, la ménopause peut interférer avec un grand nombre de besoins fondamentaux en matière de bien-être, comme un bon sommeil et la gestion du stress. La prise de poids liée à la ménopause, par exemple, peut parfois conduire les femmes à développer une apnée obstructive du sommeil. Si vous ne vous sentez pas fraîche après une nuit complète de sommeil, si vous ronflez ou si vous vous réveillez avec des maux de tête, envisagez de faire évaluer votre apnée du sommeil.
Voici d'autres habitudes à prendre pour maintenir un bien-être général :
1) Demandez à votre ophtalmologiste à quelle fréquence vous devez vous faire examiner si vous ne présentez pas de symptômes ou si vous ne portez pas de verres correcteurs.
2) Continuer à pratiquer des détartrages et des dépistages dentaires deux fois par an.
3) Outre le vaccin contre la grippe saisonnière et le vaccin COVID, les adultes de cinquante ans et plus devraient se faire vacciner contre le zona afin de réduire le risque de contracter cette maladie, qu'une personne sur trois développera au cours de sa vie.
Les changements hormonaux de la ménopause peuvent également entraîner une sécheresse et une perte d'élasticité de la peau des femmes, ainsi qu'une accentuation des rides, explique Armstrong. Si vous n'avez pas encore commencé à utiliser un rétinol ou rétinoïde dans votre routine de soins du soir, c'est le moment de commencer à réparer certains des dommages causés par le soleil.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.