Le vaccin contre le zona pourrait réduire les risques de démence
Bien qu’il n’y ait encore aucun moyen de prévenir la démence, une nouvelle étude tend à prouver que le vaccin contre le zona pourrait prévenir certaines formes de démence.

Bien qu’il n’y ait encore aucun moyen de prévenir la démence, le vaccin contre le zona pourrait être une solution. Cette image obtenue par microscopie électronique à transmission montre le virus de la varicelle-zona (VZV), un virus de la famille des Herpesviridae, qui provoque la varicelle chez les enfants et le zona (herpes zoster) chez les adultes.
Le zona, une éruption cutanée virale, peut être incroyablement douloureux. La vaccination peut aider à prévenir l’infection mais une nouvelle étude montre que ce vaccin aurait un autre bienfait. Il pourrait réduire le risque de développer une démence.
En avril, une étude publiée dans la revue scientifique Nature a observé quels étaient les risques de développer une démence chez les adultes ayant reçu le vaccin, et chez ceux à qui on ne l’avait pas administré. Les chercheurs ont découvert que les personnes vaccinées contre le zona voyaient le risque de développer une démence diminuer de 20 %. Cette nouvelle étude fait partie d’un plus large corps qui lie la vaccination contre des infections comme le zona, la grippe et la pneumonie, à une diminution des cas de démence. Ce sont les explications de Paul Schulz, professeur de neurologie à l’université Texas Health Science Center de Houston, qui n’a pas pris part à la récente étude.
DÉVELOPPEMENT DE L’ÉTUDE
Selon l’initiative Demain Santé, 230 000 personnes sont touchées chaque année par un zona en France. Et, chaque année, la Haute autorité de santé estime que ce sont 2 600 personnes qui se retrouvent hospitalisées des suites des complications de la maladie. L’infection survient lorsque le virus de la varicelle, dormant chez les personnes l’ayant déjà contractée, se réactive.
La Haute autorité de santé recommande la vaccination des personnes âgées de plus de 65 ans, ainsi que celle des personnes immunodéprimées de plus de 18 ans. Ces vaccins préviennent l’apparition d’un zona chez 79,3 % de ceux l’ayant reçu, et diminuent également les douleurs qui suivent l’infection chez 87 % de la population vaccinée.
Pour ce qui est de la démence, c’est à peu près 40 % de la population française qui pourrait être amenée à développer une forme de démence au cours de la vie.
Ces dernières années, un grand nombre d’études a été publié et montrait un lien entre le vaccin contre le zona associé à un risque réduit de développer une forme de démence. Ces études avaient toutefois « toutes une limite fondamentale, les personnes se faisant vacciner étant très différentes de celles qui ne recevaient pas le vaccin », remarque Pascal Geldsetzer. Ce dernier est épidémiologiste et chercheur en santé publique au sein du département de médecine de l’université de Stanford, et l’un des auteurs de cette étude.
Les personnes choisissant de se faire vacciner ont le plus souvent accès à une mutuelle qui couvre les coûts de leurs soins médicaux et sont généralement plus soucieuses de leur santé. Tout ceci peut d’ores et déjà participer à la réduction des risques de développer une démence. De fait, il était difficile de déterminer si l’administration du vaccin contre le zona était liée à une réduction des risques de démence ou si un autre facteur pouvait être à l'œuvre.
Pour tenter d’éliminer les autres facteurs de cette étude, Pascal Geldsetzer et ses collègues ont profité du fait que, au Pays de Galles, les personnes nées avant le 2 septembre 1933 n’ont jamais été éligibles au vaccin contre le zona, tandis que les personnes nées après cette date l’étaient durant un an, après leurs 79 ans et avant leurs 80 ans. Parmi ces personnes moins de la moitié a reçu le vaccin. Cela a participé à la création d’une expérience naturelle : deux groupes de personnes similaires en termes d’âge, de lieu de vie et d’accès aux soins de santé ont ou n’ont pas reçu le vaccin, le facteur déterminant étant leur année de naissance.
Ce que les chercheurs ont découvert, c’est que les personnes nées après le 2 septembre 1933 qui se sont vu administrer le vaccin contre le zona avaient 20 % moins de risques de développer une forme de démence que les personnes ne s’étant pas fait vacciner. Afin d’éliminer tout autre facteur additionnel qui aurait pu jouer un rôle, les chercheurs ont examiné l’usage fait de l’accès aux soins de santé parmi les deux groupes, notamment le taux de vaccination contre la grippe, ainsi que la prise de traitements médicamenteux contre le cholestérol.
« Je pense que cela ne fait aucun doute, ce qu’ils ont découvert est véridique », déclare Paul Harrison, chercheur en psychiatrie à l’université d’Oxford. Le chercheur, bien que n’ayant pas pris part à la récente étude, a, lui aussi, mené des recherches similaires.
QUE NOUS DISENT CES DÉCOUVERTES
Les chercheurs souhaitent comprendre pourquoi le vaccin contre le zona pourrait conduire à un risque diminué de démence. « [L’une] des possibilités, c’est que le vaccin en lui-même pourrait déclencher une réponse immunitaire qui aide le corps à repousser, voire à inverser, le mécanisme derrière la démence », explique Maxime Taquet, maître de conférences en psychiatrie clinique à l'université d’Oxford, qui n’a pas pris part à la récente étude.
L’an passé, Maxime Taquet et Paul Harrison ont publié une étude dans la revue scientifique Nature Medicine, qui s’intéressait aux taux de démence chez les personnes ayant reçu une ancienne version du vaccin contre le zona, opposé à ceux qui se sont vu administrer un nouveau vaccin. Ils ont profité du fait que l’accès à ces vaccins avait rapidement changé aux États-Unis en octobre 2017. Grâce à cela, chaque personne recevait aléatoirement l’un des deux vaccins. Ils ont découvert que Shingrix, le nouveau vaccin, était associé à une diminution de 17 % des risques de démence, comparé à l’autre vaccin.
Bien que l’étude de l’an dernier ait mis en évidence un risque réduit grâce au nouveau vaccin par rapport à l’ancien, celle de cette année s’intéressait aux risques chez les personnes ayant reçu l’ancien vaccin comparé à celles qui n’en avaient reçu aucun. Les deux études s’accordent à dire que se faire vacciner contre le zona pourrait prévenir la démence.
L’absence de traitements pouvant prévenir l’installation précoce de la démence et le fait que très peu de traitements existent pour ralentir sa progression, un traitement pharmacologique, comme un vaccin, qui pourrait réduire les risques est un bond en avant significatif.
« Il s’agirait d’un outil bien plus efficace que tous les autres moyens pharmacologiques dont nous disposons déjà contre la démence », confie Pascal Geldsetzer.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.
